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Fischer : Israël pourrait attaquer l’Iran

par Alain Gresh, 6 juin 2008

Le quotidien libanais anglophone The Daily Star publie le 30 mai une tribune de Joschka Fischer intitulée « As things look, Israel may well attack Iran soon ». Fischer est l’ancien ministre allemand des affaires étrangères, membre du parti des Verts et sûrement l’un des « faucons » européens en ce qui concerne l’Iran. Son texte est important dans la mesure où il a d’excellentes connexions en Israël et que les bruits d’une opération militaire contre l’Iran, qu’elle soit américaine ou israélienne, se font de nouveau entendre.

« Résultat d’une mauvaise politique américaine, la menace d’une autre confrontation militaire plane comme un nuage noir sur le Proche-Orient. Les ennemis des Etats-Unis ont été renforcés et l’Iran (...) a été poussé vers l’hégémonie régionale. L’Iran n’aurait sûrement pas pu atteindre un tel statut seul et en un temps aussi bref. »

« Le programme nucléaire iranien est le facteur décisif dans cette équation, car il menace l’équilibre stratégique de la région. Que l’Iran, un pays dont le président n’est jamais fatigué d’appeler à la destruction d’Israël, et qui menace le nord et le sud de ce pays par le soutien massif qu’il apporte aux guerres menées par ses alliés du Hamas et du Hezbollah, puisse avoir un jour des missiles avec des têtes nucléaires est le pire cauchemar pour la sécurité d’Israël. La politique ne se fonde pas seulement sur les faits, mais aussi sur les perceptions. Que cette perception (israélienne) soit exacte n’est pas la question, car de toute façon cette perception débouche sur des décisions. »

(...)

« Quiconque suit la presse israélienne durant les célébrations de l’anniversaire et suit de près ce qui se dit à Jérusalem n’a pas besoin d’être un prophète pour comprendre que les choses arrivent à maturité (are coming to a head). »

« Prenez en considération les points suivants :»

« Premièrement, “arrêtons la politique d’apaisement” est une demande qu’exprime tout le spectre politique en Israël, et cette demande se réfère au danger que représente l’Iran. »

« Deuxièmement, alors qu’Israël célèbre (son soixantième anniversaire), le ministre de la défense Ehud Barak a affirmé qu’une confrontation mortelle était une possibilité réelle. »

« Troisièmement, le commandant des forces aériennes israéliennes, qui est sur le départ, a déclaré que ses forces étaient capables de n’importe quelle mission, quelle que soit sa difficulté, pour protéger la sécurité du pays. La destruction des installations nucléaires syriennes l’année dernière et l’absence de réaction qu’elle a suscitée dans la communauté internationale ont été perçues comme un exemple qui pourrait se répéter dans une action contre l’Iran. »

« Quatrièmement, la liste de demandes d’armes faites aux Etats-Unis, discutée avec le président américain, est centrée sur l’amélioration des capacités d’attaque et de précision des forces aériennes israéliennes. »

« Cinquièmement, les initiatives diplomatiques et les sanctions de l’ONU contre l’Iran sont sans effets. »

« Et, sixièmement, avec la proximité de la fin de la présidence Bush et les incertitudes sur la politique de son successeur, la fenêtre de tir pour une action israélienne est en train de se refermer. »

(...)

« Ces deux derniers facteurs occupent une place particulière. Alors que les services de renseignement militaires israéliens affirment que l’Iran devrait franchir la ligne rouge sur la route du nucléaire (militaire) entre 2010 et 2015 au plus tôt, le sentiment général en Israël est que la fenêtre de tir pour une attaque est maintenant, durant les derniers mois de la présidence Bush. »

« Bien que l’on reconnaisse en Israël qu’une attaque contre les installations nucléaires iraniennes entraînerait des risques graves et difficiles à évaluer, le choix entre l’acceptation d’une bombe iranienne et celui de sa destruction militaire, avec tous les risques que cela implique, est clair. Israël ne restera pas passif et n’attendra pas que les choses se développent dans la direction (de la construction d’une bombe). »

Charles Enderlin répond

Le texte publié par Dominique Vidal, « Acharnement contre Charles Enderlin », a suscité de nombreux commentaires sur ce blog. Charles Enderlin a souhaité apporter sa contribution.

« Le procès est kafkaïen. Je dois prouver que l’absurde est faux. Que des rushes filmés par un cameraman sous le feu ne sont pas l’équivalent d’une caméra de surveillance, comme dans un supermarché… Oui, Talal Abou Rahmeh, le correspondant de France 2 à Gaza, n’a filmé que ce que les circonstances permettaient. Non, le petit Mohammed al-Dura ne vend pas des tomates sur le marché de Khan Younes. Il est enterré depuis le 30 septembre 2000 dans le cimetière du camp de réfugiés Al Boureij. Son père, Jamal, excédé par la campagne de diffamation, est prêt à l’exhumer pour prouver qu’il est bien mort… Il a beau montrer ses cicatrices, ses dossiers médicaux de Gaza et de l’hôpital militaire d’Amman — où il a reçu la visite du roi Abdallah de Jordanie —, « on » l’accuse d’avoir, sourire aux lèvres, joué la comédie de la mort de son fils… « On », ce sont des « experts » en chambre à Paris et ailleurs qui n’ont jamais assisté à une scène d’Intifada. Sans avoir, à aucun moment, mis les pieds à Gaza, ils ont découvert ce que les services de renseignements israéliens ne soupçonnaient pas : des centaines de Palestiniens ont mis en scène le plus grand attentat médiatique de l’Histoire, devant une position israélienne occupée par plus d’une douzaine de militaires…. »

« Selon le Shin Beth, la sécurité intérieure israélienne, Talal n’est soupçonné d’aucune activité subversive. Une enquête sérieuse sur la mort du petit Mohammed ? Elle est nécessaire. France 2 y est prêt — et le répète depuis sept ans —, à condition qu’elle soit réalisée selon les standards internationaux. Mais, visiblement, l’armée israélienne n’en veut pas. Elle a classé « secret défense » son rapport interne sur la mort de cet enfant palestinien, comme s’il s’agissait de l’arme atomique… »

« Un de mes accusateurs, m’a proposé le marché suivant : “Tu peux encore t’en sortir en lâchant Talal. Je peux t’aider dans un scénario dont tu pourrais sortir meurtri, mais pas mort. Si tu choisis de persévérer dans l’erreur, je continuerai à faire en sorte que tu en crèves, professionnellement s’entend.” C’est le véritable objectif de cette campagne : prouver que les Palestiniens tuent leurs propres enfants ou jouent la comédie. Dans le conflit au Proche-Orient, il n’y a que des assassins et des victimes. »

Mixité

Véronique Lorelle publie dans Le Monde (3 juin) un article intitulé « Les femmes se mettent au sport à leur rythme et à leur goût ».

« Les femmes courent semble-t-il davantage pour le plaisir de la forme et de l’échange que pour la compétition. Dans toute la France, des épreuves 100 % féminines, plutôt festives, se multiplient, telles La Toulousaine, La Bordelaise, La Lyonnaise, L’Amienoise, ou La Vosgigazelle... Plus curieux, des clubs de sport entièrement consacrés aux femmes s’ouvrent en rafale en France, sous les enseignes Lady Fitness, Lady Moving ou Curves. »

« “Pas de miroir, pas d’hommes, pas de maquillage”, tel est le slogan de Curves. Et cet univers interdit aux hommes n’est pas un artifice, selon Emmanuelle Hardy, la première à avoir importé le concept des Etats-Unis et ouvert un centre pilote, basé à Rennes (Ille-et-Vilaine), en 2004. “Il faut une ambiance chaleureuse, voire plaisante, parce que le sport n’est pas quelque chose que les femmes font avec enthousiasme, explique-t-elle. 80 % des Françaises travaillent, elles ont pour beaucoup des enfants, pour beaucoup un mari, parfois les deux, et elles font passer tout cela en priorité dans leur agenda.” »

Tout ce mouvement contre la « mixité » dans les salles de sport n’a entraîné, à ma connaissance, aucune protestation indignée... Peut-être parce que les femmes qui le revendiquent ne sont pas musulmanes ?

Alain Gresh

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