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« La maison Saddam »

par Alain Gresh, 7 janvier 2009

Nous sommes en 1979. Une fête familiale rassemble la bonne société de Bagdad et les personnages les plus puissants du pays. On fête les sept ans de l’une des filles de l’homme fort de l’Irak, le vice-président Saddam Hussein. Images paisibles, moment de calme... Arrive alors le président Hassan Al-Bakr. Il est entraîné dans une pièce et sommé par Saddam et les siens de démissionner. Il le fera le 16 juillet. Quelques jours plus tard, le nouveau président convoque la direction du parti Baas et dénonce les « traîtres », qui sont aussitôt arrêtés avant d’être exécutés d’une balle dans la tête par des dirigeants dont Saddam teste ainsi la loyauté. Ainsi commence l’une des séries politiques les plus fascinantes que nous ait offertes la télévision ces derniers temps, une histoire qui mêle la grande politique et les affrontements entre les frères et les demi-frères du président hanté par un rêve de grandeur. Il y a du Shakespeare dans cette tragédie sanglante, qui alterne déchirements conjugaux, rivalités personnelles, fidélité et trahison.

On ne s’étonnera pas de la qualité du travail quand on saura qu’elle a été produite à la fois par la chaîne américaine HBO, dont les productions — les Sopranos, The Wire (Sur écoute), etc. — ont fait le tour de la planète, et par la BBC, dont le professionnalisme n’est plus à démontrer. Diffusée au Royaume-Uni en juillet-août, avec une très bonne audience, la série en quatre épisodes sera visible en France sur le bouquet Orange Cinemax à partir du 7 janvier. Elle a été réalisée par Alex Holmes et Stephen Butchard.

La maison Saddam (House of Saddam) suit l’histoire de la famille de Saddam Hussein, de son accession au pouvoir suprême en 1979 à l’invasion américaine de l’Irak en 2003. Joliment, le chroniqueur du quotidien britannique The Independent évoque des « Sopranos avec des missiles », en référence à la série mettant en scène une famille mafieuse du New Jersey et son chef, Tony Soprano, pris entre ses problèmes familiaux et ses responsabilités.

Cette mini-série est divisée en quatre épisodes. Le premier raconte l’accession de Saddam Hussein au pouvoir et sa guerre contre l’Iran ; le second, la fin de la guerre et l’invasion du Koweït ; le troisième montre l’Irak sous les sanctions internationales et la trahison, puis la mort des deux beaux-fils du dictateur ; enfin le dernier se conclut sur la guerre de 2003 et l’arrestation de Saddam.

On pourra regretter certaines faiblesses. Il n’est pas toujours facile, quand on ne connaît pas bien l’histoire de l’Irak, de suivre les détails de l’intrigue ; le rôle des Etats-Unis et des Européens dans le soutien à la dictature au cours des années 1980 n’est pas mis en évidence. Mais on ne boudera pas son immense plaisir. Cette série offre l’exemple d’un spectacle de qualité et populaire, comme on aimerait en voir plus souvent et comme on aimerait que la télévision française en produise. Notons d’ailleurs que plusieurs acteurs de House of Saddam (Simon Abkarian, Saïd Amadis et Saïd Taghmaoui) sont français, ce qui est assez rare dans les séries anglo-saxonnes.

Alain Gresh

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