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Les hackers dans la cité arabe

par Alain Gresh, 5 février 2013

Un projet stimulant, porté par deux jeunes journalistes françaises, Sabine Blanc (qui a écrit en juin dernier une enquête remarquée sur les « fab labs » — « Demain, des usines dans nos salons ») —, et la photographe Ophelia Noor, sa complice rencontrée lorsqu’elles travaillaient toutes deux pour le site Internet Owni.fr.

Elles veulent partir faire un reportage multimédia au long cours dans les hackerspaces du monde arabe, de l’Algérie au Liban, afin de rendre compte de l’inventivité et de la formidable activité de réappropriation de la technologie qui se déroule autour de l’informatique, des réseaux sociaux, et plus généralement des questions de cyberpouvoir.

S’il est évident que Facebook n’a pas été le moteur des révoltes arabes, le rôle d’Internet et des téléphones mobiles dans la mobilisation n’a pas été négligeable (lire le passionnant livre d’Yves Gonzalez-Quijano, Arabités numériques, chez Actes Sud). Les pouvoirs, en tout cas, en ont pris conscience, qui tentent à grand peine de les censurer, comme on l’a vu en Egypte lors de la chute de Moubarak, et comme on le voit aujourd’hui dans nombre de pays — et pas seulement dans le monde arabe. Ces régimes emploient aussi toutes les technologies à leur disposition pour surveiller les communications et analyser les réseaux d’opposition. Autant de sujets qui passionnent ces « bidouilleurs » qui se retrouvent, dans les capitales comme dans certaines petites villes de province, pour reprendre une part de contrôle, et inventer l’avenir.

Les débats sur la constitution d’un espace politique post-révolutions, sur la propriété intellectuelle et le logiciel libre, sur l’ouverture au public des données publiques, sur les nouvelles entreprises qui peuvent se créer dans ces secteurs, sont aussi de ceux qui agitent ces groupes, et portent en germe l’avenir de ces sociétés.

Si vous voulez comme moi soutenir ce projet de reportage, dont Le Monde diplomatique rendra compte dans ses pages, rendez-vous sur la page de ce projet, qui fait un appel au financement par les internautes.

Alain Gresh

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