Iran, mensonges de guerre ?
Une guerre éventuelle contre l’Iran nécessite une préparation de l’opinion américaine et occidentale. Elle passe par la diffusion de fausses informations qui, même démenties quelques jours ou quelques mois plus tard, laissent leur trace. Ainsi, lancée par l’Agence France Presse, cette information du 10 mai selon laquelle l’Iran aurait bloqué des inspections de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) sur un de ses sites nucléaires. Reprise par différentes radios comme une "vérité", cette information est accompagnée d’un commentaire plus prudent dans Le Monde du 11 mai, “Téhéran nie avoir interdit une visite d’inspecteurs de l’AIEA”. Mais l’article parle de « nouvelles frictions entre l’AIEA et l’Iran ». Pourtant, selon l’agence Reuters du 11 mai, le porte-parole de l’AIEA a démenti ces informations... Le compte à rebours de la guerre a-t-il commencé ?
Michel Kilo condamné
Nous avons eu l’occasion, à plusieurs reprises, d’aborder le cas de Michel Kilo, un démocrate syrien mis en prison par le régime. Il vient de passer en jugement. Selon l’association Reporters Sans frontières, dont le communiqué est repris sur le site del’Ifex (Echange international de la liberté d’expression) : « Détenu depuis un an, Michel Kilo a été condamné, aux côtés de Mahmoud Issa, le 13 mai, à trois ans de prison. Les deux hommes avaient été arrêtés en mai 2006 après avoir signé une déclaration appelant à une réforme radicale des relations libano-syriennes. Anouar Al-Bounni, un autre signataire de la déclaration "Beyrouth-Damas, Damas-Beyrouth", a écopé d’une peine de cinq ans de prison le 24 avril dernier. »
Dans l’enfer des colonies
Le quotidien israélien Haaretz du 13 mai publie un article éclairant de Noga Eitan, « To hell and back » (retour de l’enfer). Il s’agit pour l’essentiel d’un entretien avec une ancienne femme de colon.
« Quand l’étudiant de la Yeshiva (école religieuse) ramena sa nouvelle épouse à la colonie de Har Bracha, il ne perdit pas de temps. Il était pressé de lui faire connaître la bande son qui allait désormais accompagner sa vie. "Je somnolais et, alors que nous conduisions, j’entendis une terrible explosion et j’eus très peur", raconte Hani Laloum. "C’était mon mari. Il arrêta la voiture et dit : "Si tu entends un tel bruit, couche-toi, c’est le bruit que font ici les jeteurs de pierres." Quelques années plus tard je compris que c’était sa manière de me dire "bienvenue en enfer". »
Hani Lamloum, la femme qui raconte, a quitté Har Bracha il y a trois ans. Résidente dans une des colonies les plus extrémistes, elle affirme : « Il y a des femmes qui épousent des junkies ; il y a des femmes qui épousent des maris qui les battent ; j’étais une femme qui était idéologiquement battue. »
Elle a des remords aujourd’hui. « J’aurais dû parler durant cette période de désengagement (de Gaza). Les colons ont reçu beaucoup de sympathies pour leur douleur et j’aurais voulu que la sympathie aille à des femmes comme moi, pour qui le désengagement était une véritable rédemption. Je voulais tellement dire que je n’étais pas la seule. Je connais de nombreuses femmes qui sont battues par la peur et qui ne veulent pas vivre dans de tels endroits, mais elles n’ont alors d’autre choix que le divorce et l’ostracisme social. »
Concernant ses voisins arabes, elle explique :
« Quand je voyageais avec des gens de la colonie et que nous passions parmi les Arabes de Hawara et que certains colons les insultaient, je les regardais et les voyais comme des êtres humains, des hommes, des femmes et des enfants, des êtres vivants. Chaque fois que je voyais la souffrance, la pauvreté, comment ils attendaient des heures aux check points, les difficultés qu’ils avaient à gérer leur vie, à sortir de Naplouse ou à y entrer, je cessais totalement de m’identifier au discours des colons qui glorifie les tueries. Plus je voyais notre contrôle, notre force, plus je comprenais que quand on frustre une nation entière, il n’y a rien de sain qui peut en résulter. »
« Je ne sais pas quel est le meilleur règlement politique – ne me parlez pas de politique. Je sais seulement que quand je conduisais dans une voiture à air conditionné et que je regardais une femme attendant des heures sous un soleil brûlant à un check point, je ne pouvais le supporter. Aujourd’hui je sais que les colons extrémistes ne sont pas propriétaires du sionisme religieux. Celui qui construit le sionisme religieux uniquement sur la base des territoires occupés a un problème avec le sionisme. »
Sur l’affaire Azmi Bishara
Azmi Bishara est un député palestinien d’Israël, qui a renoncé à son mandat à la suite des poursuites engagées contre lui par le gouvernement. Dans un article de l’International Herald Tribune du 13 mai, Marwan Bishara, un intellectuel et commentateur, prend la défense de son frère, dans un article intitulé : « Why is Israel after my brother ? »
« Il existe un large consensus parmi les Arabes israéliens, écrit-il, sur le fait que les motifs derrière les enquêtes menées sur des dirigeants comme Azmi sont politiques. Son idée d’Israël comme un Etat pour tous ses citoyens est perçue par l’establishment sécuritaire comme un défi à la nature même de l’Etat juif. Durant les six dernières décennies, les dirigeants israéliens se sont référés à leurs concitoyens palestiniens comme à un ennemi de l’intérieur ou une cinquième colonne, provoquant seulement leur plus grande politisation et leur plus grande radicalisation. »