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Brésil — Religions

Quinze cartes pour comprendre les changements religieux au Brésil

Au mois de juillet 2013 se sont tenues les Journées mondiales de la jeunesse (JMJ) à Rio de Janeiro. C’était l’occasion toute trouvée de mettre à jour l’Atlas des appartenances religieuses au Brésil (Atlas da Filiação Religiosa e Indicadores Sociais no Brasil) publié en 2003 par l’Université catholique de Rio de Janeiro (PUC-Rio). Alors que cette première publication faisait appel au recensement démographique réalisé par l’Institut brésilien de géographie et de statistique (IBGE) en 2000, la mise à jour fait appel aux données disponibles les plus récentes, celles du recensement démographique de 2010 (publiées en 2012). Le territoire étudié est l’ensemble du Brésil, découpé en 558 microrégions géographiques.

par Dora Rodrigues Hees, Cesar Romero Jacob & Philippe Waniez, 25 novembre 2013

Si les principaux traits de l’implantation religieuse sont déjà connus, il est utile — à la lumière de ces nouvelles données — de préciser quelles sont les régions où certaines religions ont renforcé leurs positions et celles où leur place a été contestée au cours des dix-neuf années qui séparent les recensements démographiques de 1991 et de 2010. Ces deux recensements sont comparables, en particulier sur le plan de la nomenclature des religions utilisée par l’IBGE.

Carte administrative du Brésil

Au cours de ces deux dernières décennies, le Brésil a profondément changé et les pratiques religieuses n’ont pas échappées à ce mouvement. Par exemple, les pentecôtistes sont passés de 5,6 % à 13,3 %, avec de notables changements au sein même de ce groupe assez fragmenté. Cette analyse s‘attache moins aux mouvements conjoncturels qu’au changements de fond.

Petite géographie des religions du Brésil

Les recensements démographiques de 1991, 2000 et 2010 font appel à une nomenclature assez détaillée pour enregistrer la religion déclarée par chaque personne. Les grands groupes religieux ont évolués de la manière suivante :

Répartition des grands groupes religieux (nombre de fidèles)
Source : IBGE, Recensements démographiques.
Répartition des grands groupes religieux (%)
Source : IBGE, Recensements démographiques.
Répartition des grands groupes religieux (%)
Source : IBGE, Recensements démographiques.

La stagnation de l’Eglise catholique

En 2010, les catholiques représentent près de 124 millions de personnes. Il s’agit essentiellement des catholiques appartenant à l’Eglise catholique apostolique romaine, mais aussi de ceux de l’Eglise catholique apostolique brésilienne (561 000 personnes) et des catholiques orthodoxes (132 000 personnes). De 2000 à 2010, alors que la population brésilienne a augmenté de près de 21 millions de personnes, L’Eglise catholique a perdu plus d’un million de croyants. La décroissance est régulière depuis au moins les années 1970 où près de 92 % de la population se déclarait catholique contre seulement 65 % en 2010 ! Malgré la stagnation de ses effectifs, l’Eglise catholique apostolique romaine demeure une religion solidement implantée sur tout le territoire national, aussi bien dans les capitales des Etats que dans les régions de l’intérieur.

La carte de la population catholique est à peu de chose près celle de la population en général. Avec au moins 80 % des habitants, deux grandes régions demeurent massivement catholiques. La région Nord-Est, et plus particulièrement les microrégions de l’intérieur affichent des pourcentages souvent supérieurs à 85 %, notamment dans le Sertão ; plus au Sud, la majeure partie du Minas Gerais demeure catholique à plus de 75 %. L’intérieur de Santa Catarina, du Paraná et du Nord du Rio Grande do Sul forment le second bastion catholique. Dans ces deux cas, les microrégions des capitales apparaissent toujours avec des pourcentages inférieurs à celles des microrégions de l’intérieur : l’urbanisation n’est donc pas un facteur favorable au maintien d’une population exclusivement catholique.

Le mouvement démographique de la population catholique (la décroissance) est inverse à celui de l’ensemble de la population brésilienne (forte croissance). Il n’est donc pas étonnant de voir cette religion s’effondrer dans nombre de régions en forte croissance démographique, que ce soient les grandes métropoles du pays, à commencer par São Paulo et Rio de Janeiro, mais aussi les franges pionnières du Centre-Ouest et de l’Amazonie.

Les dynamiques démographiques en cours au Brésil apparaissent ainsi très défavorables à l’Eglise catholique. Elle ne progresse nulle part, et ne se maintient que dans les régions qui stagnent. Si l’on prolongeait les courbes sur les vingt prochaines années, on pourrait raisonnablement prédire que les catholiques représenteraient en 2030 la moitié seulement, voire moins, de la population totale du Brésil.

Les évangéliques de missions

Ce sont des protestants traditionnels d’origine européenne qui se sont implantés au Brésil directement, ou via les Etats-Unis : luthériens, presbytériens, méthodistes, baptistes, congrégationalistes, adventistes, anglicans, mennonites… Leur importance au Brésil n’a jamais atteint 5 % de la population et elle stagne depuis les années 1980 entre 3 et 4% de la population totale, ce qui signifie néanmoins que, par rapport aux catholiques dont le nombre décroît, celui des évangéliques de mission s’accroît en passant de 4 millions en 1980 à 6,7 millions en 2010, soit presque un doublement des effectifs en trente ans.

Les évangéliques de mission sont dispersés dans l’ensemble du Brésil et leur nombre est significatif avant tout dans les capitales. Ailleurs, on les trouve bien implantés dans le Paraná, au Nord de Santa Catarina et dans le Nord-Est du Rio Grande do Sul (ancienne émigration allemande), et au Sud de Bahia et dans l’Etat de Espírito Santo.

En 2010, les évangéliques de missions occupent une place importante en Amazonie puisqu’ils représentent souvent plus de 10 % des habitants. Enfin, on note leur quasi absence dans le Sertão.

L’évolution de la répartition géographique des évangéliques de mission entre 1991 et 2010 suit une double logique : ils progressent dans la majeure partie du Brésil, mais régressent dans le Sud du pays où se trouve cependant une partie de leurs bastions.

Les effectifs en jeu sont toujours faibles, mais dans les régions de mission, notamment en Amazonie, leur poids tend à s’accroître. La carte donne une impression exagérée de leur expansion en Amazonie, surtout en raison de la superficie des microrégions. Dans le Sud-Est et à Bahia en revanche, la progression apparaît bien réelle et va ici dans le sens d’un renforcement de leur présence.

Les évangéliques de mission font donc preuve d’un certain dynamisme, à la fois dans l’Ouest et dans le Nord avec des communautés de faibles effectifs, mais aussi dans le Sud-Est avec une présence plus marquée. Mais ils sont en perte de vitesse dans les Etats du Sud.

L’expansion des évangéliques pentecôtistes

Avec la poursuite du déclin catholique, l’essor du pentecôtisme est le second fait marquant dans la dynamique religieuse du pays. De 1980 à 2000, leur nombre doublait à chaque recensement. Les récents résultats ont pu faire croire que cette progression spectaculaire avait ralenti entre 2000 et 2010 avec un gain de « seulement » 7,8 millions de fidèles, qui, rapporté aux effectifs observés en 2000, réduirait à 44 % le gain intercensitaire. Un examen plus attentif des résultats de 2010 montre plus subtilement l’évolution.

La catégorie « évangéliques non déterminés » est passée, entre 1991 et 2010, de 581 000 personnes à plus de 9 millions ! Ces « non déterminés » ne peuvent pas être des évangéliques de mission dans la mesure où ils savent à quelle confession traditionnelle et ancienne ils appartiennent. Si ces évangéliques non déterminés étaient des évangéliques de mission, ils seraient plus nombreux que les évangéliques de mission effectivement dénombrés par le recensement (9,2 millions contre 7,7 millions). Sachant que les nouvelles religions protestantes émanent généralement du tronc commun pentecôtiste sans que cela soit toujours explicité par les évangélisateurs, on peut estimer qu’une partie importante des évangéliques non déterminés est constituée de pentecôtistes appartenant à des églises nouvelles ne figurant pas dans la liste proposée par les agents recenseurs de l’IBGE. Dans tous les cas, leur nombre renforce l’importance des nouvelles églises évangéliques.

Les 25,4 millions d’évangéliques dûment enregistrés comme pentecôtistes par le recensement de 2010 sont principalement implantés dans les grandes villes du Brésil. Toutes les capitales des Etats de la Fédération sont concernées, avec des effectifs souvent supérieurs au demi-million de personnes : un peu plus de 1,8 million à Rio de Janeiro et un peu moins à São Paulo, 0,7 à Belo Horizonte, proche de 0,5 million à Belém, Manaus, Fortaleza, Recife, Brasília, Goiânia et Curitiba.

Ces pôles de force du pentecôtisme ne signifient cependant pas que ce mouvement se limite aux capitales. Par exemple, l’intérieur de l’Etat de São Paulo, l’Est de Bahia, l’Ouest du Maranhão et l’Est du Pará sont aussi concernés. De même qu’avec les évangéliques de mission, la carte du pourcentage des pentecôtistes dans la population totale tend à exagérer leur importance dans l’Ouest du pays où les effectifs demeurent faibles. Bien plus significatif apparaît leur positionnement dans les Etats de São Paulo, de Rio de Janeiro, do Goiás et du District Fédéral. En Amazonie, Belém et l’Est du Pará affichent des pourcentages qui dépassent souvent 24 % de la population totale (24,2 % à Belém).

La carte montre le renforcement du pentecôtisme dans l’ensemble du pays. Les espaces peu denses d’Amazonie font souvent apparaître des taux de croissance très élevés ; mais ils sont peu significatifs car les effectifs en jeu étaient très faibles en 1991.

… Et ceux qui se sont déclarés sans religion

Le nombre des personnes sans religion résulte de l’addition des trois sous-catégories : athée (615 000 personnes), agnostique (124 000 personnes) et sans religion (15,6 millions personnes). Etre sans religion au Brésil n’apparaît donc pas comme l’affirmation d’une conviction, mais plutôt comme un état de fait. Cela donne l’avantage à l’interprétation de l’accroissement du nombre de personnes sans religion comme résultant d’un genre de désaffiliation religieuse, plutôt que du progrès d’une contestation des églises anciennes ou nouvelles. Cette progression s’est faite d’abord rapidement : 1,6 % en 1980, 4,7 % en 1991 et 7,4 % en 2000. Mais elle a nettement fléchi d’après les valeurs calculées pour 2010 : 8 %. La désaffiliation religieuse, si c’est bien de cela qu’il s’agit, marque donc le pas.

La répartition géographique des personnes sans religion s’accorde avec celle des principaux centres urbains. Ce qui est original, c’est leur forte implantation relative dans les régions Centre-Ouest et Nord.

Il s’agit de régions pionnières plus ou moins consolidées, avec des populations souvent déracinées, et parfois même d’espaces à « forte criminalité ». La désaffiliation religieuse s’y est progressivement installée à la faveur de l’expansion des fronts pionniers.

Ces nouveaux habitants ont été séduits par le discours de pasteurs protestants ; une autre demeure hors circuit religieux. Ceci explique sans doute la ressemblance des cartes, sachant que, dans les deux cas, les effectifs restent modestes par rapport à ceux des grandes villes.

La « galaxie » pentecôtiste

La table de codification des religions utilisée par l’IBGE pour le recensement démographique de 2010 compte seize églises pentecôtistes différentes. A cela s’ajoute un groupe intitulé « autres églises évangéliques d’origine pentecôtiste » qui regroupe cinq églises différentes... L’une d’elle, l’Eglise universelle des fils de Dieu (Igreja Universal dos Filhos de Deus), ne compte que 288 fidèles enregistrés, alors que pour cette catégorie, le recensement affiche 4 275 560 fidèles ! Ainsi le pentecôtisme, tout en affichant une très bonne santé démographique avec une progression de 5,6 % de la population totale en 1991 à 13,3% en 2010, dans un contexte général de forte croissance démographique, apparaît très éclaté lorsqu’il s’agit d’identifier l’appartenance des individus à l’une ou l’autre de ces nouvelles religions. C’est ce qui explique le gonflement de la catégorie « évangélique non déterminé » avec 9,2 millions de personnes (même si elle ne concerne pas seulement les pentecôtistes).

Mais il faut relativiser cette impression de dispersion exagérée car elle ne concerne en fait que 23 % des personnes qui se déclarent pentecôtistes. L’ensemble de ce groupe religieux est dominé par la tendance historique, l’Assemblée de Dieu (Assembleia de Deus), qui rassemble 48,5 % des fidèles.

Répartition des pentecôtistes selon les principales églises
Source IBGE : Recensements démographique

Suivent trois églises avec un poids compris entre 7 % et 9 % : la Congrégation chrétienne du Brésil (Congregação Cristã do Brasil), l’Eglise universelle du royaume de Dieu (Igreja Universal do Reino de Deus), l’Evangile carré (Evangelho Quadrangular). Dieu est amour (Deus é amor) et Maranata n’atteignent pas 5 % de l’effectif total.

L’Assemblée de Dieu (Assembleia de Deus)

Principale église pentecôtiste, l’Assemblée de Dieu compte plus de 12 millions de fidèles, soit 48,5 % des pentecôtistes du Brésil en 2010. Après une croissance forte entre 1991 et 2000 (+17,7 % dans la population pentecôtiste), elle progresse modestement entre 2000 et 2010 (+1,03 %). Mais le nombre de ses fidèles augmente considérablement, atteignant près de 10 millions de personnes en raison de l’accroissement démographique du Brésil.

L’Assemblée est présente dans tous le pays et sa répartition géographique suit, dans les grandes lignes, celle du peuplement avec un ancrage fort dans les capitales. Parmi les fidèles pentecôtistes, on observe sa nette domination dans la moitié Nord du pays, depuis le Nord-Est jusqu’à l’Amazonie.

Dans la majeure partie des microrégions, l’Assemblée représente plus de 50 % des fidèles pentecôtistes, et parfois bien plus, comme dans le Maranhão où leur poids dépasse 75 % (85 % à 90 % sur le littoral du Maranhão, mais « seulement » 61,6 % à São Luís). Dans la majeure partie de la moitié Sud, les pourcentages sont moins élevés, tout en restant importants, généralement entre 25 % et 50 %. Trois exceptions doivent être cependant soulignées. Dans l’Etat de Rio de Janeiro, et singulièrement dans la région métropolitaine, l’Assemblée représente plus de la moitié des pentecôtistes. Le Nord-Est de Santa Catarina est également une zone de force : 61 % à Joinville et 55,2 % à Blumenau. C’est aussi le cas du Nord-Ouest du Rio Grande do Sul avec 59,9 % à Ijuí par exemple. Enfin, dans l’Etat de São Paulo, son implantation apparaît modeste, sans doute en raison de la concurrence que lui opposent les autres églises pentecôtistes.

La carte de l’évolution 1991/2010 souligne les principales régions de progression de l’Assemblée durant cette période, à commencer par le Pará dans son ensemble, le Maranhão et le Tocantins.

D’une façon générale, l’Amazonie est pour l’Assemblée un territoire de mission qui donne de bons résultats. Cependant, on observe une stagnation, voire une régression à Santa Catarina et dans le Rio Grande do Sul où elle perd de son influence dans de nombreuses microrégions. Sans doute s’agit-il encore du résultat de l’émergence d’autres églises pentecôtistes, voire d’autres formes de religiosité.

L’Assemblée de Dieu jouit donc d’une implantation nationale et bénéficie d’une bonne dynamique. Elle est très bien implantée dans les régions fortement pentecôtistes, mais aussi dans celles qui ne le sont pas. Autrement dit, elle semble remplir une fonction missionnaire dans des régions a priori moins favorables comme le Nord-Est ou le Rio Grande do Sul.

La Congrégation chrétienne du Brésil (Congregação Cristã do Brasil)

Loin derrière l’Assemblée de Dieu, la Congrégation chrétienne du Brésil arrive en deuxième position avec près de 2,3 millions de fidèles, soit 5,4 fois moins ! Depuis 1991, l’histoire de la Congrégation est une chronique du déclin : 20 % des pentecôtiste en 1991, 14 % en 2000, 9 % en 2010. Entre 2000 et 2010, elle a même perdu près de 200 000 fidèles, et cela dans un contexte général de croissance démographique.

La Congrégation chrétienne du Brésil n’a jamais été une église de niveau national. Son aire d’extension principale est limitée à l’Etat de São Paulo et au nord du Paraná où elle est sans doute la principale concurrente de l’Assemblée de Dieu.

A partir de son foyer initial (son lieu de culte central est situé à São Paulo, dans le quartier de Brás), elle a progressé dans l’intérieur de l’Etat et a ensuite débordé sur le Nord du Paraná, le Mato Grosso do Sul et le Mato Grosso. Ses deux plus fortes implantations sont dans les microrégions de São Paulo (255 000 fidèles) et de Curitiba (75 000 fidèles). On la trouve également dans le Minas Gerais et à Bahia.

Entre 1991 et 2010, la Congrégation perd du terrain partout où elle était bien implantée, même dans ses bastions de São Paulo et du Paraná. De plus, elle ne se développe pratiquement pas ailleurs. Ce processus de repli relativement rapide est parfaitement visible sur la carte de l’évolution.

Sur l’essentiel du pays, elle perd de son influence, notamment à São Paulo. Et ce ne sont pas les modestes progrès enregistrés dans l’Etat d’Amazonas et dans quelques autres microrégions qui contredisent ce qui ressemble à un « assèchement progressif... »

L’église universelle du royaume de Dieu (Igreja Universal do Reino de Deus)

Troisième église pentecôtiste du pays, l’Eglise universelle du royaume de Dieu (IURD) apparaissait dans les années 2000 comme un phénomène incontournable du changement religieux dans le pays. En effet, de 3,3 % du mouvement pentecôtiste en 1991, l’IURD en représentait près de 12 % en 2000 soit un gain de 1,8 million de fidèles. Avec le recensement de 2010, les observateurs de la sociologie religieuse du Brésil doivent réviser leurs thèses : l’IURD a perdu près de 230 000 fidèles entre 2000 et 2010. La success story a perdu de ses couleurs, même si elle reste un élément important du paysage religieux brésilien.

En 1991, l’IURD était fortement implantée en quelques endroits seulement, notamment à Rio de Janeiro, Salvador et Recife. Mais elle était absente de la majeure partie du pays. A partir de ces foyers initiaux, elle s’est largement diffusée dans le pays, mais avec une importance qui dépasse rarement 8 % de l’ensemble des pentecôtistes

Dans les régions de l’intérieur des Etats, elle demeure très minoritaire chez les pentecôtistes. C’est bien un « déploiement national », mais de relativement faible amplitude. L’influence de l’IURD apparaît en progression quasi générale malgré quelques régressions significatives à Rio de Janeiro, Salvador et Recife, c’est-à-dire précisément dans ses foyers originaux.

Multiplication des petites églises

L’expansion pentecôtiste apparaissait comme le moteur du changement religieux au Brésil durant la décennie 1991-2000. De 2000 à 2010, c’est toujours un phénomène majeur car les églises pentecôtistes ont gagné 2,9 % dans l’ensemble de la population brésilienne.

Mais les progrès du pentecôtisme semblent avoir changé de nature. De 1991 à 2000, les cinq premières églises absorbaient l’essentiel de la croissance, ce qui avait pour effet de concentrer les effectifs sur les églises les plus importantes, et notamment l’Assemblée de Dieu. Au cours de la période suivante, on assiste au contraire à une nouvelle dispersion des effectifs. Les principales églises voient leur poids relatif stagner et leurs effectifs parfois diminuer (c’est le cas de la Congrégation chrétienne du Brésil et de l’Eglise universelle du royaume de Dieu).

Dans l’accroissement démographique de la famille pentecôtiste, soit 7,4 millions de personnes, seuls 4,1 millions appartiennent aux principales églises. Le groupe « autres » est passé de 13,3 % des pentecôtistes en 2000, à 23,2 % en 2010.

Dans ce contexte, les grandes églises sont perdantes. Le Brésil est entré dans une phase de déconcentration des églises pentecôtistes qui s’explique par la multiplication des petites églises. On peut même se demander si les principales églises pentecôtistes, concurrencées par des religiosités plus attractives et mieux en adéquation avec la demande sociale et les espérances des fidèles, ne connaîtront pas un sort semblable à celui qui, autrefois, a provoqué le déclin de l’église catholique au Brésil... Le recensement démographique de 2020 devrait affirmer ou démentir cette hypothèse qui ne s’appuie que sur une simple projection des tendances observables avec les seules données disponibles sur ce sujet sur la plan national…

Dora Rodrigues Hees, Cesar Romero Jacob & Philippe Waniez

Philippe Waniez, géographe, est professeur à l’Université de Bordeaux.
Cesar Romero Jacob, politologue, est professeur à l’Université catholique de Rio de Janeiro (PUC-Rio).
Dora Rodrigues Hees, géographe, est professeure à l’Université catholique de Rio de Janeiro (PUC-Rio)

Autres travaux des auteurs sur les religions au Brésil

  • « Les musulmans au Brésil : éléments pour une géographie sociale » par Philippe Waniez, Atelier Islam en Lusophonie du XIVe congrès de l’Association française pour l’étude du monde arabe et musulman, AFEMAM, Bordeaux-Talence, 6-8 juillet 2000.
  • « Os recenseamentos demográficos : uma fonte de informação sobre a filiação religiosa no Brasil » par Philippe Waniez, Violette Brustlein et Dora Rodrigue-Hees, Revista Europea de Información y documentación sobre América Latina (REDIAL), n°8-9, 2001, pp. 5-22.
  • « Geografia da filiação religiosa no Brasil. » par par Philippe Waniez, Violette Brustlein et Dora Rodrigue-Hees, Cesar Romero Jacob, M. Pereira et Maria Clara Luchetti Bingemer, Magis, n°1, Agosto 2002, pp. 199-228.
  • « Atlas da filiação religiosa e indicadores sociais no Brasil », par Philippe Waniez, Violette Brustlein et Dora Rodrigue-Hees, Cesar Romero Jacob, Ed. PUC & Loyola, Rio de Janeiro, 2003, 240 p.
  • « Déclin du catholicisme et changements religieux au Brésil. Ce que dit le recensement démographique de 2000 » par Philippe Waniez, Violette Brustlein et Dora Rodrigue-Hees, Cesar Romero Jacob, Problèmes d’Amérique Latine, nº 52, 2004, Paris.
  • « Território, cidade e religião no Brasil (Territoire, ville et religion au Brésil) », par Philippe Waniez, Violette Brustlein et Dora Rodrigue-Hees, Cesar Romero Jacob, Religião & Sociedade, volume 24, n°2, Rio de Janeiro, 2004, pp. 126-151.
  • Religião e sociedade em capitais brasileiras (Religion et société dans les capitales brésiliennes), par Philippe Waniez, Violette Brustlein et Dora Rodrigue-Hees, Cesar Romero Jacob, Editions PUC-Rio & Loyola, Rio de Janeiro & São Paulo, 2006.
  • « As transformações religiosas no Brasil (Religious changes in Brazil) », par Philippe Waniez, Violette Brustlein et Dora Rodrigue-Hees, Cesar Romero Jacob, in Cultura Brasileira, Reflexões, Análises e perspectivas, 2007, Rio de Janeiro, Editora Desiderata (édition bilingue), pp. 105-115.

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