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Autour de l’exposition « Frontières » - 4/9

Nommer c’est exister ! (3)

par Philippe Rekacewicz, 23 décembre 2006

Pour conclure ces billets « Nommer c’est exister » (lire Nommer c’est exister ! et Nommer c’est exister ! (2)), j’ai choisi de présenter les travaux de Béatrice Collignon, maître de conférences à l’UFR de géographie de l’université de Paris I Panthéon-Sorbonne, qui nous montre à travers divers ouvrages (voir ci-dessous) comment les Inuit du Canada nomment les lieux et de quelles valeurs ils les investissent.

« En fouillant la tradition orale et en observant les pratiques quotidiennes (chasse, pêche, déplacements), écrit-elle, on découvre un savoir géographique subtil et une pratique du territoire qui n’est pas seulement une affaire de survie, mais aussi l’expression de l’épanouissement d’une culture. »

Culture malmenée, voire niée par la colonisation britannique puis canadienne. Aujourd’hui, dans leur combat pour se faire reconnaitre, les Inuits se réapproprient leur territoire, entre autres en réhabilitant leur propre toponymie et en la faisant inscrire sur les cartes officielles du Canada à côté - voire en lieu et place - des dénominations anglaises héritées de la période coloniale.

Béatrice Collignon décrit l’ambiance d’une des réunions de travail qui s’est tenue en août 2003 avec les Inuit du village d’Holman (Territoires du Nord-Ouest) : «  (...) La réunion baignait dans une atmosphère de grande gaieté. Le partage du savoir y était pour beaucoup. Mais il y avait aussi une réelle excitation - comme en témoignent les images filmées au cours de la réunion - liée à la fierté de voir, concrètement, les toponymes inuinnait se substituer sur la carte au vide omniprésent - symbole du "désert blanc" - et aux quelques toponymes allochtones. Il s’agissait bien d’une victoire, culturelle mais aussi politique. »

Lieux nommés selon la toponymie inuit dans les régions couvertes par une carte à l’échelle 1:50 000 e (779 lieux)

Lire

 Les toponymes inuit, mémoire du territoire, Anthropologie et Sociétés, Mémoires du Nord, volume 26, numéros 2- 3, 2002 (accès gratuit).

 Recueillir les toponymes inuit, pour quoi faire ?, Études/Inuit/Studies, Espaces-Lieux-Noms, Volume 28, numéro 2, 2004 (accès payant).

 Les Inuit, ce qu’ils savent du territoire, Géographie et cultures - Etudes culturelles et régionales , L’Harmattan, Paris, 1996 (en français).

 Knowing places, CCI Press, University of Alberta, Edmonton (University of Alberta), 2006 )

Voir

Des noms de lieux à la carte en pays inuit, Atelier Géo-vidéo, UFR de Géographie, U. Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Paris, 15’, 2005. Disponible sur demande ici

Distribution spatiale des 133 toponymes inuits mentionnés dans au moins un recueil de tradition orale et/ou dont la signification se réfère directement à un événement particulier

Philippe Rekacewicz

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