Proche-Orient - Palestine - Israël - Conflits - Frontières
Ce billet a été transféré sur le nouveau site de Visions cartographiques le 27 janvier 2017.
Il est désormais consultable à cette adresse : https://visionscarto.net/1948-La-Palestine-des-archives-aux-cartes
Dominique Vidal
A partir de juin 2014, après huit années de bons et loyaux services, ce blog change d’adresse pour devenir un site à part entière :
Les textes migreront petit à petit sur la nouvelle plateforme, mais les forums resteront en place : les mises-à-jour, les refontes, les ajouts de documents dans les articles existants se feront sur le nouveau site de Visions carto
Quelques informations à propos du nouveau site
A très bientôt, Philippe Rekacewicz.
Il y a trois points sur lesquels j’aimerais avoir des précisions. Le premier est celui-ci : la carte n° 1 mentionne, par des petites croix, les lieux des principaux massacres. Je suppose qu’il s’agit de massacres commis à l’encontre des Palestiniens. Si c’est le cas, y a-t-il eu, à l’inverse, des massacres commis à l’encontre des juifs ? Et, si oui, par qui ? Par les Palestiniens ou par les armées arabes ?
Le deuxième point est celui-ci : peut-on avoir, en quelques chiffres brefs (guère plus de 4 ou 5 lignes), l’état des forces militaires en 1948 ? Je veux dire nombre d’hommes, de chars, de canons, d’avions ou de mitrailleuses. En ce qui concerne les éléments non matériels de l’armée (ce qui est regroupé sous le nom entraînement, motivation, coordination), je suppose que cela veut dire qu’un certain nombre de soldats de la future armée d’Israël avaient combattu dans les armées alliées (anglaise ou soviétique) comme gradés – voire hauts gradés – et qu’ils avaient la maîtrise d’armes techniques (canons, tanks, avions), et une grande expérience, que n’avaient pas les Arabes, qui n’avaient pas fait la guerre… A-t-on des données à ce sujet ?
Le troisième découle du deuxième : aujourd’hui, l’armée israélienne domine de loin toutes les armées arabes. Est-ce que cette situation poursuit sans interruption celle de 1948, ou y a-t-il eu des moments où (au moins sur le papier), les Arabes ont repris le dessus ?
"La région vue d’Israël - La flèche précise « Israël était une partie du Proche-Orient ». Source : livre scolaire, Center for Educational Training (CET), 2000."
Contrairement à ce qui est dit ici, le texte de la flèche ne comporte pas le verbe être au passé. La flèche indique, littéralement : " Carte 3 : Israël, elle, partie de l’Orient le Moyen". Soit en français correct : Israël est bien une partie du Proche-Orient ou Israël fait bien partie du Proche-Orient.
Sur les trois questions de Ph. Arnaud :
1) parmi les massacres indiqués sur cette carte figurent les deux principaux commis par la Légion arabe (Gush Etzion) ou par des Palestiniens (Mont Scopus, représailles après la tuerie de Deir Yassine). Tous les autres ont été le fait, soit de la Hagana ou, après leur création en juin 1948, des Forces de défense d’Israël (Tsahal), soit des milices des groupes dits « révisionnistes », l’Irgoun de Menahem Begin et le Lehi de M. Itzhak Shamir ;
2) vous trouverez le détail des faits et chiffres concernant les forces militaires dans les livres cités par l’article ou sa bibliographie. Concernant les effectifs, ceux des forces juives ont évolué d’environ 50 000 à la fin de 1947 à près de 90 000 à la fin de 1948 ; les forces combinées des Palestiniens et de l’Armée de libération des volontaires arabes de Fawzi Al-Qawukji ont plafonné à moins de 10 000 hommes. Quant aux contingents envoyés par les Etats arabes, leurs effectifs, de 23 000 hommes le 15 mai 1948, atteindront un maximum de 25 000 à 30 000. A cette supériorité numérique des armées juives, puis israéliennes, s’ajoute une écrasante supériorité en armements, notamment à partir des livraisons tchèques qui commencent à la fin mars 1948 et s’intensifient avec le pont aérien entre la base de Zatec et le territoire du futur Etat d’Israël. Au-delà, on aurait tort de sous-estimer l’avantage stratégique majeur qui découle, pour Israël, du soutien soviétique et américain ainsi que de l’accord passé avec la Transjordanie ;
• depuis la première guerre de 1948, l’armée israélienne a bien sûr considérablement accru sa supériorité militaire et stratégique. L’acquisition de la bombe A puis H, avec l’aide de la France, et d’armes sophistiquées dans tous les domaines, avec l’aide des Etat-Unis, l’ont garantie. Les revers enregistrés durant les premiers jours de la guerre de Kippour (ou de Ramadan), en 1973, provenaient surtout de l’effet de surprise de l’attaque égypto-syrienne. Avec la guerre du Liban, en 2006, c’est une tout autre situation, très préoccupante pour Israël, qui s’est créée : le rapport des forces militaires, pourtant très favorable, ne lui a pas suffi à l’emporter sur le Hezbollah. Les guerres asymétriques constituent un défi auquel l’armée israélienne, comme d’autres, n’a pas trouvé de réponse efficace.
Dominique Vidal.
Je remercie Dominique Vidal de ses réponses précises et denses, qui, pour moi, ont vraiment constitué une surprise ! En particulier, j’ai été sidéré par le nombre de soldats que la petite population juive de 1948 a été capable de mobiliser. Par rapport à des pays arabes, dont la population totale était bien supérieure, l’effort militaire, je m’en aperçois, n’a pas du tout été proportionnel…
De façon générale, je note qu’un certain nombre de pays liés ou alliés aux Etats-Unis (ou, en général, dans l’aire occidentale), même s’ils apparaissent peu peuplés, ont des budgets de la défense importants et des armées musclées : je pense à la Suisse, mais aussi à Singapour, à Taïwan ou à la Corée du Sud. Le chiffre de la population (souvent invoqué quand il s’agit de pays musulmans) ne signifie pas grand-chose…
A noter que les cartes ne comportant pas la ligne verte se retrouvent régulièrement des deux cotés de la balance. Chacun a son propre intérêt à ne pas vouloir reconnaitre l’autre.
Meron Rappaport 17/02/2008 :
Plus d’un tiers des colonies de Cisjordanie ont été construites sur des terrains privés palestiniens qui avaient été confisqués provisoirement par l’armée pour des « raisons de sécurité », selon un rapport de l’Administration Civile qui est publié ici pour la première fois.
L’avocat Michael Sfard, qui représente plusieurs Palestiniens dont les propriétés ont été volées par des colons, a déclaré que les données "prouvaient que le vol systématique des terres avait été effectué pour l’installation de colonies via l’utilisation totalement illégale du terme" nécessité militaire ". La dissimulation de cette information pendant toutes ces années montre également que les autorités savaient qu’elles commettaient des actes illégaux ».
Note 2 : Cf. son interview au quotidien Haaretz, Tel-Aviv, 8 janvier 2004.
On peut trouver, à partir de l’original en hébreu, une traduction en français de l’interview de Benny Morris par Ari Shavit : "En attendant les barbares".
Version anglaise : "Survival of the fittest".
1948 : Une Question à M. Vidal
Bonjour M. Vidal,
Je viens de lire une interview de M. Benny Morris,intitulée "En attendant les barbares, du lundi 23 janvier 2006 sur le site Info-Palestine.net, grâce au lien de Ana - que je remercie vivement au passage.
Un passage m’a particulièrement choqué :
« Telle était la situation. C’est ce qui se dressait face au sionisme. Il n’y aurait pas d’État juif sans le déracinement de ces 700.000 Palestiniens. C’est pour ça qu’il fallait les déraciner. Il n’y avait pas d’alternative à l’expulsion de cette population. Il était nécessaire de nettoyer l’arrière, de nettoyer les zones de frontière et de nettoyer les principaux axes routiers. Il était nécessaire de nettoyer les villages d’où ils tiraient sur nos convois et sur nos localités. »
J’aimerais avoir votre avis. Etait-ce réellement le cas ?
Y a t’-il eu une tentative de "modus vivendi" ? Ne serait-ce qu’une seule ?
Merci d’avance.
Cher Zulfikar,
Avec cette interview à Haaretz, qui date du 8 janvier 2004, Benny Morris est devenu complètement schizophrène : il a passé presque trente ans de sa vie à chercher dans les archives de quoi prouver que les Palestiniens avaient bel et bien été expulsés… pour finir par justifier le « nettoyage ethnique » passé et, le cas échéant, futur.
Mais l’argument qu’il avance ne tient pas. En fait de « nettoyer l’arrière, les zones de frontières et les principaux axes routiers », les forces juives, puis israéliennes ont expulsé les quatre cinquièmes de la population palestinienne du territoire qui allait devenir Israël, avant de les déposséder, puis d’interdire par tous les moyens leur retour.
Loin d’assurer la sécurité de l’Etat juif, cette négation du droit à l’autodétermination du peuple palestinien l’a engagé dans un conflit sans fin avec ses voisins arabes. Soixante ans et six guerres plus tard, le « mur de fer » - l’expression est de l’ultrasioniste Zeev Jabotinsky en 1923 – grâce auquel Israël espérait imposer ses conditions aux Arabes est ébranlé. Durant l’été 2006, son armée n’a pas réussi à protéger le nord du pays des roquettes du Hezbollah, comme le sud, depuis, de celles du Djihad islamique.
En 2008 comme en 1948, il n’a pas d’alternative à une paix négociée avec les Palestiniens, clef d’une intégration durable d’Israël dans le Proche-Orient arabe. Sauf si l’on prophétise Armageddon, comme Benny Morris à la fin de l’interview en question : « La guerre entre les civilisations est la caractéristique principale du XXIe siècle. (…) Et nous nous trouvons en première ligne. Exactement comme les Croisés, nous sommes la branche vulnérable de l’Europe dans cette région. (…) Le risque d’annihilation existe. (…) Tout le projet sioniste est apocalyptique. Il existe à l’intérieur d’un environnement hostile et dans un certain sens son existence est déraisonnable. »
A M.Vidal : une question sur les paradigmes
Cher M. Vidal,
Merci d’avoir répondu si rapidement.
J’ai lu avec grand intérêt le chapitre 10 de votre dernier ouvrage, "Comment Israël expulsa les Palestiniens (1947-1949), sur le présent site. Je ne manquerai pas de lire votre ouvrage.
L’historien israëlien, Ilan Pappé, a remis en cause le paradigme de Benny Morris, à savoir que l’expulsion des populations palestiniennes a été la conséquence de la guerre. Le paradigme de Pappé est que l’expulsion était le résultat d’un nettoyage ethnique méticuleusement préparé.
Nous savons, aujourd’hui, qu’à la veille de la guerre des six jours, le solde migratoire de l’Etat d’Israël était négatif et que la victoire-éclair a été vécu comme une résurrection (selon les mots de Tom Segev).
La guerre du Liban, en 2006, et un Iran potentiellement nucléaire ne risquent-ils pas d’avoir une influence négative sur le solde migratoire et, à terme, de "tuer le rêve sioniste" ?
Il est, par conséquent, à craindre une guerre de " réaction " de grande envergure, cette fois - l’attaque en septembre dernier, en Syrie, par l’avion israelienne et l’assassinat de Imad Moughnieh, n’étant qu’une simple préparation.
Ma question est la suivante : quel est, selon vous, le paradigme qui domine la politique étrangère israélienne vis-à-vis de ses voisins arabes ?
Merci beaucoup.
Pour conclure (provisoirement) un dialogue
Cher Zulkifar,
Je ne voudrais pas que notre dialogue monopolise ce blog – si vous m’envoyez votre adresse mel, nous pourrons, le cas échéant, le poursuivre directement.
Comme je vous l’ai déjà écrit, je crois que la stratégie israélienne est entrée, avec la guerre du Liban, dans une crise profonde. Son paradigme constant depuis 1948 – le « mur d’acier » - est remis en cause.
Si les dirigeants politiques et militaires du pays du pays tiraient les leçons de l’histoire, cet ébranlement pourrait déboucher sur un tournant vers la recherche d’une solution négociée. Encore faudrait-il qu’ils soient pris en étau entre la résistance unie du peuple palestinien, les pressions – voire les sanctions – déterminées de la communauté internationale à l’extérieur et l’exigence de paix de leur propre opinion à l’intérieur incarnée par une force alternative et représentative.
Autant de conditions qui sont, on le constate, loin d’être réunies. D’où, effectivement, le risque d’une fuite en avant n’excluant pas une aventure militaire grosse de dangers pour la paix régionale et mondiale. Mais le premier ministre qui engagerait Israël, par exemple, dans une escalade contre l’Iran resterait sans doute aussi dans l’histoire comme celui qui a fait bombarder Tel-Aviv…
Et, puisque c’est de cartographie qu’il est question ici, il faudrait donc ajouter une nouvelle carte indiquant le rayon d’action des missiles d’ores et déjà aux mains des Etats de la région, Israël compris.
Dominique Vidal.
I hope there was no problem if I write in english, you can reply in French. This is just a curiosity about Sderot. When and where was it founded ? Was it founded over a previous arab village ? in which side of the 1948 partition ? Thanks.
Sderot
Dear Agustin Hernandez,
La ville de Sderot a été créée au début des années 1950 sur les ruines d’un village palestinien, Najd, qui fut occupé par les forces juives le 12 mai 1948, donc avant la déclaration d’indépendance d’Israël et l’entrée des troupes arabes. Expulsés, ses 719 habitants arabes de l’époque se sont réfugiés dans la bande de Gaza.
D. V.
Thanks for your prompt reply. But still have a doubt, was the arab village of Najd in the part corresponding to the Arabs or in the part corresponding to the Jewish as per the 1947 ONU partition ?
Muchas gracias de nuevo.
Sderot (suite)
Sur les cartes du plan de partage du 29 novembre 1947 dont je dispose, le village de Najd ne figure pas.
Mais la description de la frontière entre l’Etat juif et l’Etat arabe que contient la résolution 181 de l’Assemblée générale des Nations unies est précise : Najd se trouvait à l’est de la bande de Gaza (qui se prolongeait beaucoup plus au nord) et faisait donc partie de l’Etat juif tel que les Nations unies l’avaient défini.
Remarquez, au passage, que les textes onusiens étaient suffisamment élaborés pour qu’on puisse... se passer de carte !
Israël et les Palestiniens », Lettre du Professeur Benny
Juste quelques précisions pour ce forum de convaincus
Première partie
Morris au "Irish Times" Imprimer Envoyer à un ami 21 février 2008
Titre original anglais : "Israel and the Palestinians".
Traduction française : Menahem Macina
Madame,
Ceux qui haïssent Israël raffolent de citer – et plus souvent de mal citer – mes travaux, à l’appui de leurs arguments. Permettez-moi d’apporter quelques corrections.
Les Arabes palestiniens ne furent pas responsables « de manière plutôt bizarre » (David Norris, 31 janvier) de ce qui leur est arrivé en 1948. Leur responsabilité fut très directe et très claire.
Au mépris de la volonté de la communauté internationale, telle qu’exprimée dans la Résolution 181 de l’Assemblée Générale des Nations Unies, du 29 novembre 1948, ils déclenchèrent les hostilités contre la communauté juive de Palestine, dans l’espoir de faire avorter l’émergence de l’Etat juif et peut-être de détruire cette communauté. Mais ils ont perdu ; et l’une des conséquences fut le déplacement de 700 000 d’entre eux loin de leurs foyers.
Il est exact, comme l’a fait remarquer Erskine Childers il y a longtemps, qu’il n’y a pas eu de messages radiodiffusés arabes pressant les Arabes de fuir en masse ; en fait, il y a eu des messages diffusés par plusieurs stations de radio arabes les appelant à rester sur place. Mais, au niveau local, dans des dizaines de localités de Palestine, des dirigeants arabes conseillèrent, ou ordonnèrent l’évacuation de femmes et d’enfants, ou de communautés entières, comme cela se produisit à Haïfa, fin avril 1948. Le 22 avril, le maire de Haïfa, Shabtai Lévy, parlementa avec eux pour qu’ils restent, sans résultat.
2ème partie
La plupart des 700 000 "réfugiés" ont fui leurs maisons à cause du fléau de la guerre (et dans l’espoir de revenir promptement dans leurs foyers sur les talons des envahisseurs arabes victorieux). Mais il est également vrai qu’il y eut plusieurs dizaines de sites, dont Lydda et Ramla, dont des communautés arabes furent expulsées par des troupes juives.
Le déplacement des 700 000 Arabes qui devinrent des "réfugiés" – je mets le mot entre guillemets, car deux tiers d’entre eux furent déplacés d’une partie de la Palestine à une autre, et non de leur pays (ce qui est la définition habituelle d’un réfugié) – ne fut pas un « crime racial » (David Landy, 24 janvier), mais le résultat d’un conflit national et d’une guerre, à connotations religieuses, d’un point de vue musulman, déclenchée par les Arabes eux-mêmes.
Il n’y eut pas de "plan" sioniste ou de politique globale d’expulsion de la population arabe, ni d’"épuration ethnique". Le Plan Dalet (Plan D), du 10 mars 1948 (rendu public et accessible à quiconque veut le consulter dans les archives de Tsahal et dans diverses publications), était le plan-directeur de la Haganah – la force militaire juive qui devint l’Armée de Défense d’Israël (Tsahal) – pour contrer l’assaut panarabe contre l’Etat juif naissant. C’est ce qu’il dit explicitement et c’est ce qu’il était. Et l’invasion des armées d’Egypte, de Jordanie et d’Iraq eut lieu comme prévu, le 15 mai.
Il est exact que le Plan D donnait carte blanche aux commandants régionaux pour occuper, installer des garnisons, ou expulser, ou détruire les villages arabes situés à côté des lignes de front et derrière elles, ainsi que les routes prévues comme devant être empruntées par les armées arabes d’invasion. Il est également vrai qu’au milieu de la guerre de 1948, les dirigeants israéliens décidèrent d’empêcher le retour des "réfugiés" (ces "réfugiés" qui venaient juste d’attaquer la communauté juive), parce qu’ils les considéraient comme une cinquième colonne et une menace pour l’existence de l’Etat juif. Pour ma part, je ne peux incriminer leurs craintes ou leur logique.
La diabolisation d’Israël est largement fondée sur des mensonges – tout comme la diabolisation des Juifs, durant les 2000 ans écoulés, a été basée sur des mensonges. Et il y a un lien entre l’une et l’autre.
3ème partie
Je recommande à des gens tels que Norris et Landy de lire quelques livres d’histoire et de prendre connaissance des faits, et non de remettre en circulation une propagande arabe éculée. Ils pourraient alors apprendre, par exemple, que la "Guerre de Palestine" (la "Guerre d’Indépendance", comme l’appellent les Israéliens) a commencé en novembre 1947, et non en mai 1948. A la date du 14 mai, près de 2 000 Israéliens étaient morts, parmi les 5 800 morts qu’a coûtés, en tout, à Israël, cette guerre (soit près de 1% de la population juive de Palestine/Israël, qui comptait environ 650 000 âmes).
Salutations distinguées
Prof. Benny Morris, Li-On (Israël) [*]
Réponse à Petits grincements
Sur Benny Morris et son travail d’historien. Texte de Ilan Pappé : Response to Benny Morris’ "Politics by other means" in the New Republic Ilan Pappe, The Electronic Intifada, 30 March 2004
"Why did he twice write the book on that episode in history ? Just by sheer accident ? Morris tells us in the preface to the updated book on the 1948 war that new material prompted him to revise the book. But in fact this is not what distinguishes his two books. The first was written at a time when it was bon ton to be a ’peacenik’ and his version of history was that the ethnic cleansing in Palestine (the massive expulsion of about 750,000 Palestinians in 1948) was not the result of a master plan. It happened through a war and therefore there was no Israeli accountability or direct responsibility — a narrative that fitted the peace camp at the time. But with such views after Netanyahu’s victory in the 1996 elections it was difficult to get professorship in an Israeli university. This is when the shift began.
And it was even easier to get tenure and professorship he gladly found out if he would air the set of views, he believed in any way. So when the second Intifada broke out, our charlatan finds out that the bon ton in Israel has shifted to the right. In his new book the ethnic cleansing becomes a master plan that is criticized by Morris for not being efficient enough as too many Palestinians were left in their houses (almost 10 percent of those living within the Jewish State). Nonetheless, the ethnic cleansing is now represented as a wise foresight of the Israeli leadership at time that should be repeated once more. This is not based on new evidence, but on an ideological twist.
Thus the strong conviction Morris expresses in the following way that ’my own view is that the historian must base his work on the primary sources, that is, on contemporaneous documents’ is not the basis for his historical conviction. His primary sources come almost exclusively from the IDF archives. With the help of these documents he reconstructs 1948 (he used some English sources in a lame and insignificant biography he wrote on Glubb, I believe, but this is an exception not the rule).
Israeli officers lied in the past and lie in the present — but they are the basis for the true history for Morris. In fact, when his ideology changed he guessed they told only part of the truth about the ethnic cleansing and therefore he was willing to be a post-modernist and read into, and outside, the texts. But his picture of the 1948 war will never be complete. There are plenty of Arab and Palestinian documents, but Morris who cannot read Arabic, will not be able to use them."
Je suis sûr que vous trouverez quelqu’un pour vous le traduire
JE SUIS SUR QUE ILLAN PAPPE COMME IL LE CLAME ET LE PROCLAME CONTRAINT A L’EXIL EST UN REFUGIE POLITIQUE
CE GENRE DE CHOSE EST BIEN CONNUE D’ISRAËL N’EST CE PAS M. ZULFICAR ?
Benny Morris est-il schizophrène ?
La lettre de Benny Morris publiée dans le Irish Times et qu’un internaute a mise en ligne ici est doublement révélatrice.
Sur le fond, elle confirme le déplacement du débat historique sur 1948 : les chercheurs ne se demandent plus s’il s’est agi d’une fuite ou d’une expulsion, mais si cette expulsion est une conséquence de la guerre ou le résultat d’un plan prémédité. Benny Morris, on le sait, soutient la première thèse, Ilan Pappé la seconde.
Mais ce texte souligne aussi les contradictions dans lesquelles se débat Benny Morris depuis qu’il a pris politiquement position en faveur du « nettoyage ethnique » que ses travaux avaient historiquement contribué à mettre à jour.
Dans Comment Israël expulsa les Palestiniens (1947-1949), je reprends l’essentiel de la fameuse interview d’Arié Shavit avec Benny Morris, que le quotidien Haaretz a publiée le 8 janvier 2004. Le pionnier de la nouvelle histoire y déclare d’emblée : « Rien ne justifie les viols. Rien ne justifie les massacres. Ce sont des crimes de guerre. Mais, dans certaines conditions, une expulsion n’est pas un crime de guerre. Je ne pense pas que les expulsions de 1948 étaient des crimes de guerre. On ne fait pas d’omelette sans casser des oeufs. On doit se salir les mains. »
« Le calme avec lequel vous dites cela fait froid dans le dos », lance le journaliste à l’historien. Nullement désarçonné, celui-ci répond : « Si vous espériez que j’allais fondre en larmes, je suis désolé de vous décevoir, je ne le ferai pas. » Car il « comprend » tout à fait pourquoi les dirigeants des forces juives, en 1948, ont organisé des expulsions : « Je ne pense pas qu’ils aient eu de problèmes de conscience, et, à leur place, je n’en n’aurais pas eus. Sans cet acte, ils n’auraient pas gagné la guerre et l’Etat n’aurait pas vu le jour. »
Stupéfait, Shavit revient à la charge : ne les condamnez-vous pas moralement ? « Il y a des circonstances dans l’histoire qui justifient le nettoyage ethnique. Je sais que ce terme est complètement négatif dans le discours du XXIe siècle, mais, quand le choix est entre le nettoyage ethnique et le génocide – l’annihilation de votre peuple –, je préfère le nettoyage ethnique. »
Mais était-ce vraiment la situation en 1948 ? Morris n’en doute pas : « Un Etat juif n’aurait pas pu être créé sans déraciner 700 000 Palestiniens. Il était donc nécessaire de les déraciner. Il n’y avait pas d’autre choix que d’expulser cette population. »
S’il y a bien eu « nettoyage ethnique » et que de surcroît Benny Morris juge celui-ci légitime, que reste-t-il des « corrections » que l’historien présente dans sa lettre au Irish Times ?
Ravi que Monsieur VIDAL s’est cru obligé de répondre à mon mail pour rassurer ses ouailles.
Toutefois celui-ci ne connaît pas vraiement les nuances
Que reste t’il de la lettre de MORRIS ?
Il, reste notamment, Monsieur VIDAL, une affirmation historique fondamentale que vous efforcez, vous et Monsieur GRESH, article après article, référence sur référence, de nier, de contester, un fait qui vous insupporte (comme à Monsieur PAPPE ce persécuté par ces mêmes sionistes) :
"Il n’y eut pas de "plan" sioniste ou de politique globale d’expulsion de la population arabe, ni d’"épuration ethnique".
Le reste de vos affirmations peut de la même façon être contesté, faits et références à l’appui.
Bien à vous
Dialogue de sourds
Le principe d’une discussion, c’est de répondre à ce que l’autre dit ou écrit et non à la caricature qu’on en fait. Sinon, on risque un dialogue de sourds...
Relisez l’article introductif à ce forum comme la discussion qui a suivi. Il s’agit, entre autres, de rendre compte des recherches des « nouveaux historiens » israéliens et des débats qui les agitent. L’une des questions que ceux-ci se posent est la suivante : l’exode palestinien est-il né de la guerre ou de la mise en œuvre d’un plan prémédité ?
Le nouveau livre d’Ilan Pappé, Le Nettoyage ethnique de la Palestine, apporte beaucoup d’arguments à l’appui de la seconde thèse. Benny Morris, pour sa part, continue à défendre la première.
J’observe simplement que, dans son interview à Haaretz, à la veille de la parution de la seconde édition de son livre The Birth of the Palestinian Refugee Problem, Morris a ouvertement contredit sa propre version, en affirmant notamment :
Benny Morris : « Il y a des circonstances dans l’histoire qui justifient le nettoyage ethnique. Je sais que ce terme est complètement négatif dans le discours du XXIe siècle, mais, quand le choix est entre le nettoyage ethnique et le génocide - l’annihilation de votre peuple - je préfère le nettoyage ethnique. »
Arié Shavit : Et c’était la situation en 1948 ?
Benny Morris : « C’était la situation. C’était ce que le sionisme affrontait. Un Etat juif n’aurait pas pu être créé sans déraciner 700 000 Palestiniens. Par conséquent il était nécessaire de les déraciner. Il n’y avait pas d’autre choix que d’expulser cette population. »
Prenez en acte.
un commentaire sans doute inutile, mais je crois qu’après ces lignes de critique, l’article méritait quelques félicitations ! Cette lecture a été plaisante. Merci pour ces informations et la diversité des sources.
Tom Segev, dans le Ha’aretz du 31/07/2008, rend compte du nouvel ouvrage de la géographe Noga Kadman, (Département de la paix et de recherche pour le développement à l’Université de Göteborg en Suède) qui a été conduit « sous la tutelle du professeur Oren Yiftachel de l’Université Ben Gourion du Negev ».
Le livre, intitulé “On the Road Side, on the Mind Side” vient d’etre traduit en hébreu.
Traduction de l’article de Tom Segev (1) :
Le village des artistes de Ein Hod se décrit lui-même sur son site Internet en hébreu comme "un environnement israélien ancien." Il appartient à "une culture du Moyen-Orient des temps anciens" et, selon le site en langue anglaise, les visiteurs peuvent "discerner dans les anciennes structures les nombreuses textures et formes architecturales des anciens occupants - des croisades chrétiennes à l’Empire turc."
Les maisons des Arabes qui y vivaient avant 1948 ne sont pas mentionnées. Il s’agit d’un cas inhabituel : Une étude publiée récemment montre que les kibboutzim et mochavim qui se sont élevés sur les ruines des villages arabes n’ont pas l’habitude de supprimer ce fait, même si les résidents arabes eux-mêmes, qui ont été expulsés et ont fui, ne sont presque jamais mentionnées, comme s’ils n’avaient jamais existé.
Lors de la rédaction de son livre "Beshulei haderekh uveshulei hatoda’a" (On the Road Side, on the Mind Side), publié par November Books, la géographe Noga Kadman a démarré son ouvrage sur l’hypothèse que les villages arabes ont été repoussés aux marges du discours israélien. Mais quand elle a examiné les publications de bulletins d’information interne et de bulletins d’anniversaire diffusées par les kibboutzim et mochavim, qui s’étaient établis sur les restes de ces villages, elle a découvert une attitude de possessivité et peu de scrupule moral : Il n’y a aucune honte à vivre dans les maisons des Arabes, mais il n’est pas agréable de mentionner les Arabes eux-mêmes. C’est comme si leur histoire et leur mode de vie n’avaient jamais existé. La prise en charge des villages abandonnés est souvent décrite comme faisant partie des efforts visant à faire fleurir le désert.
Tom Segev (2 et Fin)
"Il n’y avait rien là-bas", écrivent les membres du kibboutz Barkai dans un pamphlet qui est cité dans le livre. Il est mentionné ici et là que des Arabes ont "légué" leurs terres, leurs maisons et même leurs meubles et articles ménagers aux nouveaux colons.
« Notre entrepôt central de vêtements a été décoré avec un certain nombre de placards en acajou de la propriété abandonnée », affirme une publication du kibboutz Kabri. "Ainsi, nous nous sommes progressivement équipés avec un minimum de confort."
Les Arabes qui revenaient pour sauver certains de leurs biens étaient considérés comme des voleurs, et les pourchasser était une source de revenus, comme il est écrit dans un livre que le kibboutz Carmia avait publié à l’occasion du 35e anniversaire de sa création : "Ils sont venus de nuit voler les fruits de vergers et sont retournés à Gaza chargés de butin ... Nous surveillions la zone du kibboutz ... Nous faisions des prisonniers, les amenions au kibboutz et l’armée se saisissait d’eux tous les matins et nous payait ... A l’intérieur du kibboutz, il y avait une sorte de « prison » - une petite cabane - où ils gardaient les prisonniers jusqu’à ce que l’armée les prenne. "
Kadman n’a trouvé des preuves de cas de conscience que dans les publications de deux kibboutzim, celles de Yiron et Sasa. Un bulletin de Yiron de 1949 déclare : "Les faits montrent que les hommes, les femmes, les personnes âgées et les bébés ont été assassinés, des villages ont été détruits et incendiés, sans aucune justification."
Un des membres de Sasa a écrit : "Je pense au village abandonné de Sa’sa ou nous sommes entrés ce matin avec fierté et énergie, et a la vie des Arabes qui y vivaient. J’ai erré à travers quelques-unes des maisons décrépites. J’ai examiné les cruches qui avait été renversées, les grains récoltés, les livres, les chaussures de bébé, et j’ai ressenti l’odeur de destruction ... Les camarades ont débattu de ce qu’il fallait faire de la mosquée. L’armée l’a détruite et la plupart des camarades ont convenu que c’était "inévitable". "
Au kibboutz Beit Ha’emek, quelqu’un s’est interrogé sur les vieux oliviers, se demandant ce que les arbres raconteraient sur " différentes personnes et de nombreuses récoltes," s’ils étaient capables de parler.
K., comme vous le dites vous-meme, c’est compliqué le sionisme... ET là personnellement je me pose des questions. Car c’est un article, de Tom Segev, publié dans un journal très connu et respecté d’Israel. Ce n’est pas le quotiden des intellos de gauche de Goteborg, origine de la geographe. C’est Tom Segev. Ce sont donc les Israeliens, et pas seulement Benny Morris, qui doivent etre schizophrene ! Ou alors il faut prendre encore plus au serieux la question du repli identitaire. Un repli qui rend totalement aveugle au present et au passe. A moins que ceux qui osent lire SEgev soient vraiment qu’une toute petite minorite.
Questions...
Asher, vous semblez avoir une dent contre les “intellectuels de gauche” ? Mais Tom Segev n’en est-il pas un ?
Sans le savoir, seriez-vous victime du second “paradigme” de Philip Weiss ?
Amicalement
K.
Vous avez raison. J’ai peut-etre une pétite rancoeur, face aux "intelletuels de gauche", mais c’est celle du depit, plutot que du mepris.
J’estime de facon generale, la defaite des intellectuels de gauche et de la pensee critique comme etant aussi de leur responsabilite, et pas seulement celle de la victoire des conservateurs, ou neo-cons.
De maniere personnelle, j’accuse la generation de mes parents, celle de 68, d’etre responsable en partie de la defaite du progressisme, du renoncement des intellectuels, et de la victoire de la reaction des banquiers, financiers, militaires, des mafias et des fondations philanthropiques qui remplacent la vocation universaliste des universites et des Etats republicains comme celui de la France.
Mais j’admets tout a fait exagerer et que cette petite rancoeur repose en partie sur des presuposes du a mon histoire personnelle, donc non-objective.
Asher, vous dites vous poser des questions après lecture de certains articles comme celui de Tom Segev. Les pionniers d’Israel avaient-ils été capables de tels agissements, semblez-vous vous demander ?
Très honnêtement, je crois que ce débat est dépassé. Parce que la réponse est clairement oui, et ce n’était pas l’exception mais bien la règle. Le reste fait partie, excusez-moi Asher, de la rubrique “conte et légende” sioniste.
« [L]e sionisme était un mouvement de conquête, et tous les moyens étaient autorisés pour accomplir la tâche » écrit Zeev Sternhell qui semble d’ailleurs l’assumer pleinement.
A mon avis si questions il y a c’est : Comment expliquer cette absence de scrupule, cet hallucinant renversement de perspective (les Palestiniens essayant de récupérer une partie de leurs biens sont qualifiés de voleurs), ces mensonges (les Arabes nous ont "légué" leurs terres, leurs maisons et même leurs meubles et articles ménagers écrivent les colons), ce déni quasi psychotique de la réalité ?
Et la réponse me semble évidente : Ces hommes et ces femmes ont vécu, ont vu, des choses bien au-delà du tolérable. Et même quand ils n’avaient rien vu ni vécu, ils étaient mus par le même sentiment d’humiliation et de colère de s’être vus reléguer à un statut de sous-humains, avec le consentement d’une grande partie de la "communauté internationale", uniquement du fait que le hasard les avait fait naître juifs.
Très amicalement
K.,
Je comprends votre reflexion et je la partage amplement.
Vous avez mal compris mon etonnement. Il consistait a m’etonner, voire a me sentir revolter, que bien que des textes aussi critiques (salutairement, s’entend), tels que ceux de Tom Segev, auteur que par ailleurs j’apprecie beaucoup (Le Septieme Million), soient publies dans Ha’aretz, un journal central dans la vie politque israelienne, un peu a la maniere de Le Monde en France, et malgre ce fait soient ignores, la vie politique israelienne soit regie par des extremistes, par un extremisme qui peut encore empirer si possible, avec l’arrivee comme une ombre de destruction de Bibi Netanyaou...
Mon etonnement consistait en cela.
Quant au votre, a votre question sur les conditions de possibilite d’une telle inhumanite exercee par les Juifs sionistes envers les Palestiniens des 1947-48, je trouve votre explication interessante.
Je ne la crois pas suffisante, mais necessaire.
Tres amicalement
Comparons
En Europe après 1945 des millions de personnes sont déplacés de force
(je ne parle pas de ce qui se passe durant les combats)
• polonais des territoires annexés par l’Urss
• population de langue allemande les sudètes de la tchécoslovaquie
ne sont que deux exemples se comptant en millions de personnes
Après la première guerre on avait essayé de maintenir les populations ; la deuxième guerre c’est le déplacement, l’expulsion des vaincus (allemands) mais pas uniquement
La Palestine illustre ce cas mais il a été moins radical qu’en Europe.
« La vraie histoire de Kfar Etzion est l’histoire d’une collaboration entre les colons et la direction de l’Etat qui voyait dans la colonisation une valeur sacrée. C’est l’histoire d’une supercherie, d’une opération qu’on savait par avance illégale et d’une pensée politique chancelante. C’est précisément en cela qu’elle était la marque, le symbole de tout ce qui allait suivre. »
Vous avez rêvé de la fondation idéale d’un Etat , sans violence (pouvez-vous en citer un seul exemple dans l’histoire ?) et d’un Etat idéal (même chose, pouvez-vous en citer un ) et vous découvrez que les Palestiniens ont été expulsés (vous ne le saviez pas ? mais qui l’ignorait , franchement ? ) et souvent manu militari et que le commencement n’a pas été idéal et ne fut pas pavé de roses. En effet, il ne fut pas idéal et les Palestiniens ont été chassés, repoussés de l’autre côté du Jourdain, parce qu’ils voulaient chasser les juifs tout court, de leur sainte terre d’islam : est en cause une vision religieuse du monde, la terre d’islam.
Certes ce que les Palestiniens ont subi n’est pas bien et d’ailleurs ça fait 60 ans qu’on les plaint et qu’on les soutient. Je veux dire l’Europe. Car en fait de soutien des pays arabes, il y aurait beaucoup à dire et on attend toujours les historiens Arabes palestiniens ou d’ailleurs qui oseront écrire cette histoire, en historiens et non en propagandistes. La vraie histoire.
A ce propos quand vous aurez fini la promotion de Pappé qui attribue à Israël tous les traits du nazisme (ce qui n’est sans doute pas du tout exagéré et certainement une preuve d’une grande rigueur historique : génocide , extermination, j’en passe et des meilleurs qui sont le décalque des mythes entretenus par Le Hamas et autres djihadistes à travers le monde ) et que vous aurez "prouvé" qu’Israël a pratiqué et pratique un génocide sur 700 000 Palestiniens devenus aujourd’hui plus de 5 millions, qu’est-ce qu’il vous restera à dire ? De quoi pourrez-vous l’accuser encore ?
Vous êtes condamnés à vous répéter, c’est triste.
Mais êtes-vous aussi condamnés à aider l’islamisme à s’étendre davantage ?
Comment voyez-vous l’avenir ?
merci de votre réponse
Débattre n’est pas caricaturer
Mon livre – Comment Israël expulsa les Palestiniens 1947-1949 – ne fait, cher SB, la promotion de personne. Il propose une synthèse des travaux des « nouveaux historiens » israéliens sur la guerre de 1948 et notamment sur l’expulsion des Palestiniens.
Visiblement, vous n’avez pas lu ces chercheurs. Car ils ne professent pas les opinions que vous leur (et me) prêtez. Aucun d’entre eux, par exemple, ne compare le jeune Israël et le nazisme. Aucun non plus ne présente l’expulsion des Palestiniens comme un génocide. Bref, contestez-les si vous le souhaitez, mais à partir de leurs travaux, pas d’une caricature qui ne leur ressemble en rien.
Ce qui est vrai, en revanche, c’est que l’Israël d’aujourd’hui n’a plus rien du pays dont nombre de penseurs et de militants, y compris sionistes, avaient rêvé. Martin Buber, par exemple, voulait un Etat binational, démocratique et égalitaire : on en est loin.
Un dernier point : vous semblez penser que la recherche de la vérité historique est de nature à renforcer l’islamisme. A moins que, votre formule étant floue, il ne s’agisse de la critique de la politique israélienne. Dans les deux cas, à mon avis, vous avez tort. Ce qui alimente toutes les formes d’extrémisme, c’est le refus de reconnaître les souffrances du peuple palestinien, dans le passé comme aujourd’hui, et de prendre en compte ses aspirations légitimes.
En contribuant à faire connaître l’histoire de leur pays, y compris ses pages noires, les « nouveaux historiens » israéliens me semblent au contraire contribuer à la reconnaissance mutuelle et, au-delà, à une solution pacifique et juste du conflit israélo-palestinien.
Dominique Vidal.
Objectivité...
Bonsoir,
J’ai été assez déçu par le discrédit que vous apportez à ce que disent certains historiens, en particulier Benny Morris, par rapport justement à Ilan Pappé qui ne se prive pas pour déformer les événements.
Je m’en explique ci-dessous et dans les 4 posts qui suivent.
1. Par exemple quand vous écrivez : "Benny Morris s’est récemment rallié à la nécessité du « nettoyage ethnique » [2], contredisant du coup sa thèse de toujours, selon laquelle « le problème palestinien est né de la guerre, et non d’une intention, juive ou arabe » [3]"
Personne ne met en doute, et certainement pas Benny Morris, que les événements qui se sont produits pendant les opération Dany, Yoav et Hiram sont des expulsions forcées. Il le souligne assez dans ’The Birth... Revisited’, dans ’making Israel’ ou dans ’1948’.
Et ce qu’a dit Benny Morris dans l’interview que vous citez, c’est que si Ben Gourion avec fait en sorte qu’on expulse aussi les Palestiniens de Cisjordanie, le problème palestinien n’existerait sans doute pas (c’est très macabre mais cela n’en reste peut être pas moins vrai).
Par contre, ce que Benny Morris rejette :
* c’est que les événements de la seconde phase de l’exode de 1948 (entre april et juin) aurait été le résultat d’une politique *planifiée* et prévue des autorités sionistes et il dit ne pas savoir d’où est venu exactement l’initiative de celles des opérations Dani, Yoav et Hiram.
(suite + bas)
Objectivité (2)
2. Vous écrivez : "Concernant les effectifs, ceux des forces juives ont évolué d’environ 50 000 à la fin de 1947 à près de 90 000 à la fin de 1948"
Il est clair qu’il est essentiel pour que la thèse du ’’nettoyage ethnique’’ ou de l’expulsion planifiée tienne la route qu’on puisse montrer que les forces du Yishuv étaient sans conteste supérieure et n’avaient rien à craindre dans la guerre.
D’où tenez vous les chiffres que vous donnez. Pas de la bibliographie que vous citez.
Benny Morris, dans ’’The Birth... revisited’’ évalue les forces du Yishuv à quelques milliers mal armées fin 1947. David Tal ’’Palestine 1948’’ indique qu’il y avait 18,000 hommes en tout début avril et Yoav Gelber, ’’la guerre de 1948 en Palestine’’ les évalue à 35,000 le 14 mai (50% de forces fixes et 50% de forces mobiles).
Il est vrai que les Palestiniens ou les volontaires arabes venus les soutenir ne faisaient pas le poids. Mais soit, on peut y revenir.
Pour les forces arabes, vous citez les contingents envoyés (en tre parenthères, les Libanains n’ont pas participé).
Pour justifier d’une politique planifiée d’expulsion ou non, Walid Khalidi n’ont que deux arguments :
* un extrait d’un paragraphe du Plan Daleth, alors qu’il fait plus de 70 pages, comme le souligne Yoav Gelber ET l’idée que Ben Gurion et ses conseillers n’auraient jamais rien eu à craindre...
Soit, mais comment les leaders du Yichouv, fin 1947 pouvaient-ils deviner que sur les 165,000 hommes que composaient les armées arabes, ils n’enverraient que 25,000 hommes ? Comme pouvaient-ils prévoir qu’ils obtiendraient un soutien du bloc de l’est pour la fourniture en armement et qu’ils auraient l’argent pour les payer ? Comment pouvaient-ils prévoir qu’ils réussiraient à transformer leurs milices (!) en une armée (comme le souligne également Morris dans ’The Birth’).
Vous rappelez vous même qu’en octobre, les forces arabes se montaient à 55,000 hommes. C’est ce qu’ils ont pu aligner après 6 mois de mobilisation. S’ils avaient mobilisé comme Ben Gourion, dès novembre, c’est ce qu’ils auraient eu ... le 15 mai. Et c’était fait d’Israel, car, comme le reconnaissent tous les historiens (même Pappé), les 6 premières semaines de la guerre furent excessivement difficile pour les Israéliens, de part notamment l’absence d’armes lourdes.
Objectivité (3)
3. division ou brigade ?
Je vu une erreur qui m’a laissé perplexe dans votre dernier ouvrage : ’Comment Israel expulsa les Palestiniens’. Vous confondez ’division’ et ’brigade’...
Un détail ?
Peut être. Selon moi, non. Cela donne une indication claire du fait que les "choses militaires" ne sont pas votre fait. La première chose que j’ai faite quand je me suis intéressé au problème, ca a été d’essayer de m’y retrouver dans ces notions de "brigade - bataillon - compagnie" car sans cela, comment comprendre le réel rapport de force ?
Ce que les "nouveaux historiens" disent, dont par exemple Avi Shlaim dans son article intitulé ’’The debate about 1948", c’est qu’il n’y a pas eu miracle dans la guerre et qu’on n’a pas assisté au "Petit David contre le Grand Goliath". Mais cela ne veut pas dire qu’en 1947, comme l’avaient indiqué les commentateurs militaires britanniques des événements à venir, les forces du Yishuv n’étaient pas inférieures. Elles l’étaient ! Elles l’étaient sans doute possible. Mais comment prévoir une fois encore que le Yichouv prépareraient cette guerre tandis que les Arabes la prendraient à la légère (voire trahiraient les Palestiniens).
Je vous invite à lire "Guerre Civile de 1947-1948 en Palestine mandataire" sur wikipedia (les sources sont indiquées ; parfois de vos propres ouvrages ; souvent recoupées). Il découle des faits et de la suite des événements que l’offensive d’avril n’avait pas pour but d’expulser les Palestiniens mais bien d’assurer la continuité territoriale du territoire à défendre face aux attaques annoncées et attendues (même si elles ne sont jamais réellement venues).
Certes, comme le dit "Benny Morris", la réalisation de cette continuité territoriale impliquait également l’expulsion si les civils palestiniens restaient sur place... Mais, selon ses recherches, les expulsions n’ont pas eu lieu... car les Arabes fuyaient dès l’approche des combats.
Objectivité (4)
4. Ilan Pappé...
Ilan Pappé, ’’La guerre de 1948 en Palestine" (2000), éditions La Fabrique, p.113 écrit : "[en février 1948] le désarroi et le désespoir ressortent clairement des notes prises lors des réunions du parti Mapai". "Les attaques contre les colonies et les grandes routes ont pris au dépourvu la direction juive, qui avait sous-évalué l’intensité de la réaction arabe". Cela notamment suite au siège et au problèmes de 100,000 juifs de Jérusalem.
Vous encensez son dernière ouvrage : "The Ethnic Cleansing of Palestine". Mais tout qui est de bonne foi voit clairement que Pappé ne prend en compte qu’une partie des faits, se contredisant lui-même et pire, allant jusqu’à inventer des faits et extrapoler.
5. Le chaos
Dans ’’La guerre de 1948 en Palestine", Ilan Pappé, reprenant Ben Gourion, décrit aussi la "spirale de violence" qui caractérise les mois de décembre et de janvier... (Dans Ethnic Cleansing, il déclare que tout est relativement calme par contre).
Que disent les faits ?
Selon un rapport de l’onu, sur les deux premiers mois, on compte 100 morts et près de 200 blessés par semaine (en gros 50/50 en Juifs et Arabes).
100 morts par semaine, sur une population de 2000,000 habitants avec 100,000 soldats britanniques présents (bien que plus très chauds à assurer l’ordre).
Il y a un moyen très simple de réaliser ce que cela signifie. Il suffit de comparer avec un exemple récent qui nous a tous marqué : l’Irak.
Il y a 30,000,000 habitants en Irak. Si on ramène les chiffres à cette échelle, cela donnerait 1500 morts et 3000 blessés par semaine avec... 1,500,000 de soldats pour y garantir l’ordre.
La palestine de janvier 1948 fut un enfer sans nulle comparaison avec l’Irak que nous avons connu !
Ce n’est pas l’image que Pappé nous en donne. Par contre, Benny Morris, certes raciste selon vos propres dires, nous en donne une vision plus cohérente.
Objectivité (5)
6. Conclusions sur 1948
Ce qui s’est passé en 1948, en Palestine et en particulier dans les territoires qui formeront Israel est suffisamment grave pour qu’il ne soit pas nécessaire d’inventer ou de trafiquer l’histoire (comme le fait Pappé).
Agir ainsi, par rancoeur ou à des fins politiques, est indigne de quelqu’un qui se nomme historien.
C’est bien les conséquences de la situation de guerre civile (terrible !). qui ont conduit à l’exode massif de 350,000 Palestiniens jusqu’en juin, sans que personne ne fasse rien pour l’empêcher et certainement pas les Israéliens, mais malgré tout non planifiés par les autorités du Yishuv (comme le disent, à différents endroits et avec des mots différents, Benny Morris, Henry Laurens, Avi Shlaim, Tom Segev, Yoav Gelber).
Et c’est bien à des expulsions volontaires (des intimidations et des massacres) dont ont ensuite été victimes 300,000 Palestiniens lors des opérations Dani, Yoav, pas lors de Kedel !, mais bien lors d’Hiram sans que l’histoire n’ait pu prouver le responsable (En tant qu’historien, Morris soupçonne ’Ben Gourion’ dans ’The Birth’ ; en tant qu’homme, il l’accuse dans son interview dans Ha’aretz ; et en tant qu’historien à nouveau, ils demandent les mémoires de Yigal Alon et de Moshe Carmel dans ’La guerre de Palestine. 1948. Derrière le mythe’.
7. Epilogue sur l’après 2000
L’attitude de Pappé et de ceux qui utlisent l’histoire à des fins politiques coutera cher à la paix et donc, aux Palestiniens. C’est le problème avec ces gens. Ils sont prêts à se battre... jusqu’au dernier Palestnien !
De l’autre côté, en Israel, le discours de Morris était difficilement digérable et assimilable pour cette génération dont on vient briser les mythes. Mais grâce à Pappé, ils peuvent continuer à se voiler la face, car aujourd’hui, on peut sans craindre leur dire que si des crimes [graves] ont été commis, une fois encore [comme le veut un autre mythe] le monde les accable injustement par antisémitisme et se retourne injustement contre eux.
L’injustice commise envers les grands-parents et les parents des Palestiniens d’aujourd’hui ne sera JAMAIS réparée. C’est trop grave. Après la notion de "crime contre l’humanité", on doit maintenant parler de "crime de l’humanité" entière contre une nation mais ce n’est pas par le mensonge ou l’exagération qu’on se dirigera vers une voie de réparation du "crime originel d’Israel, des pays Arabes, des dirigeants palestiniens, des Britanniques et de l’Assemblée de Nations" à l’encontre de ce peuple.
Cordialement, ceedjee@hotmail.com
D.V.
Vous avez adopté le point de vue d’Illan Pappé qui est un point de vue partisan, et non un point de vue d’historien, à savoir qu’il accuse Israël , dès l’origine, d’avoir planifié un nettoyage ethnique : relisez-vous, vous l’avez écrit noir sur blanc, reprenant Pappé qui l’écrit noir sur blanc. Les mots ne sont pas innocents.
Parler de nettoyage ethnique, planifié, (deux choses historiquement fausses mais politiquement lourdes de sens) est alimenter l’accusation infâmante et immonde de nazisme de la part d’Israël qui figure elle aussi noir sur blanc dans la charte du Hamas et que les pro-Hamas hurlent dans les rues.
Tout cela n’est que partisan, au détriment de l’histoire, faussée. Et au détriment des Palestiniens, victimes d’idéologies. Ce qui envoie les Palestiniens dans l’impasse de la religion en guise politique , les glorifie de supporter le fanatisme d’un pouvoir cruel, d’un gouvernement à l’idéologie fanatique, religieuse, anti-démocratique, qui terrorise le peuple : Hamas. Et cette impasse due au Hamas est ce qui empêche la création d’un Etat palestinien par la scission qu’il a introduit chez ceux-ci.
Quant au projet d’Etat bi-national des origines porté par des juifs tels Martin Buber, Scholem, etc. il a dû être abandonné devant les faits : les exactions commises contre les juifs lors des émeutes organisées par le fameux al-Husseini, ancêtre du Hamas, imposant dès les années 20 des repères et objectifs religieux en place de repères et objectifs politiques aux Palestiniens càd en clair : la terre d’islam ne se partage pas car l’islam ... affaire sacrée gnia gnia gnia ...donc la Palestine sera une et musulmane, et pas de place pour les juifs sur une terre d’islam, terre sacrée (car l’islam manque de terres sans doute ...) plutôt que des critères politiques : une solution négociée, soit un Etat bi-national, ou deux Etats.
L’ Etat bi-national, comme projet historique, a dû être abandonné du fait du fanatisme religieux palestinien porté par le Mufti Amin al-Husseini qui alla jusqu’à collaborer avec les nazis pour défendre sa "cause" : aucun compromis, pas de solution politique, une seule idée religieuse , les juifs dehors, parce que ce sont des juifs (tant que c’était des Turcs on n’avait rien à dire). ça arrangeait les pays arabes, cette résistance sans compromis, extrémiste. Ils ont laissé faire. Les Palestiniens en ont été victimes -mais ces victimes leur étaient bien utiles dans leurs stratégies diplomatiques. Les Arabes n’ont cure du sort des Palestiniens. En revanche ils les utilisent cyniquement, comme levier dans les rapports de force entre Etats. Et à différentes reprises ce sont les Arabes qui ont organisé les grands massacres de Palestiniens, sans que cela ne provoque de protestations des peuples Arabes. Aucune manifestation, rien.
Quatre précisions
Sur les (très) longues réflexions de Ceedjee, je me contenterai de quelques brèves remarques essentiellement factuelles, laissant le lecteur en tirer les conclusions qu’il voudra.
Une première précision : mon livre, Comment Israël expulsa les Palestiniens (1947-1949), n’expose pas des thèses personnelles, mais résume les travaux des « nouveaux historiens » israéliens. Tout, dans cette synthèse, provient de leurs propres recherches, y compris celles de Benny Morris dont l’évolution politique - j’y insiste longuement - n’a pas remis en cause les acquis historiques.
C’est évidemment le cas du chapitre consacré aux rapports de forces entre les belligérants de 1947-1949, que j’ai intitulé « David contre Goliath ». Contrairement à la légende de cette guerre, les « nouveaux historiens » s’accordent en effet sur la nette domination des forces juives. Cette dernière s’exprime dans les chiffres donnés par Benny Morris comme par Ilan Pappé et d’autres, et qui rejoignent d’ailleurs ceux de… David Ben Gourion lui-même : leurs évaluations varient, pour mai 1948, de 35 00 à 50 000 pour les troupes juives et de 25 000 à 30 000 pour les troupes arabes, plus quelques milliers de Palestiniens armés et 3 830 volontaires de l’« Armée du secours ». Et le fossé ne cessera de grandir, Israël profitant de la trêve intervenue du 11 juin au 9 juillet pour renforcer considérablement son armée. Le lecteur intéressé par les sources de ces chiffres les trouvera parmi les… cinquante-quatre notes du chapitre en question.
Mais, dans un conflit, les rapports de forces ne se réduisent évidemment pas au nombre d’hommes engagés de part et d’autre. Ils dépendent aussi de leur armement, domaine dans lequel le jeune Etat d’Israël jouira très vite d’une supériorité incontestée, grâce à l’aide massive du bloc communiste. Ce qui nous amène à une autre dimension, essentielle : la situation stratégique. Le jeune Israël n’est pas aussi isolé qu’il le paraît, montrent les « nouveaux historiens » : non seulement il bénéficie, pour des raisons bien sûr différentes, du soutien des Etats-Unis et de l’Union soviétique, mais il sait que la Légion transjordanienne, la seule armée arabe digne de ce nom, n’interviendra pas sur son territoire, en vertu de l’accord tacite conclu entre le roi Abdallah et Golda Meïr le 17 novembre 1947, douze jours avant le plan de partage des Nations unies... C’est pourquoi, malgré la difficulté du combat sur plusieurs fronts dans les premières semaines de la guerre, la direction israélienne n’a jamais douté de sa victoire. Et elle a poursuivi son autre guerre : l’expulsion, massacres à l’appui, des Palestiniens.
Il est vrai que, depuis vingt ans, le débat historique a changé de nature. Avec les premiers livres des « nouveaux historiens », il s’agissait de savoir si, en 1947-1948, les Palestiniens avaient fui volontairement ou s’ils avaient été expulsés. Cette question tranchée, il porte désormais sur le point de savoir si cette expulsion est, comme le maintient Benny Morris, « née de la guerre », ou si, comme l’assure Ilan Pappé, elle a été « planifiée ». Paradoxalement, la lecture du premier livre de Benny Morris, The Birth of the Palestinian Refugee Problem, mais aussi de sa seconde édition (actualisée alors même que son auteur soutenait la politique d’Ariel Sharon), fournit beaucoup d’arguments en faveur de la thèse de l’expulsion planifiée. Laquelle forme le fil rouge du nouveau livre d’Ilan Pappé, Le Nettoyage ethnique de la Palestine. L’un et l’autre méritent d’être lus.
Les faits, cher Ceedjee, sont têtus : encore faut-il accepter d’aller les chercher dans les livres qui les exposent. David Tal et Yoav Gebler, que vous citez à plusieurs reprises, ne comptent pas parmi les « nouveaux historiens » : ils figurent parmi leurs adversaires. Pis : Gebler, qui ne fait pas mystère de ses opinions d’extrême droite, a mené, à l’université de Haïfa, la campagne maccarthyste qui a amené Ilan Pappé à quitter Israël pour la Grande-Bretagne. Quant à Wikipedia…
Dominique Vidal
PS : Je ne suis pas un adepte des adjectifs. Mais comment qualifier un historien qui se laisse aller à confier – entre autres horreurs - au quotidien Haaretz, le 8 janvier 2004 : « Nous devons essayer de guérir les Palestiniens. Peut-être qu’avec les années, l’établissement d’un État palestinien contribuera à ce processus de guérison. Mais, jusqu’à ce qu’un traitement soit trouvé, ils doivent être contenus afin qu’ils ne réussissent pas à nous assassiner. (…) Quelque chose comme une cage doit être construite pour eux. Je sais que ceci semble horrible. C’est réellement cruel. Mais nous n’avons pas le choix. Il y a là un animal sauvage qui doit être enfermé d’une façon ou d’une autre. »
suite : les Palestiniens victimes d’idéologies
suite : les Palestiniens victimes d’idéologies, religieuse (du Mufti au Hamas ce qui les a retenus -leurs chefs- de trouver un compromis politique avec Israël, car le peuple ne demande que cela, la paix et vivre en paix, aux côtés d’Israël, hormis l’infime minoité de fanartiques qui les dirigent dans leurs impasses ) et militante à la Pappé qui construit face aux malheureux Palestinien, Israël en monstre nazi, justifiant l’absence d’accord politique auquel leurs chefs religieux les conduisent dans un unique refus de négocier quoi que ce soit.
Deux excès qui s’épaule. Deux idéologies qui enferment les Palestiniens dans leur impasse séculaire, depuis le début du siècle dernier.
Vous ancien communiste, supposé laïque et faire de la politique, avez, comme Pappé rejoint la cohorte des partisans du Hamas, réactivant les excès et folies des origines , faisant de cette question une question religieuse et métaphysique (l’islam ne tolère aucun non-musulman sur ses terres, indépendamment du droit international moderne et des partages induits par les conséquences de la II° guerre mondiale) et qui aboutit à vous (Pappé, et les diverses extrèmes-gauche) jeter dans les bras du Hamas à l’idéologie religieuse, intolérante, archaïque et qui ne connaît de pouvoir que dictatorial. J’oubliais, antisémite bien sûr, mais il est bien clair que ce n’est pas un problème pour ces cohortes aveuglées par la passion.
Bravo pour le parcours. Dans tous les cas ce sont les Palestiniens qui subissent cette situation, otages qu’ils sont de rivalités de pouvoir entre pays, entre Arabes, et où la religion ne fait qu’apporter dissession et impasse s. Ils sont dans l’impasse avec le Hamas et avec des ambassadeurs de leur cause tels Pappe et toutes les cohortes d’abrutis que vous soutenez et ne sont aps près d’en sortir.
Les Palestiniens sont complètement instrumentalisés. Ils ne sont qu’un prétexte.
Peut-être, à la longue, pourrez-vous gagner à ce que les Palestiniens auront tout perdu, mais que de bons défoulements auront été possibles sur leur dos. Il est clair qu’on est loin de l’histoire d’un historien véritable. Histoire que Pappé déforme dans un but parfaitement malsain et qui certainement dessert les Palestiniens , car ne les aidant pas à se débarrasser du Hamas qui est et fera leur malheur. Ainsi, en diabolisant Israël en utilisant un vocabulaire qui tend à le nazifier (comme le fait le Hamas) et au pris d’une déformation de l’histoire, il ne peut mieux contribuer à enfoncer les Palestiniens dans leur impasse. C’est certain. Ainsi ils vont dans le mur, depuis le Mufti et son fanatisme religieux et ça continue avec le Hamas : on a affaire au même refus de recherche d’un accord politique sur la base d’un compromis politique : cette terre ne peut être tout entière à personne, il faut partager. Et le rôle que joue l’extrême-gauche pro-palestinienne, un jour les historiens en feront l’histoire et l’histoire vous jugera.
Cher S.B.,
« Tout ce qui est excessif ne compte pas », disait, paraît-il, Talleyrand.
Dominique Vidal.
un Etat ne se construit pas sans violence
Dominique Vidal
Vous faîtes l’impasse sur les vraies questions d’histoire , à commencer par ma question posée : un Etat ne se construite pas sans violences. Citez-moi une exception. Vous n’avez pas répondu.
Les historiens israéliens font l’histoire de la fondation de l’Etat d’Israël, qui, comme tout Etat, ne s’est pas construit sans violences - et de plus, si vous voulez bien tenir compte du contexte, y compris la sortie de la II° guerre mondiale. Est-ce une raison pour le diaboliser et le traiter de manière infâmante, dans le vocabulaire du Hamas , càd le nazifier ? Vous avez réussi , les Arabes pro-Hamas sont maintenant dans les rues à hurler ce genre d’insanités, suivis par quelques crétins d’extrême-gauche irresponsables ou autres qui ont besoin de défoulements.
Ensuite, la fin de la II° guerre mondiale a vu des millions de populations déplacées, Allemands des Sudètes par ex. , où sont-ils aujourd’hui ? Derrière l’équivalent d’un Hamas à réclamer de revenir en arrière en menaçant de bombes le spopulations civiles pour faire plier un Etat ?
Utiliser les historiens israéliens à des fins partisanes, comme le fait Pappé, que vous encensez, alors qu’il déforme l’histoire écrite par les historiens, les vrais, que sont Benny Morris, Tom Seguev, et Avi Shaïm, ça n’est ni servir l’histoire, ni servir la cause non plus des Palestiniens que celle d’Israël. Ces historiens dits "nouveaux", ceux de la dernière génération qui s’en prend à quelques mythes d’une histoire romancée (comme l’a fait De Gaulle pour la France, pour la réunir et la sortir du marasme de la collaboration avec le nazisme) font l’histoire contre les mythes que tout Etat construit pour magnifier ses origines. Les historiens viennent après et rectifient les romans. Il dévoilent des violences . Et alors ? C’est une découverte ?
Vous qui travaillez sur le Moyen-Orient depuis toujours, ne me dîtes pas que c’en est une, je ne vous croirais pas. Comme tout intellectuel sait que De Gaulle a construit le mythe d’une France résistante pour se redresser de la collaboration, et sait aussi quelle fut la réalité derrière ce mythe, sachant parfaitement que le régime de Pétain a eu lieu et que Laval a usé de la police française dans les rafles des juifs, de même tout intellectuel sait que l’Etat d’Israël ne ne s’est pas construit selon une belle romance correspondant au roman officiel.
un Etat ne se construit pas sans violence (suite)
Cela n’autorise pas à le salir comme s’il ne valait pas plus qu’un Etat raciste etc. et lui déverser toutes les immondices possibles pour le nazifier -ce faisant, apporter de l’eau au moulin des révisionnistes et nagationnistes ; le prix est vraiment cher payé pour soutenir une cause aux dépends de la vérité historique- afin d’attiser aujourd’hui encore, les haines entretenues par un islam qui rigidifie les oppositions, et de sorte à empêcher toute solution politique à ce qui est une tragédie pour les Palestiniens, dont tout le monde se fiche, mais que tout le monde utilise, à commencer par les Etats arabes -qui sont lion d’être innocents-, et les islamistes.
Non les excès et déformations de Pappé que vous vantez , ne servent ni l’histoire, ni la cause des Palestiniens.
Les faits sont très têtus !
Bonjour Mr Vidal,
Merci pour votre réponse. C’est très rare d’avoir l’occasion de pouvoir discuter et répondre avec autant de transparence et je vous félicite pour cela.
Je ne suis pas satisfaits de vos réponses et faute de rébondir sur mes propos, je trouve que vous devriez malgré tout méditer ceux-ci...
1. votre livre ne résume pas les apports des "nouveaux historiens" qui se sont exprimés sur la guerre de 1948 et sur l’exode palesitiniens ; a savoir : Benny Morris, Ilan Pappé, Tom Segev, Avi Shlaim et Simha Flapan.
Votre livre constitue une attaque des travaux de Morris pour mettre en valeur ceux de Pappé. Vous tournez en ridicule tout au long de votre travail les analyses de Morris pour souligner que Pappé aurait la vérité.
Faute de reconnaitre ce problème, dites vous au moins qu’il ne passe pas inaperçu.
Une autre critique est que vous êtes particulièrement non neutre quand vous rapportez les critiques faites à ces deux historiens. Le fait d’oublier d’apporter toutes les critiques à l’encontre de Pappé (Yoav Gelber, qui est un homme et un historien exceptionnel, n’est pas pas du tout tel que dépeint par Ilan Pappé ! Vérifiez... Contactez le ou mieux... Je vous invite à aller lire la page de remerciements de ’’The Birth... Revisited’’ ou de ’’1948’’...
2. les faits sont "têtus". Bien surs. Je vous retourne le compliment.
Avi Shlaim a écrit un formidable article de synthèse. Il est downloadable ici : http://www.press.umich.edu/pdf/9780472115419-ch5.pdf il confirme les chiffres que je rapporte (30,000 à la mi-mai) et qui sont également ceux de Benny Morris, David Tal et Yoav Gelber mais qui sont moitié moindres que ceux de Pappé ou ceux que vous rapportez. Pappé n’est pas fiable.
Mais de toute manière :
* L’extrême violence de la guerre civile, n’est elle pas niée par Pappé dans son dernier ouvrage bien qu’elle est mise en évidence dans celui de 92 tandis que les faits sont a ce niveau... terribles ?
* Avoir 52 notes dans un chapitre n’est pas tout. Il faut diversifier et croiser ces sources.
Et de toute manière, vous répondez à côté de la plaque.
Les nouveaux (et les anciens) historiens israéliens soulignent qu’au vu de tout ce qui s’est passé, il est normal qu’Israel ait gagné la guerre (voir Shlaim ci-dessus).
On ne peut pas, comme le fait Pappé, ou comme vous semblez le faire, utiliser la réalité des faits d’octobre 1948 pour justifier d’intentions pour mars voire janvier...
Je vous invite également à lire à ce sujet l’article de Henry Laurens, dont je doute que vous mettiez en doute la bonne foi et le professionnalisme, dans l’ouvrage édité par Avi Shlaim : "1948. La guerre de Palestine. Derrière le mythe". Il explique et exprime très clairement la non consistence des thèses "intentionnalistes" par rapport aux thèses "circonstantialistes" dans le contexte de l’exode palestinien...
3. Qui doute du fait que Benny Morris ait tenu des propos racistes.
Et ?
Quel est le problème à partir du moment où ça n’influence pas son travail d’historien. Par contre, Ilan Pappé est clairement influencé par ses propres convictions (humaniste ou lié à une haine de soi, selon les personnes qui le lisent).
Ses analyses et ses raisonnements sont biaisés. Ce n’est pas le cas de Morris, sauf peut etre dans le mesure où il semble aimer pouvoir appeler un chat, un chat. En tout cas, il ne fait pas de cadeaux aux Pères fondateurs.
4. Yoav Gelber est un historien exceptionnel, comme je vous l’ai dit. Et en rien Maccarthiste. C’est Pappé qui a pêté un fusible et c’est pour cela qu’il s’est fait virer d’Haifa.
Je vous invite à lire les écris de Gelber, avant de juger : * http://www.azure.org.il/article.php?id=475&page=1 * http://hnn.us/articles/782.html * http://www.amazon.fr/Palestine-1948-Emergence-Palestinian-Refugee/dp/1902210670/ref=sr_11_1?ie=UTF8&qid=1233672334&sr=11-1
5. Vieux et nouveaux historiens...
Quelle vision manichéenne vous avez ! Vous filtrez tout via Pappé. Vous tombez dans le mythe "anciens historiens = version officielle"... Mais la responsabilité israélienne dans l’exode est débattue depuis plus de 50 ans, en Israel.
Svp, lisez les articles de Mordechia Bar on (post-sioniste) et Anita Shapira dans "making Israel". Ils sont downloadables ici : * http://www.press.umich.edu/pdf/9780472115419-ch2.pdf * http://www.press.umich.edu/pdf/9780472115419-ch4.pdf
ceedjee@hotmail.com
Félicitations
Pour éviter tout malentendu,
même si j’ai une vision assez négative du dernier livre de Dominique Vidal, ’’Comment Israel expulsa les Palestniens ?", je tiens à souligner que c’est presqu’unique d’avoir la possibilité de dialoguer ainsi, sur un blog, avec une personne ayant une telle notoriété.
C’est une volonté de transparence de la part de Mr Vidal qui se doit d’être soulignée et pour laquelle, je le remercie.
Cordialement, ceedjee
Parlons-nous du même livre ?
J’ai l’impression que le livre dont vous parlez n’est pas celui que j’ai écrit. Selon vous, Comment Israël expulsa les Palestiniens disqualifie Benny Morris et érige un monument à Ilan Pappé. Ce n’est absolument pas le cas.
Je cite, il est vrai, la tristement fameuse interview du 8 janvier 2004 à Haaretz, car ce texte reflète l’évolution politique du citoyen Morris. Mais l’historien Morris, lui, n’a jamais remis en cause les acquis de ses recherches sur 1948, qui en font le pionnier de la « nouvelle histoire » israélienne. Mon livre le montre clairement et longuement. Il insiste même sur les nouveaux apports de la seconde édition de The Birth of the Palestinian Refugee Problem.
Comment nier, cela dit, que Le Nettoyage ethnique de la Palestine marque une avancée considérable, sur le fond et sur la forme, du travail d’Ilan Pappé ? Parmi les arguments qu’il avance à l’appui de sa thèse, beaucoup sont convaincants, à commencer par l’affaire du fichier des villages arabes constitué dès 1940.
L’un et l’autre ont apporté - comme Simha Flapan, Avi Shlaïm et Tom Segev - une contribution importante à la réécriture d’une page d’histoire fondatrice du conflit israélo-palestinien.
Comme l’écrit dans sa préface Yehuda Lancry, ancien ambassadeur d’Israël à Paris, « les “nouveaux historiens”, même à travers le radicalisme d’Ilan Pappé, sont autant d’éclaireurs de cette région obscurcie de la conscience collective israélienne, autant de préparateurs à une adhésion plus ferme à la reconnaissance mutuelle et à la paix avec les Palestiniens. Leur travail, loin de représenter une source de nuisance pour Israël, est à l’honneur de leur pays - et bien plus : c’est un devoir, une obligation morale, une prodigieuse prise en charge d’une entreprise libératrice en mesure d’inscrire dans le vécu israélien les lignes de brisure, les interstices salutaires, nécessaires à l’insertion du discours de l’Autre ».
Dominique Vidal.
Vérification dans votre ouvrage
Mr vidal,
J’ai été vérifier dans votre ouvrage :
p.48, le chiffre de 50,000 est cité mais c’est une estimation d’Azam Pacha...
p.51, vous rapportez le chiffre de 19,000 pour mi-mai 1948 venant des frères Kimche que vous contestez parce que Ben Gourion, lui-même rapporte celui de 30,000 (et non de 50,000). Mais il rajoue, dont 40% armés ! Je me permets de souligner que 30,000 dont 40% armés, cela fait 12,000 soldats... Mais peu importe. Il n’y a pas vraiment contradiction : Yoav Gelber explique le paradoxe en soulignant (p.73 dans son ouvrage) qu’Israel dispose alors d’une force mobile de 18,000 hommes à laquelle s’ajoute une force fixe un peu près équivalente.
p.51 Vous confirmez via les estimations de Lapierre et Collins avec 20,000 hommes mobilisés faute d’armes sur 60,000.
Notez que Lapierre et Collins parle de l’arrivée d’immigrants de Chypre, ce qui est un mythe fondateur d’Israel, comme expliqué par Anita Shapira dans sa superbe analyse (attaque diraient les néo-sionistes) du mythe de Latroun... (quoi, Anita Shapira serait dans le camp des "gentils"... mais ce ne colle pas... En fait, elle est dans le camp des "historiens" !). http://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Latroun_(1948)#Historiographie
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Il est complètement anodin de savoir s’ils étaient 20,000 ou 50,000 sauf, bien entendu, si on s’en sert pour argumenter que le Yishuv n’a jamais eu rien à craindre et de là donner aux actions militaires des fins qu’elles n’avaient pas.
Car si 20,000 hommes aguérris et motivés, avec un potentiel de 40,000 derrière, en défense mais bien que sans armement lourd, ont de bonne chance de résister à des contingents divisés, totalisant 20,000 hommes à plus de mille kilomètres de leur base. Ce sont les faits. Dès lors, le mythe du miracle du petit David (le petit Israel) face Gigantesque Goliath (7 états arabes) s’effondre...
Mais par contre : on ne peut pas argumenter que cet "équlibre" atteint de justesse, d’un côté par une formidable mobilisation et de l’autre par une organisation et une implication exécrables auraient pu être connus dès novembre ’47 ni même mars ’48.
Comme le souligne les nouveaux historiens, dans les faits, le risque réel encouru par Israel était mineur. Mais comme le rappelle Pappé lui même en 1992, dans les perspectives et dans l’esprit du Yishuv et de ses dirigeants, comme des observateurs, Israel n’avait bel et bien aucune chance. Mais Ben Gourion s’est battu pour changer la donne.
Il y a un glissement sémantique entre ce qu’a dit Shlaim, qui est le nouvel historien a avoir analysé le rapport de force, et ce qu’en a fait Pappé (et Walid Khalidi) pour déclarer qu’il existait un plan d’expulsion.
pappé aveuglé par son idéologie
Dominique Vidal
Oui, mais les nouveaux historiens que vous vantez, ça n’est pas Pappé. Or vous faîtes comme si Pappé représentait la quitessence des nouveaux historiens.
C’est inexact.
Tout aussi inexact que ce que raconte Pappé, aveuglé par ses excès idéologiques et son obesssion d’accusation de purification ethnique planifiée, qui est, que vous le vouliez ou non, une infâmie qui consiste à nazifier Israël.
Ce pour quoi , avec ses tripatouillages de l’histoire et ses interprétations fortement biaisées par son idéologie, il a fini par énerver ses collègues et se faire virer de l’université.
DV : Comment nier, cela dit, que Le Nettoyage ethnique de la Palestine marque une avancée considérable, sur le fond et sur la forme, du travail d’Ilan Pappé ? Parmi les arguments qu’il avance à l’appui de sa thèse, beaucoup sont convaincants, à commencer par l’affaire du fichier des villages arabes constitué dès 1940.
Le "Village files" est un document à étudier et dont il faut tracer l’usage dans le cadre de la recherche historique relative aux événements de 1948.
1. Il a déjà été utilisé dans ce contexte par Walid Khalidi "All That Remains : The Palestinian Villages Occupied and Depopulated in 1948" ; 2. Benny Morris en fait mention dans son livre de 1991 : "Israel’s Secret Wars : A History of Israel’s Intelligence Services" 3. Gil Eyal les étudie dans "The Disenchantment of the Orient - Expertise in Arab Affairs and the Israeli", Stanford University Press, 2006.
Whalid Khalidi s’en sert sans les avoir consultés, ce qui lui reproche certains détracteurs. Ilan Pappé n’apporte pas beaucoup plus que Pappé. Il avance sans preuve et sans recherche les intentions avec lesquelles le fichier aurait été rédigé et utilisé.
Comme expliqué par Laurens dans un autre contexte, il place à nouveau des faits dans un contexte "intentionnaliste" a priori, alors que tous ces document sont censés prouver ce contexte e qu’il doit en découler, a posteriori et comme toujours, en ne prenant pas en compte le contexte de la guerre.
Gil Eval, http://www.sociology.columbia.edu/fac-bios/eyal/faculty.html, qui tombe un peu dans la soupe dans la polémique et a qui on peut donc attribuer une certaine neutralité (mais il faudrait analyser ses autres écrits), considère (p.85, 110, 158) que les "village files" rassemblaient 3 types d’information :
* "[They] answered the need of combat intelligence [reporting] the number of men in the village, the number of weapons, the topography and so on" ; * une série d’autres informations relatives à la Hasbara (la rédemptoin de la terre" * "Another interest was buying land from the villagers and settling it".
Il précise également que "the bulk of information in the files reflected the needs and point of view of the emerging Arabist expertise. (...) The Arabists could use this information to interpret the events in the village, but more importantly they could use it to act against the village and use this when needed". Il souligne également qu’ils furent utilisés *après 1948* mais ne fait aucune référence à leur usage pendant la guerre de 1948...
(...)
Ilan Pappé ne ment pas quand il dit que les fichiers existent. Par contre, il ment (selon la définition du sophisme, ou extrapole pour ceux qui veulent avoir de la sympathie pour lui) quand il en rapporte l’usage qui en a été fait car cette partie est fournie sans preuve.
Un peu comme pour le plan Daleth. Pour prouver que le plan était un plan prémédité de nettoyage ethnique, il faudrait tout au moins que ses instructions aient été transmis depuis l’Etat-Major jusqu’aux chefs de brigades responsables des opérations, puis aux chefs de bataillons et de compagnie sur le terrain. Benny Morris, dans ’1948’ explique qu’il n’en a trouvé aucune trace dans la documentation (notez l’extrême bonne foi de Morris, qui ne nie pas leur existence).
Benny Morris, l’historien islamophobe et Ilan Pappé, le propagandiste humaniste
DV [mon livre ne] disqualifie [pas] Benny Morris [pour] érige[r] un monument à Ilan Pappé.
Allons... Sur la forme, je pense pouvoir trouver minimum 20 tournures de phrases qui montrent le parti pris avec lequel vous présentez les travaux de chacun. Ne parlons pas des titres des sections. Sur le fond, je me suis déjà expliqué.
Entre Benny Morris et Ilan Pappé, on en est pas au stade où on doit reconnaître les "mérites" (sic) du premier et souligner le "courage" (sic) du second.
Le premier est un historien (certes devenu islamophobe) mais un des plus grands et des plus rigoureux, reconnu par tous ses pairs en tant que tel, quelles que soient leur opinion d’ailleurs... (je pense en particulier à deux personnes aussi opposées de Yoav Gelber et Henry Laurens).
Le second est tout au mieux un politicien et ne doit sa classification parmi les nouveaux historiens que par ses premiers travaux. Comme montré plus haut également, sa mauvaive foi (son sophisme) ne tient pas à l’analyse la plus élémentaire qui est de mettre côte à côte, ses publications "scientifiques" de 1992 et celles de 2006.
Je me permets de re-souligner, en guise de conclusion que Benny Morris (comme David Tal et Yoav Gelber qui ne sont pas nouveaux historiens) n’ont jamais mis en doute que les opérations Dani, Yoav et Hiram ont mené à l’expulsion forcée et manu militari de près de 300,000 Palestiniens en 1948 et que la décision d’empêcher le retour des Palestiniens après la guerre fut bel et bien planifiée quant à elle. Il n’est pas du ressort des historiens de tirer les conclusions qui s’imposent de ces événements.
Mais par contre, il n’est pas acceptable de laisser planer le moindre doute sur le fait qu’Ilan Pappé n’est qu’un vulgaire protagandiste et en rien un historien.
A propos d’un fichier
Ceedjee s’interroge sur le caractère intentionnel de l’expulsion des Palestiniens, y compris à propos du fichier des villages arabes. Je préfère laisser les lecteurs juges. Voici le résumé que je fais, dans mon livre, du texte d’Ilan Pappé sur cette question :
L’apport le plus neuf de l’historien concerne le fichier de tous les villages arabes établi dès avant la Seconde Guerre mondiale. C’est un jeune historien de l’Université hébraïque de Jérusalem, Ben-Zion Luria, qui en proposa l’établissement : « Cela aiderait grandement à la rédemption de la terre », écrivit-il au Fonds national juif (FNJ) : « Il n’aurait pas pu choisir un meilleur interlocuteur : son initiative visant à engager le Fonds dans le nettoyage ethnique futur allait donner plus d’élan et de zèle à l’expulsion qui suivrait. » Dirigé par Yosef Weitz, partisan convaincu du « transfert », le département de la terre du FNJ s’occupait à la fois d’obtenir des terres arabes, d’y installer des colons juifs et d’en expulser les habitants autochtones (voir chapitre V). Malgré ses efforts, « à la fin du mandat [britannique] en 1948, la communauté juive possédait environ 5,8 % de la superficie de la Palestine ». D’où l’appétit de Weitz, qui en désirait plus et devint « lyrique » lorsqu’il prit connaissance du projet de fichier. Recruté pour s’en charger, un topographe de l’Université hébraïque « suggéra de conduire une inspection à l’aide de photographies aériennes » et « montra fièrement à Ben Gourion deux cartes des villages de Sindiyana et de Sabbarin (ces cartes, aujourd’hui aux Archives d’État d’Israël, sont – précise Pappé - tout ce qui reste de ces villages après 1984 ». Les meilleurs photographes professionnels du pays contribuèrent au projet, un laboratoire étant installé dans la maison de Margot Sadeh… l’épouse de Itzhak Sadeh, le chef du Palmah !
Ainsi furent constitués des dossiers détaillés sur chacun des villages de Palestine, qui comprenaient, explique Pappé, « les routes d’accès, la qualité de la terre, les sources et réserves d’eau, les principales sources de revenu, la composition sociologique, les affiliations religieuses, le nom des muktars, les relations avec les autres villages, l’âge des habitants hommes (de 16 à 50 ans) et bien d’autres choses ». La plus importante était « un index de l’“hostilité” [à l’égard du projet sioniste], à partir du niveau de la participation du village à la révolte de 1936. Une liste comportait quiconque y avait pris part et les familles de ceux qui avaient perdu quelqu’un dans le combat contre les Britanniques. Une attention particulière était prêtée aux gens qui avaient prétendument tué des Juifs. Comme nous le verrons, en 1948, cette dernière information alimentera les pires atrocités dans les villages, conduisant à des exécutions de masse et à des tortures ». En 1943, Ezra Danin, qui jouera cinq ans plus tard un rôle dirigeant dans l’épuration ethnique, systématisera tout le fichier. À partir de ce moment, les dossiers inclurent « des descriptions détaillées des liens familiaux, les cultures agricoles, le nombre d’arbres dans les plantations, la qualité de chaque verger (et même de chaque arbre), la quantité moyenne de terre par famille, le nombre de voiture, les propriétaires de commerces, les membres des ateliers et les noms des artisans dans chaque village avec leurs compétences. Plus tard, s’ajouteront des indications méticuleuses sur chaque clan et son affiliation politique, la stratification sociale entre notables et simples paysans ainsi que les noms des fonctionnaires du gouvernement mandataire ».
Plus la fin du mandat britannique approcha, et plus « l’information s’orienta de manière explicitement militaire : le nombre de gardes (la plupart des villages n’en avaient aucun) et les quantité et qualité des armes à la disposition du village (en général archaïques voire absentes) ». Pour compléter leurs fichiers, Ezra Danin et son assistant, Yaacov Shimoni, recrutèrent deux autres collaborateurs, Yehoshua Palmon et Tuvia Lishanski, mais aussi des « informateurs » palestiniens. « L’actualisation définitive des dossiers des villages, précise l’historien, se déroula en 1947. Elle se focalisa sur la constitution de listes de personnes “recherchées” dans chaque village. En 1948, les troupes juives utilisèrent ces listes pour les opérations de recherche et d’arrestation qu’elles conduisaient dès qu’elles occupaient une localité. Les hommes étaient alignés et ceux qui figuraient sur les listes étaient identifiés, souvent par la personne même qui avait fourni les informations à leur sujet (…), la tête recouverte d’un sac avec deux yeux afin de ne pas être reconnue. Les hommes ainsi choisis étaient souvent abattus sur le champ. » Toute affiliation au mufti ou à son parti politique « constituait un crime aux yeux des experts sionistes. En consultant les fiches de 1947, nous voyons que des villages de 1 500 habitants comprenaient environ entre vingt et trente de ces suspects ». Igaal Yadin l’a reconnu, conclut Pappé : « C’est cette connaissance détaillée de ce qui se passait dans chaque village palestinien qui a permis au commandement militaire sioniste en novembre 1947 de conclure que “les Arabes de Palestine n’avaient personne pour les organiser correctement”. Le seul problème sérieux était les Britanniques : “S’il n’y avait pas eu les Britanniques, nous aurions écrasé l’émeute [contre le plan de partage] en un mois. »
PS : Personnellement, je ne me permets pas de juger qui est un historien et qui n’en est pas un. Qu’est-ce qui vous autorise à faire ? Benny Morris est un historien, Ilan Pappé aussi.
Je note que vous n’avez aucune réponse factuelle à apporter sur aucun des points.
— - DV : Ceedjee s’interroge sur le caractère intentionnel de l’expulsion des Palestiniens, y compris à propos du fichier des villages arabes.
Pas tout à fait. Je n’ai fait que répondre à l’argument que vous avanciez sur les "village files" en tant qu’élément en faveur de la thèse d’une préméditation de la part des dirigeants sionistes quant aux événements de mars à juin 1948.
— - DV : PS : Personnellement, je ne me permets pas de juger qui est un historien et qui n’en est pas un. Qu’est-ce qui vous autorise à faire ? Benny Morris est un historien, Ilan Pappé aussi.
Vous vous permettez de juger qui est raciste ou non mais vous ne vous permettez pas de juger qui est historien ou non ? C’est dans doute ce qui explique que vous faites plus du journalisme politique que de l’histoire.
Il suffit de faire usage de son esprit critique par rapport aux définitions d’usage :
Un historien est une personne qui étudie ou communique sur l’histoire. Il a pour tâche de rapporter des faits passés, de les catégoriser, puis d’en proposer une interprétation équilibrée et justifiée par des sources (...) [en] se conform[ant] à une méthodologie reconnue. Il en va de la crédibilité de sa contribution et de ses conclusions. (...) L’historien doit faire preuve d’impartialité et de distanciation. Cette attitude se traduit par la prise en compte des différentes versions d’un fait puis à distinguer celle qui est exacte sans être dominé par ses préjugés et ses passions.
Ilan Pappé (au travers au moins de son dernier ouvrage) ne correspond en rien à cette définition. Il établit juste un acte d’accusation. Et Dominique Vidal, de son côté, ne fait qu’apporter écho à sa version, sans tenir compte des arguments qui lui sont opposés.
Benny Morris, Tom Segev, Simha Flapan, Yoav Gelber, David Tal, , Avi Shlaim, Nur Masalha, pour l’essentiel de leurs travaux et pour ne citer que certains de ceux qui se sont intéressés à l’exode de 1948, font par contre nettement plus preuve de ces caractéristiques ; ce qui fait d’eux des historiens.
Un peu de modestie
Pour débattre, comme pour danser le tango, il faut être deux. Or, Ceedjee, vous monologuez, sans tenir aucun compte de ce qu’on vous dit.
Et pour cause : visiblement, vous savez tout sur tout et prétendez même décider qui est historien et qui ne l’est pas. Le jour où vous pourrez lire et Benny Morris et Ilan Pappé, puis faire la part des choses, nous reprendrons plus utilement ce débat.
Un conseil, d’ici là : un peu de modestie ne nuit pas.
Dominique Vidal.
Pappé répond à Pappé
Pour débattre, il faut être deux et de bonne foi. Il faut respecter l’autre interlocuteur et éviter les attaques personnelles qui sortent du cadre d’un débat ("il est raciste", "il manque de modestie", ...). Autant présenter des "faits".
Ilan Pappé, Le nettoyage ethnique de la Palestine, fayard, 2006, p.80 :
Quoi qu’il en soit, au bout de[s] 3 jours [suivant le vote par l’ONU de la résolution sur la partition], les correspondants de presse étrangers qui suivaient les manifestations et les grèves constatèrent (...) un désir évident de retour à la normale
Mais le rapide retour à la normale et le souhait des Palestiniens de ne pas se laisser entraîner dans une guerre civile posaient problème [aux] dirigeants sionistes (...)"
Pourtant : Ilan Pappé, La guerre de 1948 en Palestine, La Fabrique Editions, 2000, p.111 :
Le lendemain du vote par l’ONU de la résolution sur la partition, la Palestine fut balayée dès l’aube par un vent de violence, début de la guerre civile qui allait durer jusqu’au 15 mai 1948.
Et : First Special Report to the Security Council : The Problem of Security in Palestine, A/AC.21/9, 16 February 1948 :
§ I.2 : "2. It is because of the extreme gravity of the situation in Palestine now, and the anticipated worsening of the conditions there
§ II.3 : "The representative of the Mandatory Power informed the Commission at its sixteenth meeting on January 1948, that as regards Arabs and Jews in Palestine "elements on each side were engaged in attaching or in taking reprisals indistinguishable from attacks", and that as a result, were it not "for the efforts of the security forces over the past month, the two communities would by now have been fully engaged in internecine slaughter"
§ II.5 : le rapport fait état de 46 morts britanniques, 427 morts arabes et 327 morts juifs... nb : Les arabes [palestiniens] ont été tués par les juifs. Qui a tué les Juifs selon Ilan Pappé ?
Intentions palestiniennes ?
Ilan Pappé, Le nettoyage ethnique de la Palestine, fayard, 2006, p.81 :
"[En décembre, les dirigeants arabes], en particulier ceux des pays limitrophes de la Palestine préféraient ne pas prendre de décision individuelle ou radicale."
First Special Report to the Security Council : The Problem of Security in Palestine, A/AC.21/9, 16 February 1948 :
§I.3.C : "Powerful Arab interests, both inside and outside Palestine, are defying the resolution of the General Assembly and are engaged in a deliberate effort to alter by force the settlement envisaged therein."
§II.6 : " (...) The Subsequent communication of 6 February (...) from the representative of the Arab Higher Committee :
"b. The Arabs of Palestine consider that any attempt by the Jews or any power or group of powers to establish a Jewish State in Arab territory is an act of aggression which will be resisted in self-defense by force."
"g. The Arabs of Palestine made a solemn declaration before the United Nations, before God and history, that they will never submit or yield to any power going to Palestine to enforce partition. "The only way to establish partition is first to wipe them out – man women and child."
La conclusion laissée à H. Laurens
J’espère avoir l’occasion de pouvoir débattre avec vous ou de vous voir débattre avec d’autres historiens de tout milieu et sous la présidence d’une personne dont on ne pourra douter de la neutralité, de manière à voir le monologue politique s’arrêter.
En guise de conclusion de mon côté, je traduirais le dernier paragraphe ci-dessus, rajouterai une citation de David Ben Gourion et citerai Henry Laurens.
Représentant du Haut Comité Arabe à l’ONU, janvier 1948 :
Les Arabes de Palestine ont fait la déclaration solennelle, devant les Nations Unies, devant Dieu et devant l’histoire, qu’ils ne se soumettront à n’importe quelle puissance qui irait en Palestine pour y établir une partition. Le seul moyen d’établir une partition est d’abord de tous les éradiquer : homme[s], femmes et enfant[s]."
David Ben Gourion, 4 avril 1961, au sujet de la polémique autour du procès Eichmann :
Est-ce que le distingué professeur n’est pas conscient que le Mufti était conseiller et partenaire dans les plans d’extermination(*) et que dans tous les états arabes la popularité d’Hitler a grandi durant la Seconde Guerre mondiale ? Est-ce que le distingué professeur est conscient que, sans la force déterminée de l’armée israélienne (...) nous ferions [maintenant] face à un [danger] d’annihilation similaire ?
Henry Laurens, in "La guerre de Palestine. Derrière le mythe. 1948", Editions autrement, 2001, pp.236-7 :
Des prophéties autoréalisatrices à l’intentionnalité ?
Dans une première analyse, il paraît assez clair que c’est la peur qui suscite aussi bien chez les Palestiniens que chez les sionistes deux prophéties dont la réalisation est conditionnée par l’autre.
Les Palestiniens sont persuadés dès le départ que le but des sionistes est leur dépossession. Ils vont tout faire pour empêcher la constitution de l’Etat juif, ce déni de justice pour eux. Les sionistes considèrent l’intervention des Etats arabes comme inévitable. Il leur faut nettoyer le terrain en procédant à la dépossessions des Palestiniens. Ils se trouveront ainsi dans une position telle qu’ils pourront s’opposer efficacement à la progression des armées arabes.
[Et sur l’origine de ce débat, biaisé, sur les événements de 1948] :
Nous sommes dans la situation de la "crise de la conscience européenne" au lendemain des guerres de religion, c’est-à-dire dans l’indispensable incompréhension des actes [violents] de ceux qui nous ont précédés et nous multiplions les procès réels ou imaginaires [à leur encontre].
ceedjee@hotmail.com, février 2009
pensez vous qu’il y’aura un jour une solution au conflit israelo palestinien ?
On cite souvent un interview de Benny Morris pour le discréditer car il montre un caractère potentiellement raciste chez ce dernier. Dans son ouvrage, Dominique Vidal lui consacre d’ailleurs quelques pages. Voici quelques mots d’Ilan Pappé qui confirme qu’il n’est pas historien.
Baudoin Loos : "Did you first become communist or “new historian” ?"
Ilan Pappé : " (...) Some colleague told me I ruined our cause by admitting my ideological platform. Why ? Everybody in Israel and Palestine has an ideological platform. Indeed the struggle is about ideology, not about facts. Who knows what facts are ? We try to convince as many people as we can that our interpretation of the facts is the correct one, and we do it because of ideological reasons, not because we are truth-seekers."
source : Baudoin Loos, ’’An Interview with Ilan Pappé", consultable sur le site de ce dernier : http://ilanpappe.com/?p=43#more-43
Dans son livre : "A history of modern Palestine : one land, two peoples", pp.11-12, Ilan Pappé écrit :
"My bias is apparent despite the desire of my peers that I stick to facts and the ’truth’ when reconstructing past realities. I view any such construction as vain and presumptuous. (...) In short, mine is a subjective approach, often but not always standing for the defeated over the victorious..."
NB : le texte complet introduit d’autres éléments à caractères humaniste et idéologique.
(un abonné du MD) vous dites :"Contrairement à la légende dépeignant un frêle Etat juif à peine né et déjà confronté aux redoutables armées d’un puissant monde arabe, les « nouveaux historiens » établissent la supériorité croissante des forces juives (en effectifs, armement, entraînement, coordination, motivation...). Israël domine aussi stratégiquement, bénéficiant du soutien politique, diplomatique et militaire des Etats-Unis comme de l’Union soviétique".
Comment les sionistes ont-ils pu obtenir le soutien politique, diplomatique, militaire des grandes puissances, pourtant déjà adverses en 1947-1948, qu’étaient les USA et l’URSS ?
A l’époque les USA défendent une politique anti-impérialiste et anti-colonialiste. Ils ont aussi des intérêts pétroliers très important dans le monde arabe. Leur intérêt les porte donc à prendre parti pour les Arabes et les Palestiniens contre le projet sioniste.
Toutefois, le président américain Truman croit vraiment dans la légitimité du projet sioniste. A la veille des élections, il cherche le soutien de la communauté juive américaine qui est pro-sioniste. Comme la plupart des pays du monde à l’époque, l’holocauste culpabilise et vaut la sympathie au projet sioniste.
A l’encontre du département d’Etat US, il va soutenir le projet sioniste et défendre l’option israélienne.
Du côté de l’URSS, les motivations à soutenir Israël sont moins ambiguës.
Les Britanniques sont à l’époque la première puissance du Moyen-Orient et les Arabes y sont leurs alliés. Ils disposent de bases militaires en Egypte et le roi Abdallah de Jordanie est leur allié inconditionnel avec une armée certes petite mais moderne et entièrement encadrées par des officiers britannique.
La création d’Israel va au minimum déstabiliser la région et affaiblir la position des Britanniques dont les relations avec les Juifs ne sont pas bonnes.
En plus, une partie importante du mouvement sioniste est à tendance marxiste. (Il faut penser aux kibboutz et à l’idéologie du paysan-soldat.) Ils sont représentés politiquement par le Mapam et militairement par le Palmach qui sont les unités d’élites de l’armée. Les pays d’Europe de l’Est et de l’URSS comportent également de nombreuses communautés juives qui ne demandent qu’à émigrer en Israel après la guerre.
L’espoir de voir Israel, allié de circonstance, devenir également un allié sincère et former une tête de pont "communiste" au Moyen-Orient n’est donc pas complètement utopique même si la majorité des dirigeants (dont leur chef incontesté, Ben Gourion) restent tournés vers les USA et la communauté juive américaine.
Ce sont les russes (via la Tchècoslovaquie) qui vont vendre à Israël l’essentiel des armes qui vont lui permettre d’être la première puissance militaire de la guerre et ce dès juillet 1948.
Il faut également noter que le sort des Palestiniens n’intéresse personne. Ils n’ont rien à offrir et ils n’ont aucune représentativité politique efficace, même locale et n’ont jamais réussi à se faire entendre au niveau international. Ils sont divisés avec d’un côté ceux qui soutiennent le roi Abdallah et son projet d’annexion et de l’autre le très controversé Amin al-Husseini qui après avoir choisi le camp de l’Allemagne durant la guerre est complètement marginalisé.
Le Yishuv de son côté est attractif. Les Juifs ont développé en Palestine la structure d’un futur Etat moderne et démocratique sur le modèle occidental. Ils ont dans leur rang une foule de diplomates et des personnalités efficaces et charismatiques.
Pillage Vol et Massacre, de vieilles traditions israéliennes :
Israël a pillé et détruit des dizaines de milliers de livres palestiniens dans les années qui ont suivi la création de l’Etat, selon une thèse de doctorat qui sera présenté le mois prochain par un chercheur de l’Université Ben Gourion.
Le chercheur a déclaré à Al-Jazira que, selon les documents qu’il possède, Israël a détruit 27.000 livres en 1958, arguant qu’ils étaient inutiles et menaçaient l’Etat. Les Autorités ont vendu les livres, des manuels scolaires pour la plupart, à une usine de papier, a-t-il dit.
"Ce fut un massacre culturel entrepris d’une manière qui était pire que le colonialisme européen, qui préservait les éléments qu’il volait dans des bibliothèques et des musées", a accusé le chercheur.
il n’y a pire sourd que celui qui ne veut entendre pire aveugle que celui qui ne veut voir il suffit de regarder ce qui ce passe actuellement qui agresse qui ? qui prospère ?et qui souffre ? il ne faut pas rèver .le mal s’est étendu a l’echelle mondiale et nous préparons a nos enfants le chaos comme héritage cela leur fera une belle jambe de savoir si il y avait des ordures ou pas dans ce qui les a ammené la une seule chose est sure.nous mangerons des pissenlis par la racine ce qui nous dispensera de gémir de honte
Question a dominique Vidal : votre démonstration est passionnante, malheureusement vous ne semblez pas objectif. Les nouveaux historiens semblent connaitre une véritable contestation universitaire en Israël même, basée sur de réels arguments. Pourquoi ne pas opposer les deux points de vue ? Les chiffres changent du tout au tout d’un historien à l’autre.
Concernant votre démarche personnelle de recherche de la vérité, vous semblez particulièrement présent sur des sites pro palestiniens tel que Oumma.com ou CAPJO.
Ne devriez vous pas aussi exposer vos positions politiques sur ce conflit avant d’engager une démonstration historique ?
Merci d’avance
Respectueusement
Bravo pour votre travail... A la base je cherchai des cartes, et des surfaces detenues par les juifs vivant en Palestine avant 1947 avec cet article j’ai trouvé beaucoup plus... Et je vous en remercie...
pour moi les cartes les dates et les surfaces suffisent largement a me forger une opinion... Ensuite on est dans le domaine de l’interpretation personnelle des travaux de tel ou tel historien... Ceedjee s’agite beaucoup pour des details je trouve... Il a son interpretation , vous avez la votre....Mais cela concerne des details..... basta cosi...
Ce que je retiendrai :
• Avant 1948 les juifs detenaient moins de 9 pour cent du territoire, acheté aux turcs, a des syriens, libanais, puis aux anglais....
Sources ici :
http://www.protection-palestine.org/spip.php?article105
Pappé parle lui de 5,8 pour cent.
• La decision de l’ONU d’attribuer 50 pour cent du territoire au peuple juif etait inacceptable par les Palestiniens... Leur reaction etait previsible et justifiée....Ils ont ouvert les hostilités....
• Les premiers massacres ont été perpetrés par des juifs, 18 des vingt massacres sur la carte ont été perpetrés par des militaires ? juifs....Et ce sont des massacres de civils.....
• Ces massacres, la guerre civile, et l’incapacité des armées arabes a se coordonner pour combattre efficacement Tsahal ont poussé les 4 /5eme de la population Palestinienne a fuir l’horreur...
• Au final les juifs recupereront les les 2/3 du territoire, fonderont l’etat d’Israel et finiront par occuper le dernier tiers lors des conflits suivants....
• C’est un israelien d’extreme droite qui en assassinant Rabin, a du meme coup assassiné le processus de paix, ce qui n’a pas empeché les Israeliens de porter l’extreme droite au pouvoir....
• La colonisation continue aujourdh’ui avec les colons dans les territoires occupés et ce de maiere totalement illegale...
Il semble bien que les israeliens aient effectivement un probleme avec l’histoire, la vérité, et l’interpretation des resolutions de l’ONU...Ils ne tirent aucune lecon du passé.... Ils ont effectivement tout interet a nous faire prendre des vessies pour des lanternes, a nous et a leur propre peuple....
Si cela n’a pas été de l’epuration ethnique, ca y ressemble fort... J’ai été particulierement choqué par le texte de Pappé sur le fichier des villages arabes (dans votre commentaire).... Si cela est verifiable et verifié, ca pue la premeditation a plein nez.....
Merci encore pour ce travail enorme.....
De nos jour chercher et clamer la vérité est devenu un acte de resistance...
bonjour a vous tous, je viens de passer deux heures a lire cette page de l’histoire qui a mon avis n est pas encore tournée. comment avoir une opinion ?, qui défendre ? qui croire ? que faire ? quel avenir ? tous ça parc qu on est trop diminué intellectuellement pour pouvoir vivre ensemble malgré nos différences. la race humaine est malheureusement ainsi faites. et dire qu’un de nos ministres vient d annoncer que pour lui il existe une hiérarchisation des civilisations.. ;et bien on est pas sortie de l auberge. nous on a pas été gâté mais les suivants je leurs souhaite bonne chance. en tout cas merci pour ce débat ça ma éclairer l’esprit.
Après la vue de "The Promise" de Peter Kosminsky, je suis arrivé sur votre Blog. Une question : Lorsqu’une stratégie d’expulsions et de conquête de points militaires stratégique est planifié, j’imagine qu’un plan associé sur la gestion des prisonniers en résultant y fait partie. Que mentionne les archives Israéliennes à ce propos ? Merci !
Surprenante obsession des "têtes bien pensantes" quant au conflit israélo-palestinien : moralisant et projetant si fréquemment sur le "juif" ce qu’ils sont ou font eux même (dénommé « israélien » de nos jour c’est plus politiquement correct !) Avant de regarder cette « horrible » expulsion de palestiniens d’Israël en 1948 (Ou plutôt d’ arabes vivant dans la région de "Palestinae", car la Palestine n’a jamais encore existée en tant que pays)... vous êtes vous déjà demandé :
• qu’elle fut et est actuellement l’implication de la France dans le génocide du million de Ruandais ? Ou dans la division de la Cote d’Ivoire... etc. Juste pour dire avant de se scandaliser de ce qui se passe chez les autres il est très sain de faire sa propre auto critique. Mais la il ne s’agit pas de génocide mais de départs forcés par les pays arabes ou Israéliens ou un peu les deux ?
Les juifs ont en général le syndrome de l’autocritique si poussé que parfois cela frôle l’autodestruction. Ca vient surement des textes religieux : dans la bible a chaque fois que le peuple se faisait massacrer c’était qu’il été quelque part fautif (ex. regarder d’autres dieux) ; dans le nouveau testament et le Coran : c’est toujours le Juif qui est responsable quand il y a un problème. Même en n’étant plus pratiquants ... les rites et croyances semblent perdurés !
Ces "nouveaux historiens", pour ne pas dire révisionnistes, qui ont le mal de vivre et souffrent surtout chez les descendants de la shoa du « syndrome du survivant" : acceptant de se reconnaitre juif mais cherchent à s’achever et ce souvent en achevant le monde qui les entoure : cad Israël.
Replacer dans son contexte : en 1947 de nombreux pays se sont construits engendrant beaucoup de refugiés (ex. Pakistan qui s’extirpe de l’Inde pour faire un pays musulman : 11 millions de refugies entre les deux pays. Le problème des refugies palestiniens est unique au monde : car seuls a ne pas avoir étés intégrés dans leurs pays d’accueils arabes et à être encore considérés comme des refugies 65 ans plus tard)
• Il est mentionné dans l’article qu’il y eu 400 000 puis 70 000 palestiniens sorties d’Israël (non pas 700 000 comme d’autres l’affirment ici). Ne vous êtes vous jamais demandez : quant est-il des juifs qui résidaient alors en cis-Jordanie ? Y aurait-il eu mouvement de foules que d’un cote ? Beaucoup des « occupants » en Cisjordanie sont des personnes qui sont retournes y vivre et construire sur des terrains achetés au temps du mandat britannique voir avant. Difficile pour Abou Mazen qui veut un pays sans un Juden !
• quant est-il des 980 000 juifs violement expulsés des pays arabes (exclus l’Afrique du nord) en 1948. Tandis qu’ils y vivaient souvant depuis bien plus longtemps que les arabes ?
• quant est-il de tous les pogromes fait par les populations arabes dans la région de la Palestinae contre les populations juives ?
Bonjour, et merci pour votre article.
J’ai un doute sur la position d’Ashdod/Isdud sur vos cartes, car vous le placez en dehors des territoires palestiniens du partage de 1947, alors que le texte de la résolution 181(II) des nations Unis stipule : "Du point d’intersection méridional, la frontière se dirige d’une part vers le nord-ouest entre les villages de Gan Vavne et de Barga, pour atteindre la mer à un point situé à mi-chemin entre Nabi Yunis et Minat el Qila"
Si on regarde une carte de la Palestine de cette époque, cela place le village de Isdud (la ville nouvelle n’est pas encore construite) à l’intérieur de cette limite, donc en Palestine. La ville nouvelle (l’emplacement d’Ashdod actuel) sera construite sur la cote à cheval sur cette frontière officielle, une fois les territoires annexés par Israel.
Voir sur le sujet le très bon travail de talknic sur youtube ici : youtube/watch ?v=blrspfAOpvg , qui même si il est partisans n’en reste pas moins vrai d’après ce que j’ai pu vérifier par moi même (en ce qui concerne Isdud).
Sur quelles sources vous basez vous pour le placement d’Isdud ?
Merci encore,
Cdlt
CP.
N’avez-vous pas dans l’idée d’écrire un ouvrage intitulé : " le péché originel des palestiniens"qui relaterait l’histoire de Hadj Amine Al Husseini et de son refus obstiné de la présence juive, car, pour moi, voyez-vous, la guerre ne débute pas en 1947-1948, mais en 1920, si je ne me trompe, avec les premiers massacres lancés par ce personnage et qui se sont poursuivis en 1929, 1936-1939 et pour finir son allégeance à Hitler en 1941. Alors l’extrémisme palestinien a produit un extrémisme symétrique, et le Hamas reproduit le même schéma : provocation-vengeance- etc....
La vérité divine triomphe toujours ! Les palestiniens souffre de la plus grande injustice de l’histoire contemporaine ...Les Palestiniens subissent une violence féroce et suffocante de la part des occupants juifs.Et pourtant , leur souffrance sont ignorées non seulement par les peuples mais aussi par les médias... ALLAH ( Le Très-Haut ) dit :"Et certes, Nous donnâmes à Musa (Moïse) neuf miracles évidents. Demande donc aux Enfants d’Israʾil (Israël), lorsqu’il leur vint et que Fir’awn (Pharaon) lui dit : « Ô Musa (Moïse), je pense que tu es ensorcelé. » §§-Il dit : « Tu sais fort bien que ces choses [les miracles], seul le Seigneur des cieux et de la terre les a fait descendre comme autant de preuves illuminantes ; et certes, Ô Fir’awn (Pharaon), je te crois perdu. » §§-[Pharaon] voulut donc les expulser du pays. Alors Nous les noyâmes tous, lui et ceux qui étaient avec lui. §§-Et après lui, Nous dîmes aux Enfants d’Israʾil (Israël) : « Habitez la terre. » Puis, lorsque viendra la promesse de la (vie) dernière, Nous vous ferons venir en foule." ( Coran ) . Je suis désolé que vous n’aimez pas ma franchise , mais pour être juste , sincère et bien clair je n’aime pas vos mensonges " Peuple juif ". Promesse de DIEU est vérité ! ALLAH , à Lui la Puissance et la Gloire ! GOD IS THE GREATEST §
Votre texte est malheureusement partisan, donc éloigné d’une réalité objective et surtout à discréditer rigoureusement de toute crédibilité historique. Le travail de l’historien consiste justement à sortir des mythes et des idéalisations subjectives pour tenter de retracer les faits dans leur strict déroulement. Vous soulevez des faits importants qui méritent d’être étudiés en profondeur et placés avec rigueurs dans les contextes concernés. L’idée de départ, axer votre papier sur les cartes, était pourtant très intéressante et valait vraiment le coup d’être traitée sérieusement.Les arrangements de votre texte trahit malheureusement votre intention et parti pris, donc votre amateurisme en matière d’Histoire.
Grande déception.