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Un accord est-il possible entre Abbas et Olmert ?

par Alain Gresh, 19 août 2007

Tensions au sein du pouvoir iranien

Selon l’AFP (17 août), l’ayatollah Mahmoud Hashemi Shahroudi, chef du pouvoir judiciaire en Iran, a sévèrement critiqué le président Ahmadinejad après que ce dernier a démis de leurs fonctions les deux ministres du pétrole et de l’industrie. Si nous changeons régulièrement les gestionnaires et les ministres, rien ne pourra s’améliorer, aurait-il lancé, selon la presse de Téhéran. Le même jour, la presse iranienne révélait que Tahmasebi, le ministre du pétrole, avait violemment attaqué le président Ahmadinejad dans sa lettre de démission, se plaignant des changements de personnel imposés à son ministère.

Elections au Maroc

Le 7 septembre, des élections générales se dérouleront au Maroc. Le Parti de la justice et de la démocratie (PJD), qui se réclame de l’islam, devrait obtenir, selon divers sondages, d’excellents résultats. Dans un long reportage publié dans Le Monde diplomatique du mois d’août (disponible en kiosque), Wendy Kristianasen se penche sur ce parti, ses différentes tendances et son implantation (« Les islamistes marocains tentés par le modèle turc »). Elle aborde aussi, dans un autre article (« Femmes, le droit au divorce s’installe »), les changements provoqués par la réforme du code de la famille.

Un accord est-il possible entre Abbas et Olmert ?

Annoncée pour l’automne par le président Bush, la perspective d’une réunion internationale sur le conflit israélo-arabe a créé un certain vent d’optimisme dans les médias internationaux, mais cet optimisme semble bien prématuré. Selon des sources israéliennes, l’Autorité palestinienne et le gouvernement israélien auraient commencé à discuter un texte sur un accord de principe, mais alors que les Palestiniens font de sa rédaction la condition de leur participation à une conférence internationale, Israël affirme que la conférence ne dépend pas de la rédaction de ce document.

Selon Barak Ravid, (« Olmert, Abbas talks hit snag on refugee problem », Haaretz, 17 août), les conversations buteraient sur le refus palestinien de faire des concessions sur le problème des réfugiés. En revanche, selon Yasser Abed-Rabbo, membre du comité exécutif de l’OLP et proche de Mahmoud Abbas (dans un entretien avec le quotidien arabe de Londres Al-Quds Al-Arabi, du 18 août), aucune négociation n’est en cours car le gouvernement israélien refuse les discussions sur un plan détaillé. Pour lui, il ne peut s’agir de discuter d’un texte général (le plan de paix arabe est suffisant), mais de « transformer ce plan en un cadre détaillé pour résoudre tous les problèmes en vue d’une solution définitive – notamment les réfugiés, Jérusalem et les frontières, avec un calendrier précis et des garanties internationales, de manière à ce que la prochaine conférence soit fructueuse ». Mme Condoleezza Rice devrait se rendre en Israël au début du mois prochain pour tenter de rapprocher les points de vue. Parmi les nombreuses difficultés, l’impopularité des deux gouvernements palestinien et israélien. L’idée du président Abbas de convoquer des élections qui seraient interdites au Hamas risque de déboucher sur des affrontements militaires en Cisjordanie. Sans parler même du coup qu’elle porterait à la démocratie dont les Occidentaux se réclament avec une telle force.

Pourtant, jamais le consensus international sur la solution au conflit israélo-palestinien n’a été aussi fort. En principe, tout le monde est d’accord pour affirmer son soutien à la création d’un Etat palestinien aux côtés de l’Etat d’Israël. Même le président Bush a défendu cette option. Pourtant, on peut se demander si ce « consensus » a le moindre rapport avec ce qui se passe sur le terrain. Et s’il n’est pas déjà trop tard pour créer un Etat palestinien en Cisjordanie et à Gaza.

Dans un article publié par Le Monde diplomatique du mois d’août (non disponible sur le site Internet), Régis Debray appelle à « une cure de vérité au Proche-Orient ». Il explique notamment cet étrange consensus : « Toutes les parties trouvent intérêt au maintien des faux-semblants et trompe-l’oeil internationaux. Les Israéliens parce que l’histoire avance masquée. Les Palestiniens, parce qu’on ne peut pas dire la vérité à un peuple occupé et qui espère, sans l’inciter à s’autodétruire ; et que notables, élus, fonctionnaires tirent de ce qui est devenu un vœu pieux, gagne-pain, titulatures, dignité et raison d’être. Les Européens, parce qu’ils ont choisi de s’acheter une conduite moyennant une aide financière et humanitaire importante, qui les exonère de leur passivité politique et de leur cécité volontaire. Et les Américains, mentalement plus redevables à l’Ancien Testament qu’au Nouveau, parce que leur lien existentiel avec Israël est de type filial et donc acritique. L’illusion protectrice et partagée résulte ainsi d’une coïncidence d’intérêts opposés – là est l’ironie de l’histoire. »

Et, après avoir rappelé la situation sur le terrain et le développement des colonies : « Se profile en résumé, au lieu de l’Etat palestinien annoncé et souhaité par tous, un territoire israélien encore inaperçu, avec, enclavées, trois municipalités palestiniennes autogérées. »

Pour comprendre le dilemme, il faut lire l’article de Nadav Shragai, « Most settlements lie east of fence, most settlers west » (la plupart des colonies sont à l’est de la barrière, la plupart des colons à l’ouest), dans le quotidien israélien Haaretz (16 août).

« Alors que seulement 48 des 122 colonies en Cisjordanie sont situées à l’ouest du tracé de la barrière de séparation, ces mêmes colonies abritent la grande majorité des colons : c’est ce que conclut une analyse faite par Haaretz, fondée sur des données du ministère de l’intérieur. Ces données montrent que 76,2% des colons – 209 716 – habitent ces 48 colonies. » (...) « Seulement 65 440 colons résident, en 2007, dans les 74 colonies qui sont situées à l’est du tracé de la barrière, soit 23,8% du total. »

Au total, conclut l’article, le nombre de colons est passé en un an de 260 645 à 275 156, soit une augmentation de 5,45%, un taux d’accroissement qui est deux fois plus fort que celui de la population juive d’Israël.

Alain Gresh

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