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Les musulmans français sous surveillance

par Alain Gresh, 20 juin 2008

Je n’ai pas l’habitude de réagir rapidement à une information. Pourtant, celle révélée par Isabelle Mandraud dans Le Monde du 20 juin, dans son article « Les surprises de la fusion entre les Renseignements généraux et la DST » mérite d’être largement diffusée.

Evoquant la fusion entre les renseignements généraux et la Direction de la sécurité du territoire, la journaliste écrit : « Comme prévu, les Renseignements généraux (RG) se scindent en deux : une partie de leurs effectifs fusionne avec la DST pour former le renseignement intérieur (RI), une autre rejoint la nouvelle sous-direction de l’information générale (SDIG) au sein de la sécurité publique. Doucement, le partage des missions et des effectifs s’opère, dans le cadre de la réforme mise en oeuvre par Michèle Alliot-Marie, ministre de l’intérieur. Aux uns, le renseignement en milieu "fermé", la lutte contre terrorisme et la protection des intérêts économiques, aux autres, la surveillance, en milieu "ouvert", des violences urbaines, les sans-papiers, l’environnement, les voyages officiels... »

Mais la surprise est ailleurs :

« Deuxième innovation : si l’islam traditionnel, comme toutes les religions, reste du domaine de la SDIG, tandis que l’islam radical est du ressort du RI, la future direction centrale du renseignement intérieur pourra, quand elle l’estime nécessaire, et sans prévenir, intervenir dans tous les domaines. »

Si l’on comprend bien, le Renseignement intérieur (c’est-à-dire l’ancienne DST renforcée) pourra, quand il l’estime nécessaire, surveiller, infiltrer, interroger des musulmans ou des organisations ou des mosquées dont la pratique pourrait lui déplaire. Si cette interprétation était avérée, elle marquerait un tournant dans les pratiques sécuritaires en France. Cela n’est peut-être pas si étonnant à l’heure où le Livre Blanc brouille les frontières entre défense nationale et sécurité intérieure.

Alain Gresh

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