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Lettonie, la crise en cartes et en graphiques

Ce billet vient en complément de l’article sur les conséquences de la crise dans le district de Rezekne (est de la Lettonie) paru dans l’édition de septembre 2009 du « Monde diplomatique ».

La Lettonie, petite république balte entrée dans l’Union européenne en 2004, a connu une croissance économique très rapide, principalement alimentée par le crédit à la consommation, les services financiers et la spéculation immobilère. La crise mondiale de 2008 a brutalement emporté le pays qui subit depuis une récession sans précédent. L’analyse des chiffres montre pourtant que l’écroulement de l’économie du pays était prévisible. Quelques voix se sont élevées — en vain — pour alerter des dangers d’une telle surchauffe. Pour seule réponse, les responsables au pouvoir ne disaient à l’époque qu’une seule chose : « appuyez sur le champignon, et faites encore mieux ! ». Les résultats de cette option politique ne peuvent s’exprimer plus clairement que par les graphiques reproduits ci-dessous, qui montrent l’évolution des principaux indicateurs socio-économiques.

par Philippe Rekacewicz, 16 septembre 2009

Le Produit intérieur brut

C’est au dernier trimestre de l’année 2007 que les premiers signes de faiblesse apparaîssent : l’évolution du PIB est quasi nulle en novembre et décembre 2007. Elle passe déjà dans le rouge au cours des six premiers mois de l’année 2008 — c’est à dire avant le déclenchement de la crise financière mondiale. Mais c’est à partir d’octobre 2008 que la baisse du PIB sera la plus spectaculaire : -18 % au troisième trimestre 2008 et -19,6 % au premier trimestre 2009 !

Mais lors de sa conférence de presse du 15 septembre 2009, le premier ministre, M. Valdis Dombrovskis, a fait remarquer que la situation commençait à se stabiliser, puisque la chute du PIB était de -18,7 % au second trimestre 2009 (par rapport à la même période en 2008). Les principaux secteurs responsables de cette baisse sont, dans l’ordre d’importance, l’hôtellerie et la restauration (-37 %), la construction (-30 %), le secteur manufacturier (-26 %), le commerce extérieur (-25 %) et le transport et les communications (-15 %).

La production industrielle

Par rapport à l’année précédente, la production industrielle a chuté de 22 % en moyenne au premier semestre de l’année 2009.

Les secteurs qui souffrent le plus sont :

 Production de moteurs et d’équipents pour le transport (-55 %) ;
 Textile (-50 %) ;
 Filière bois (-30 %) ;
 Alimentation (-14 %) ;

L’évolution des prix à la consommation

Après une période de relative stabilité (entre 2004 et 2006), les prix des biens de consommation courants reprennent leur ascension pour tripler en deux ans, suivant ainsi à peu près la courbe de l’évolution du salaire moyen, mais précipitant aussi dans la précarité une importante partie de la population rurale non salariée et ceux dont les salaires n’avaient pas augmenté aussi vite.

Dès le début de la crise, à l’automne 2008, en réponse à l’arrêt brutal de l’activité économique, les prix à la consommation s’effondrent.

Taux de chômage : les limites des statistiques

Le ralentissement de l’activité économique a provoqué une hausse très sensible du taux de chômage. Mais le taux de chômage varie considérablement selon les sources. Même en lisant très attentivement les notices méthodologiques, on a du mal à comprendre ce qui, dans les calculs, entraîne une si grande différence. Les chiffres de l’Union européenne (Eurostat) sont ainsi significativement plus élevés que ceux de l’agence nationale pour l’emploi de Lettonie. Par exemple, alors qu’Eurostat annonce un taux de 17,4 % en juillet 2009, l’Agence pour l’emploi de Lettonie donne un taux de 11,8 % pour la même période, soit tout de même une différence de 5,6 %. Plus surprenant encore, il existe aussi une différence entre les chiffres donnés par le Bureau central des statistiques et l’Agence nationale pour l’emploi. Pour le second semestre 2009, le Bureau central des statistiques annonce un taux de 16,7 % alors que l’Agence nationale pour l’emploi donne 11,3 %, soit une différence de 5,4 %.

Le chiffre moyen national cache également de très fortes disparités spatiales. Le districts de Ventspils à l’ouest du pays, dont les activités portuaires restent assez dynamiques, est relativement peu touché. En revanche, à l’est du pays dans la région de Latgale, où beaucoup d’industries ont mis la clé sous la porte, les taux de chômage sont trois fois plus importants : ils dépassent les 20 % (selon les chiffres de l’Agence nationale pour l’emploi).

Dans le Monde diplomatique

 « Aucun vent de panique, mais... », dans l’édition de septembre 2009.

 « Lettonie, l’industrie à la peine ».

 « Le FMI ne cesse de nous dire que l’absolue priorité est la réduction du déficit », un entretien avec M. Valdis Dombrovskis, le premier ministre letton.

Sources et références :

 Eurostat

 Agence nationale pour l’emploi de Lettonie

 Bureau statistique central de Lettonie

 The Latvian Institute (Latvijas institūts)

 The Baltic course

Les blogs les plus intétessants :

 Latvia Economy Watch

 All about latvia

 Blog « baltic »

Philippe Rekacewicz

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