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« Terrorisme »

par Alain Gresh, 31 août 2006

Définition du terrorisme. Tiré de Alain Gresh et Dominique Vidal, Les Cent clés du Proche-Orient, Hachette, Paris, 2006.

Sur un des moteurs de recherche les plus courants d’Internet, le mot « terrorisme » renvoie, à la fin 2005, à 5 500 000 documents et l’adjectif « terroriste » à 2 050 000. Ce record le confirme : depuis les attentats du 11 septembre 2001 à New York et Washington, le phénomène occupe une place absolument centrale dans la vie internationale. Les opérations attribuées à Oussama Ben Laden et à son groupe Al-Qaida marquent même la naissance d’un « hyperterrorisme » transnational, étape qualitativement nouvelle dans la montée en puissance de formes d’action répandues de longue date, mais qui ont connu une recrudescence spectaculaire depuis la fin de la gestion bipolaire des relations internationales par Washington et Moscou, qui s’efforçaient alors de maintenir l’ordre, chacun dans son camp. Le fait que les actions d’Al-Qaida ne soient plus directement liées à un conflit précis – Palestine, Cachemire, etc -, constitue un trait nouveau de ce mouvement, par rapport aux mouvements qui ont utilisé le terrorisme comme forme d’action, de la Palestine à l’Irlande du Nord en passant par le pays Basque espagnol.

Comme l’écrit Ignacio Ramonet dans Le Monde diplomatique (décembre 2001), les attentats du World Trade Center ont inventé un terrorisme de type nouveau. Chacun comprend qu’on a désormais affaire à un terrorisme global. Global dans son organisation, mais aussi dans sa portée et ses objectifs. Et qui ne revendique rien de très précis. Ni l’indépendance d’un territoire, ni des concessions politiques concrètes, ni l’instauration d’un type particulier de régime. Même l’agression du 11 septembre n’a toujours pas été officiellement revendiquée. Cette nouvelle forme de terreur se manifeste comme une sorte de châtiment ou de punition contre un « comportement général », sans plus de précision, des États-Unis et plus largement des pays occidentaux. Aussi bien le président George W. Bush, parlant - avant de se rétracter - de « croisade », que M. Ben Laden ont décrit cet affrontement en termes de choc de civilisations, voire de guerre de religion : « Le monde s’est scindé en deux camps, a affirmé M. Ben Laden, un sous la bannière de la croix, comme l’a dit le chef des mécréants Bush, et l’autre sous la bannière de l’islam. »

Cette volonté de réduire les conflits de la planète au choc violent des civilisations correspond bien à la volonté délibérée de l’administration de George W. Bush de justifier le nouveau cours de la politique extérieure des États-Unis. Pourtant, le parallèle dressé entre le combat contre le nazisme dans les années 1930, celui contre le communisme dans les années 1950-1980 et le terrorisme aujourd’hui ne tient pas : le terrorisme n’est, si on peut le définir, qu’une « forme » de lutte, sûrement pas une idéologie capable de mobiliser les peuples du monde. Et, alors que les premiers s’appuyaient sur des Etats aussi puissants que l’Allemagne, l’Union soviétique ou la Chine, sur quel gouvernement menaçant s’adossent les terroristes ?

A la simple question : « Qu’est-ce que le terrorisme ? », il est bien difficile de trouver, dans les déclarations des responsables politiques ou dans la littérature spécialisée, une réponse univoque. Le terrorisme ne peut être confondu avec l’utilisation de la violence. Un des premiers droits « naturels et imprescriptibles » proclamés par la Révolution française et la Déclaration des droits de l’homme ne fut-il pas « la résistance à l’oppression » ? De ce point de vue, qui oserait - sans une considérable mauvaise foi - qualifier par exemple de terroriste, comme le faisaient l’Occupant allemand et ses complices français, le combat armé de la Résistance française pendant la Seconde Guerre mondiale ?

Le droit international n’a jamais réussi à définir le terrorisme, il se contente de dénoncer des crimes précis comme le détournement ou l’attaque d’avions. Plus récemment, des conventions internationales répriment les attentats à l’explosif (1997) et le financement du terrorisme (1999). Cette dernière vise « tout (…) acte destiné à causer la mort ou des dommages corporels graves à toute personne civile, ou à toute autre personne qui ne participe pas directement aux hostilités dans une situation de conflit armé, lorsque, par sa nature ou son contexte, cet acte est destiné à intimider une population ou à contraindre un gouvernement ou une organisation internationale à accomplir ou à s’abstenir d’accomplir un acte quelconque ». Par ailleurs, les actes qualifiés de terroristes relèvent souvent du crime de guerre et, à ce titre, des principes élaborés par le Tribunal de Nuremberg qui concernent « les violations des lois et coutumes de la guerre, qui comprennent, sans y être limitées, les assassinats, les mauvais traitements ou la déportation pour les travaux forcés, ou pour tout autre but, des populations civiles dans les territoires occupés, l’assassinat ou les mauvais traitements des prisonniers de guerre ou des personnes en mer, l’exécution des otages, le pillage des biens publics ou privés, la destruction perverse des villes ou villages ou la dévastation que ne justifient pas les exigences militaires ».

Les tentatives de définition juridiques du terrorisme, notamment depuis le 11 septembre 2001, comportent des risques d’atteinte aux libertés civiles, en Europe comme aux Etats-Unis, comme elles servent à justifier des politiques répressives de l’Algérie à l’Indonésie, en passant par la Russie. C’est ce que soulignait, en avril 2002, l’Irlandais John Fish, le président du Conseil des barreaux de l’Union européenne, à la suite de la décision-cadre adoptée par le Conseil européen du 6 décembre 2001. « La liste des délits terroristes, » expliquait-il, « est établie de manière trop large, et comprend des actes qui ne devraient pas du tout être considérés comme terroristes. » D’autant, précisait-il, que « la décision-cadre prévoit des responsabilités et impose des sanctions pour des “personnes morales” ». Par ailleurs, il n’est nulle part fait référence « au droit à un procès équitable pour un terroriste accusé ». Or l’expérience a montré que « l’introduction d’une législation sur le terrorisme dans les États membres avait conduit à une diminution substantielle des droits des accusés ». Bref,«  la lutte contre la criminalité ne devrait pas être menée à n’importe quel prix. » L’expérience américaine offre, de ce point de vue, un exemple inquiétant…

Revenons à la définition du terrorisme. On pourrait qualifier ainsi les actes de violence qui touchent des populations civiles innocentes dans le but de créer un climat d’insécurité et d’atteindre certains objectifs politiques. Mais comment ranger dans la même catégorie analytique l’empoisonnement au gaz perpétré par la secte Aum dans le métro de Tokyo, les voitures piégées des dissidents de l’Armée républicaine irlandaise ? Les milices d’extrême droite américaines responsables de la tuerie d’Oklahoma relèvent-elles de la même logique que les bombes de l’ETA basque ? Et qu’ont ces actions en commun avec l’attaque contre le World Trade Center et le Pentagone ? À force d’être appliqué à des types bien différents de violence, dont certains, notamment sur le plan intérieur, n’ont pas de but politique « le concept de terrorisme a perdu de sa signification », note Adrian Guelke, un expert sud-africain (The Age of Terrorism) - il affirme même qu’il s’est « désintégré ». Enfin, il ne faut pas oublier que le terme même est né pour qualifier une politique d’Etat, celle de la Révolution française. Or ce terrorisme d’État, fréquemment utilisé au Proche-Orient, est largement ignoré : bombardements indiscriminés, déportations de population, voitures piégées ont été utilisés par les pouvoirs israélien, syrien, irakien, iranien, etc.

« Un gouvernement sincère doit admettre, » notait un éditorialiste de l’hebdomadaire The Economist, « que le terrorisme met au jour souvent un grief légitime. » L’histoire l’a amplement prouvé, les anciens « terroristes » sont devenus des dirigeants respectés. Menahem Begin et Itzhak Shamir furent impliqués dans les années 1940, dans des attentats meurtriers contre des civils arabes (et juifs, comme lors de l’attentat contre l’hôtel King David), avant d’accéder aux plus hautes charges en Israël. Les « tueurs du FLN » dénoncés, jour après jour, par les autorités françaises et par la majorité des journaux, ont contribué à conduire l’Algérie à l’indépendance – quelle qu’ait été l’horreur de certaines de leur méthodes. Plus récemment, d’autres exemples le confirment : ceux-là même qui agitèrent longtemps l’épouvantail de la violence pour refuser tout compromis durent renoncer à leur intransigeance. Le pouvoir sud-africain blanc a finalement traité avec l’ANC. Itzhak Rabin a serré la main à Yasser Arafat,«  un homme aux mains couvertes de sang juif », et négocié avec l’OLP pour tenter d’arracher le Proche-Orient à l’engrenage des haines.

Historiquement, c’est le caractère spectaculaire de ses méthodes qui marque l’action terroriste. Le détournement d’avion est l’une d’elles. Inaugurée par le gouvernement Guy Mollet le 22 octobre 1956 - avec l’atterrissage forcé de l’avion qui transportait, entre Rabat et Tunis, Ben Bella et plusieurs dirigeants du FLN -, cette pratique fut relancée après la guerre israélo-arabe de 1967. Le 23 juillet 1968, le FPLP détourne le vol El Al entre Rome et Tel Aviv. Le Fatah ne se ralliera à ce type d’action qu’après le Septembre noir jordanien. En 1973, l’OLP et ses principales composantes y renoncent ; seuls des petits groupes dissidents, dont celui d’Abou Nidal, continuent à y avoir recours. Les mesures de sécurité prises dans les aéroports et la condamnation par l’OLP de ce type d’activité ont réduit considérablement les détournements d’avion, désormais traités comme des affaires locales.

L’enlèvement d’otages constitue sans doute une pratique aussi vieille que la guerre. Il est fréquent dans les zones de conflits ou d’affrontements. Ainsi, au Kurdistan d’Irak où les groupes de peshmerga ont kidnappé à plusieurs reprises dans les années 1980 des techniciens étrangers. Pays de toutes les discordes, le Liban a représenté dans les années 1980, le terrain d’élection de cette catégorie d’actes, facilités par la disparition de l’État. D’abord utilisés dans la guerre civile, les enlèvements se sont étendus - surtout après 1982 - aux communautés étrangères, impulsés notamment par le Hezbollah. Sans avoir disparu, la prise d’otages s’est raréfiée au Proche-Orient dans les années 1990.

On ne peut manquer de constater que les trois grandes vagues de terrorisme non étatiques dans la région ont correspondu aux périodes de frustration maximale pour les peuples arabes et d’impasse politique : après 1970, après 1982 et en 2000. Il est bien évident que la suppression des « causes objectives » du terrorisme ne supprimeront jamais le risque d’action d’individus fanatisés ; en revanche, elles supprimeront le terreau sur lequel il peuvent se développer, trouver des soutiens et des complicités.

Une partie de la jeunesse palestinienne et libanaise a vu alors dans n’importe quelle action le moyen d’exprimer sa frustration. L’oublier, c’est se condamner à ne jamais pouvoir combattre réellement le phénomène terroriste. En vidant les accords d’Oslo de toute substance et en sabotant tout espoir de paix juste, les gouvernements israéliens qui ont succédé à celui d’Itzhak Rabin ont préparé le terrain aux attentats-suicide. On peut remarquer, avec Olivier Roy, que l’action du kamikaze « est complètement absente de la tradition islamique orthodoxe (…). Elle est apparue au cours des années 1980, dans les mouvements chiites comme le Hezbollah, avant de s’étendre tout récemment aux mouvements sunnites. » Les attentats suicide ont même dépassé ce cadre dans les territoires occupés, puisque toutes les factions palestiniennes y ont recouru et que les « volontaires » au suicide se sont multipliés, signe non d’un fanatisme religieux mais d’un désespoir infini, accentué par le manque de directives données par la direction palestinienne.

Mais expliquer n’est pas justifier. Autant le combat en Cisjordanie et dans la bande de Gaza conserve toute sa légitimité, autant, désormais, la majorité de l’opinion palestinienne conteste désormais le recours aux attentats aveugles contre des civils israéliens – qu’ils soient commis par des combattants islamistes du Hamas et du Jihad, ou les Brigades des martyrs d’Al-Aqsa, proches du Fatah. Ce faisant, les Palestiniens dressent évidemment le bilan de ces opérations : loin de « casser » la société israélienne, les kamikazes l’ont ressoudée autour d’Ariel Sharon et de sa politique de force, la peur et la colère l’emportant sur la conscience toujours présente de la nécessité d’une solution politique. Mais les dirigeants et les militants palestiniens les plus lucides vont bien au-delà d’une analyse de la contre-productivité de ces actes : ils condamnent le terrorisme parce qu’il entache leur cause elle-même, l’idéal qui est le leur, l’avenir de la société qu’ils entendent construire.

De nombreuses organisations internationales ne disent pas autre chose, lorsqu’elle s’en prennent d’un même mouvement aux actions de l’État israélien et à celle des kamikazes palestiniens. Human Rights Watch, à qui l’ont doit – entre autres - le rapport le plus complet sur les « crimes de guerre » commis en avril 2002 par l’armée israélienne dans le camp de réfugiés de Jénine, a également dénoncé, le 1er novembre 2002, les attentats en Israël : « L’échelle et la nature systématique de ces attaques les différencient d’autres abus commis en période de conflit. Elles relèvent clairement de la catégorie des crimes contre l’humanité. » De même, Amnesty international, dans son rapport du 11 juillet 2002, rappelle qu’elle a « condamné depuis de longues années les violations des droits humains et de la loi humanitaire » commis par Israël contre les Palestiniens des territoires occupés, dont « la plupart » constituent des « crimes de guerre ». Amnesty ajoute toutefois : « Aucune violation commise par le gouvernement israélien, quelles qu’en soient l’échelle et la gravité, ne justifie [l’assassinat de] civils. L’obligation de protéger les civils est absolue. » C’est pourquoi les attaques suicides « constituent des crimes contre l’humanité au regard du droit international », et « des crimes de guerre, selon la caractérisation légale des hostilités et l’interprétation du statut des groupes armés et combattants palestiniens. » Et de conclure : « L’Assemblée générale des Nations unies a reconnu la légitimité de la lutte des peuples contre l’occupation étrangère, qui découle de l’exercice de leur droit à l’autodétermination et à l’indépendance. Néanmoins, le droit international exige que l’usage de la force aille de pair avec certains principes de base qui s’applique à toutes les situations. En particulier, les parties à un conflit doivent toujours établir une distinction entre les civils et les personnes qui prennent part aux hostilités et faire tous les efforts possibles pour protéger les civils de tout danger. »

Pourtant, la simple condamnation morale des crimes commis par les deux parties ne suffit pas. On ne peut simplement renvoyer dos à dos les deux protagonistes parce que tous deux violent le droit humanitaire. Pour deux raisons. D’abord parce que les violations commises par un État – un État qui se réclame des principes démocratiques – sont toujours plus graves que celles commises par des groupes non étatiques, d’autant que certains d’entre eux agissent contre l’orientation explicite de l’Autorité palestinienne. Ensuite pour des raisons politiques : la bataille que mènent les Palestiniens est une résistance légitime à une occupation illégitime, alors que le gouvernement israélien développe une stratégie de maintien d’une occupation et d’une colonisation illégales. Comparaison n’est certes pas raison, et Israël n’est évidemment ni le IIIe Reich, ni la France coloniale. Mais, pour prendre un exemple, durant la seconde guerre mondiale, les Alliés ont sûrement commis des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité – notamment lors des bombardements de Dresde ou a fortiori d’Hiroshima et de Nagasaki. La lutte contre le nazisme n’en était pas moins une guerre juste, et nul ne peut renvoyer les Alliés et l’Axe dos à dos. De même, durant la guerre de libération algérienne, le FLN a commis – comme l’armée française – des crimes de guerre, voire des crimes contre l’humanité. Pourtant, sa revendication d’indépendance était tout à fait légitime. Et là aussi la symétrie n’est pas acceptable.

Aux lecteurs

Ce blog est dans une phase expérimentale. Pour l’instant, il n’est pas modéré, c’est-à-dire qu’aucune sélection ou censure n’est opérée sur les messages envoyés. Je pense toutefois qu’il faut faire deux remarques sur les discussions. D’abord, qu’à partir d’un certain niveau d’échange, il ne sert à rien d’essayer de convaincre l’autre ou de l’invectiver : il y a des points de vue divergents qui s’expriment et chacun a droit à son point de vue. D’autre part, les points de vue racistes, antisémites, négationnistes, n’ont pas de place sur ce blog (pour prendre un exemple, Serge Thion est un négationniste, et, pour ma part, je ne discute pas avec les négationnistes). Enfin, je souhaite que ce blog soit un lieu d’échange d’informations et que les internautes cherchent à l’enrichir avec des points de vue, des documents, etc. Je remercie vivement l’internaute qui a pris la peine de traduire le résumé du documentaire d’Al-Jazira sur Nasrallah et que je publierai demain. Le Proche-Orient soulève bien des passions, je voudrais que nous essayions de « raison garder ».

Qui viole le cessez-le-feu au Liban ?

Selon les Nations unies, depuis le 14 août, date de la cessation des hostilités au Liban, Israël a commis 68 violations de la résolution des Nations unies, alors que le Hezbollah en a commis 4.

Projet d’attentats au Royaume-Uni

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La question de la définition du terrorisme est évidemment capitale et vous trouverez ci-dessus un texte que nous avons écrit, Dominique Vidal et moi, dans notre livre Les Cents clés du Proche-Orient (Hachette, Paris, 2006). Ce qui est évident c’est la manière dont les Etats-Unis et leurs alliés utilisent le terrorisme pour instiller la peur dans nos sociétés. Le dernier exemple est celui du projet d’attentat qui aurait été prévu par de jeunes Britanniques musulmans et qui a abouti à l’arrestation d’une vingtaine de suspects le 21 août et à un chaos dans le transport aérien à la suite des mesures exceptionnelles prises à Londres et Washington, notamment à des fouilles systématiques dans les aéroports, à l’interdiction de la plupart des bagages à main, etc. Paul Stephenson, le chef adjoint de la police métropolitaine de Londres annonça que le but des terroristes était « un massacre de masse sur une échelle inimaginable ». Le secrétaire d’Etat John Reid affirma que ces attaques étaient sur le point d’être commises. Les médias prétendirent que dix avions devaient exploser en vol. En fait, comme le révèle une enquête menée par le International Herald Tribune, « Plot to bomb airliners : How close was it ? », du 28 août 2006, les suspects étaient déjà sous surveillance depuis de longs mois et rien ne prouve qu’ils étaient prêts à passer à l’action. Rien ne prouve non plus qu’ils disposaient des capacités d’utiliser ces fameuses bombes liquides dont la préparation est d’une complexité très grande et qui sont d’une grande instabilité. Cela ne veut pas dire, bien évidemment, qu’il n’y avait aucune « menace ». Les groupes qui utilisent des bombes contre des populations civiles au Royaume-Uni ou en Espagne existent ; ils ont déjà frappé et fait des victimes. Mais tenter de présenter le terrorisme comme une menace stratégique (ou tenter de dire que le terrorisme est le nouvel adversaire d’une guerre mondiale) est de la propagande : la menace relève du travail policier, comme il en a existé à d’autres périodes contre des groupes qui, dans des pays démocratiques, utilisaient la violence contre des populations civiles. Mais certains ont intérêt à attiser la peur et les résultats sont là : dans un article du Daily Telegraph, intitulé « Britons will still fly after terror alert - but are wary of Muslims » (Les Britanniques continueront à prendre l’avion mais se méfient des musulmans) et publié le 25 août, on apprend que 53% des Britanniques estiment que l’islam, indépendamment des organisations fondamentalistes, menace la démocratie libérale occidentale (ils n’étaient que 32% après le 11-Septembre).

Alain Gresh

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