Le département d’Etat américain publie le 3 mai les réponses faites à des journalistes par la secrétaire d’Etat Condoleezza Rice dans son avion en route pour Tel-Aviv, sous le titre « Moving Forward On The Tracks Of The Annapolis Conferece (sic) »
« Je vais répondre à vos questions, mais il est évident que nous allons en Israël et dans les territoires palestiniens et que le but est de continuer à aider les parties à aller de l’avant sur les trois volets d’Annapolis. J’aurai une série de réunions trilatérales, mais le plus important est de vérifier où nous en sommes sur le terrain et sur l’amélioration de la vie du peuple palestinien. Il y a plein de choses qui vont dans ce domaine, comme vous l’avez entendu hier (à la réunion du Quartet), dans les discussions que Tony Blair a mises en avant à propos de l’aide économique, du projet Jénine, et aussi, sur le deuxième volet, les obligations de la Feuille de route et de vérifier certaines promesses qu’Israël a faites. Nous verrons où ils en sont et nous verrons dans quelle mesure aussi les Palestiniens ont mis en œuvre leurs promesses. Et puis j’aurai la possibilité de parler aux parties pour savoir où on en est des négociations » (...)
Répondant à une question sur la sécurité, le déploiement de forces palestinien à Jénine et le fait que ce déploiement ne pouvait renforcer l’Autorité si l’armée israélienne continuait ses incursions, Rice a répondu :
« Je crois que tout le monde comprend que cela relève des problèmes de sécurité. Et bien sûr, les Israéliens doivent être sûrs que leur population est protégée. Cela étant dit, je pense que nous avons envoyé des messages assez forts, notamment quand le président était en Israël (je pense en fait qu’il était à Ramallah), que lorsque les Palestiniens se déploient et quand vous essayez de leur confier des responsabilités, il est important de ne pas prendre des décisions qui sapent leur autorité. Tout le monde veut que les Palestiniens fassent plus en matière de sécurité. Chacun veut que les Palestiniens (...) prennent la responsabilité de la sécurité. Il devrait y avoir des efforts persistants pour être sûr que ces efforts ne sont pas sapés. Oui, c’est un problème. »
A propos des critiques formulées par Mahmoud Abbas à la suite de son voyage à Washington, elle explique :
« Il y a seulement cinq mois que le processus d’Annapolis a commencé. Avant, il n’y avait pas de processus de paix. Il n’y avait pas moyen pour les Palestiniens et les Israéliens de commencer le difficile processus d’essayer de mettre un terme à leur conflit. Je veux rappeler à chacun que le problème il y a quelques mois était qu’Israël ne voulait pas discuter les problèmes fondamentaux (core issues). Il est donc important de ne pas avoir la mémoire courte. Je comprends le désir du président Abbas de voir les choses avancer dans les négociations et de voir les conditions du peuple palestinien s’améliorer, et c’est ce que nous essayons de faire. » (...)
A propos des négociations menées par l’Egypte pour un cessez-le-feu :
« Je sais qu’ils (les Egyptiens) font d’importants efforts pour ramener la tranquillité et le calme pour que la violence s’arrête. Je sais qu’ils essaient d’obtenir l’arrêt par le Hamas du tir de roquettes. Je pense que c’est très important. Je pense qu’ils mettent en avant quelque chose qui, si les détails peuvent être définis, sera une bonne idée, c’est-à-dire revenir à l’accord de novembre 2005 et ramener des fonctionnaires de l’Autorité palestinienne aux points de passage pour avoir une ouverture plus sûre de ces points de passage. Nous sommes favorables à tous ces objectifs. Ce n’est pas facile parce que, bien sûr, c’est le Hamas qui prend la population palestinienne en otage à Gaza en tirant des roquettes sur Israël et en construisant son infrastructure terroriste. Mais les efforts que font les Egyptiens et encore plus d’efforts pour régler le problème des tunnels, de la contrebande et du contrôle de la frontière, tout cela représente des développements positifs. »
Lors de sa réunion à Londres le 2 mai, le Quartet (Etats-Unis, Russie, Union européenne, Nations unies) a adopté des positions critiques sur la politique israélienne. Dans un article du Monde, « Le Quartet demande à Israël de geler la construction de colonies en Cisjordanie », on peut lire que le Quartet « a exprimé sa profonde inquiétude face à la poursuite des activités de colonisation et a appelé Israël à geler toute activité (d’extension) des colonies, y compris la croissance naturelle, et à démanteler les avant-postes construits depuis 2001" ». Une demande régulièrement formulée par le Quartet, et qui figurait dans sa Feuille de route.
Répondant à une question sur ces critiques à l’égard d’Israël, Mme Rice a expliqué :
« Ce que j’ai entendu au Quartet était un désir de voir les choses aller de l’avant de manière plus rapide, de voir chacun faire le maximum, de voir les Israéliens faire plus en ce qui concerne la circulation et les accès. Je crois que c’est ce que tout le monde dit et je crois qu’ils ont reçu le message. Ils ont fait certains pas importants mais il y a le besoin de faire plus. Je pense qu’une approche qui permet d’examiner un secteur donné, et de dire quelle va être la sécurité dans ce secteur, quelle circulation et accès seront nécessaires pour quel projet économique, est meilleure qu’un appel général à une amélioration de la circulation et l’accès. (...) Cette approche plus précise pour régler les problèmes est en fin de compte plus bénéfique. »
Allez-vous exercer des pressions sur la question des colonies ?
« Il ne s’agit pas d’exercer des pressions, il s’agit de régler les problèmes. Parfois on peut les régler dans ces environnements très compliqués, parfois cela prend beaucoup de temps de les régler, et parfois on ne peut pas les régler dans les circonstances politiques dans lesquelles nous nous trouvons. Maintenant que le processus politique a repris, les raisons pour que les deux parties fassent plus grandissent. Et je pense que nous allons assister à plus d’efforts pour améliorer la vie des Palestiniens. Je vais vous donner un exemple de ce qui marche très bien. Un des plus visibles et importants pas pris par Salam Fayyad est la conférence de Bethlehem. Et je n’ai entendu aucune réclamation sur la coopération autour de cette conférence. »
(...) « Les Israéliens n’ont pas réagi à la déclaration du Quartet. Elle n’était pas différente des autres déclarations du Quartet. »
Lire aussi « Le retour de Condoleeza dans la région », sur le site Al-Oufok (4 mai 2008).
« La Tunisie n’est pas la Corée du Nord »
Dans la multitude de déclarations complaisantes à l’égard du régime tunisien, une mention spéciale doit être décernée à Jean-Pierre Jouyet, secrétaire d’Etat aux affaires européennes, répondant le 30 avril aux questions des parlementaires. Selon l’Agence France Presse, il a affirmé, en réponse aux critiques sur le voyage de Nicolas Sarkozy : « La Tunisie n’est pas la Corée du Nord, c’est caricaturer la situation d’un pays ami de la France. » Il a poursuivi en disant que la France souhaitait une évolution politique : « Cette ouverture, c’est aux Tunisiens eux-mêmes d’en fixer le rythme, le contenu, les modalités... »
Le seul problème, c’est que personne, et surtout pas le président Ben Ali, ne demande leur avis aux Tunisiens...
Hizb ut-Tahrir et califat
« Le Danemark envisage d’interdire un mouvement islamiste, Hizb ut-Tahrir, que de nombreux Danois considèrent comme un danger pour leur pays. La ministre de la justice, Lene Espersen, avait dit voici plusieurs mois qu’il pourrait être temps de revoir la question de l’interdiction s’il était prouvé que l’organisation agissait de façon violente. » Ainsi commence un article d’Olivier Truc sur le site du Monde (29 avril), « Le Danemark veut interdire un parti islamiste ». Ce parti est largement méconnu. Dans le numéro de mai du Monde diplomatique (disponible en kiosque), Jean-Pierre Filiu revient sur ce mouvement dans un article intitulé « Le spectre du califat hante les Etats-Unis ». En effet, le président Bush dénonce ce califat prôné par le Hizb ut-Tahrir comme « un Empire islamique totalitaire, couvrant les terres actuelles et antérieures de l’islam, s’étendant de l’Europe à l’Afrique du Nord, au Moyen-Orient et à l’Asie du Sud-Est ». Un épouvantail qu’a agité à son tour Nicolas Sarkozy.
Base navale au Maroc
Le Journal hebdomadaire du Maroc annonce, dans son numéro du 5 avril (« Base navale : le Maroc affiche ses ambitions »), la création d’un port militaire, dont la construction a commencé le 24 mars, à Ksar Seghir, à 40 kilomètres à l’est de Tanger. Selon le journaliste Taïeb Chadi, ce port pourrait « offrir une alternative au Pentagone et son US Marines Corp. en quête d’un port militaire d’attache dans la rive sud de la Méditerranée ».