Le rapport Safer water, better health (« De l’eau plus sûre, une meilleure santé »), publié hier à Genève, met en exergue des chiffres révélateurs.
Il rappelle que les problèmes d’eau, d’assainissement et d’hygiène sont responsables de 9,1 % des maladies enregistrées chaque année dans le monde. Les enfants en sont de loin les premières victimes, puisque l’eau est en cause dans 22 % des maladies des moins de 14 ans.
« Dans les 35 pays les plus touchés, plus de 15 % des maladies pourraient durablement être évitées en améliorant l’eau, l’assainissement et l’hygiène », a ainsi souligné à Genève lors d’une conférence de presse l’une des auteurs du rapport, Mme Annette Prüss-Ustün.
Au-delà, si l’eau est à l’origine de moins de 1 % de la morbidité dans les pays développés, cette proportion atteint 10 % dans les pays en développement, avec une pointe à 24 % pour l’Angola. L’eau est mise en cause dans des maladies comme le paludisme, la dengue ou les diarrhées.
L’eau sale est donc à l’origine d’un dixième des maladies et de 6 % des décès dans le monde.
Mettant en évidence une forte inégalité entre pays riches et pauvres. le rapport ne se limite pas à une « complainte humanitaire ». Il souligne qu’à l’échelle de la planète, 9,1 % des journées de travail perdues pour cause de maladie (1) pourraient être évitées si l’accès à l’eau potable se généralisait.
Très sensible aux débats qui critiquent l’aide internationale au développement, parfois présentée comme le tonneau des Danaïdes, qui se vide au fur et à mesure qu’il se remplit, l’OMS démontre ensuite que les investissements dans l’eau et les systèmes sanitaires sont rentables, et même très rentables, sur le plan sanitaire, mais aussi économique.
Ainsi, par exemple, pour une dépense annuelle de 11,3 milliards de dollars, les bénéfices attendus, en termes d’économies pour les systèmes de soin de santé, de gains de productivité liés à la présence des enfants à l’école et à la santé des travailleurs, du temps gagné en diminuant la corvée d’eau, etc., sont évalués à 84 milliards. Soit sept fois la mise initiale.
Un argument de poids pour une intervention publique massive.
Car lorsque « les caisses de l’Etat sont vides », c’est parfois tout simplement parce que, faute d’investissement, elles sont percées et fuient de toutes parts.