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Ce que propose l’Iran

par Alain Gresh, 12 septembre 2006

L’Institute for Science and International Security de Washington publie une traduction en anglais (mais un assez mauvais anglais) de la réponse apportée par l’Iran aux propositions du groupe des 5+1 (Etats-Unis, Russie, France, Royaume-Uni, et Chine, le cinq membres du Conseil de sécurité et l’Allemagne) concernant le nucléaire. L’Iran demande que soit reconnu son droit à l’énergie nucléaire civile et que l’on renonce à toutes les formes de pression contre lui, en échange de quoi il se déclare ouvert à la négociation. Dans le paragraphe 3 du texte, on peut lire qu’il faut lever les préoccupations des deux parties (Iran et 5+1) à travers « la négociation et la clarification » sur tous les problèmes en suspens, y compris l’enrichissement d’uranium.

Téhéran reproche à la proposition formulée par les 5+1 l’absence de référence à « des garanties irréversibles et irrévocables qui devraient être données » sur l’accès de Téhéran aux technologies nucléaires avancées, au savoir-faire et aux équipements. L’Iran vise ici notamment à empêcher certains (les Etats-Unis notamment) à utiliser leur législation nationale pour remettre en cause certaines exportations dans des domaines sensibles.

Le texte précise aussi qu’il « reste à régler la suspension du transfert du dossier iranien au Conseil de sécurité durant les négociations et la suspension par l’Iran de ses activités d’enrichissement à travers la négociation » En faisant cette ouverture sur la suspension des activités d’enrichissement, l’Iran fait un geste qui semble confirmé par les négociations en cours entre les représentants iranien et européen. Comme le note une dépêche de l’AFP du 11 septembre : « L’Iran a proposé, mais en posant des conditions strictes aux Nations unies, de suspendre pendant deux mois l’enrichissement de son uranium, ont indiqué des sources diplomatiques lundi en marge d’une réunion de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) à Vienne. Cette offre a été jugée insuffisante par les Etats-Unis qui réclament toujours des sanctions du Conseil de sécurité de l’Onu, toutefois le directeur de l’AIEA Mohammed ElBaradei a souligné, en misant sur des contacts Iran-Union européenne (UE), que "la négociation restait la meilleure option". Au cours des conversations ce week-end à Vienne pour tenter de permettre la reprise du dialogue et d’éviter des sanctions, le négociateur en chef iranien Ali Larijani a proposé au haut représentant de l’UE pour la politique extérieure, Javier Solana, "une suspension (de l’enrichissement) de deux mois", ont indiqué plusieurs sources. »

D’autre part, dans sa réponse aux 5+1, Téhéran s’affirme disposé à mettre en oeuvre volontairement, dans le cadre d’un accord avec l’AIEA, le protocole additionnel du Traité de non prolifération qui lui impose des contrôles beaucoup plus sévères de ses installations et facilités nucléaires. L’Iran d’autre part, s’engagera à ne pas abandonner le Traité de non prolifération, ce qui éviterait de se retrouver dans la situation de la Corée du Nord (ce pays a quitté le TNP, ce qui est parfaitement légal).

Téhéran exige aussi, non seulement de voir reconnaître son droit au nucléaire civil, mais suggère que « les parties occidentales qui veulent participer aux négociations annoncent en leur nom et celui des autres pays européens la mis de côté des politiques d’intimidation, de pression et de sanction contre l’Iran ». L’Iran se déclare prêt à une coopération globale et à long terme pour assurer la sécurité de la région et pour « jouer son rôle de membre actif de la communauté internationale ayant un rôle régional effectif à jouer ». C’est sans doute dans ce cadre qu’il faut comprendre la rencontre irako-iranienne, dont une dépêche de l’AFP du 12 septembre rend compte : « Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a assuré mardi que son pays apporterait "son aide pour rétablir une sécurité complète en Irak", à l’issue d’entretiens avec le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki, qui effectue sa première visite officielle en Iran. "L’Iran apportera son aide pour établir une sécurité complète en Irak car la sécurité de l’Irak est la sécurité de l’Iran", a déclaré M. Ahmadinejad lors d’une conférence de presse conjointe avec M. Maliki. »

Sur le nucléaire iranien, lire mon blog du 21 août, « Le retour du nucléaire iranien »

Conspiration

Les théories de la conspiration fleurissent en ce cinquième anniversaire des attentats du 11-Septembre. Une des réflexions les plus intéressantes est développée par le rédacteur du journal libanais Al-Akhbar, dans son éditorial du 11 septembre, intitulé « Conspiration et "vision conspirationiste" ».

« Ce qui est nouveau, écrit Joseph Samaha, en ce cinquième anniversaire est le succès relatif des "théories de la conspiration" parmi toutes tentatives d’explication de ce qui s’est passé le 11-Septembre. Bien sûr, de telles théories ont toujours existé sous des formes diverses depuis le premier jour. Mais quand 36% des Américains disent maintenant qu’ils croient que des officiels du gouvernement ont permis à ces attaques d’avoir lieu, ou que ces officiels étaient derrière ces attaques, cela est différent. C’est en soi une information. Cela signifie que les avocats de la théorie de la conspiration sont passés de la marge au centre. »

« On ne peut comprendre cela, explique Samaha, sans prendre en compte la tendance croissante de secteurs importants de l’opinion publique américaine et mondiale à mettre en doute l’administration Bush, qui se caractérise par sa faible crédibilité et sa propension au secret. Et comme il ne se passe pas un jour sans que les Américains ne découvrent un nouveau mensonge de leur administration, il est logique de recourir à des explications "illogiques" pour jeter le doute sur la version officielle des événements. »

Le journaliste prend exemple sur les soi-disant relations entre Al-Qaida et Saddam Hussein, maintes fois dénoncées après le 11-Septembre par l’administration Bush. Un long rapport d’un comité du Sénat vient d’infirmer ces affabulations (il ne semble pas que ce rapport soit déjà en ligne, on pourra lire les commentaires de presse) et surtout de démontrer que l’administration savait que ces liens n’existaient pas et a pourtant utilisé l’argument maintes fois. « Non, conclut Samaha, l’administration Bush n’a pas détruit les Twin Towers. Mais elle a détruit des pays et des nations sur la base de prétextes qu’elle savait faux. Les théories de la conspiration ne font de mal qu’à ceux qui y croient. Quant à au prix de la vraie "conspiration", il est payé par d’autres. »

Une situation désespérée

Un article du Washington Post du 11 septembre, intitulé« A dire situation in West Iraq » (Une situation désespérée dans l’ouest de l’Irak). Selon le quotidien,«  le chef du renseignement du corps des Marines en Irak a rédigé un rapport secret inhabituel dont la conclusion est que la perspective de rétablir la sécurité dans la province occidentale d’Al-Anbar sont faibles et qu’il n’y a pas grand chose que les militaires américaines peuvent faire pour améliorer la situation politique et sociale »... Le journal rappelle que la province comprend les villes de Ramadi et de Fallouja, s’étend de Bagdad aux frontières de la Syrie et de la Jordanie et est à majorité sunnite.

Alain Gresh

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