Depuis l’automne dernier, trente-cinq millions d’algériens vibrent à l’heure du ballon rond. Avant le match, des files de jeunes et de moins jeunes sillonnent les rues des villes, de la capitale à la plus modeste cité du bled. Puis l’heure fatidique arrive, les trottoirs se vident, la circulation s’arrête, les rideaux des magasins se ferment, un silence sépulcral s’abat pour 90 minutes, troublé de temps en temps par une immense clameur qui avertit le rare Algérien qui n’est pas scotché devant son téléviseur que les Verts viennent de marquer. Plus étouffée, une plainte sourde perce les murs quant le sort hésite à leur donner la victoire ; c’est presque un sanglot quand son gardien de but doit aller ramasser la balle au fond de ses filets.
La fin du match opère comme une délivrance. La foule envahit les rues, on danse, on chante, les véhicules les plus divers encombrés de drapeaux blancs et verts défilent en klaxonnant jusqu’aux premières heures de l’aube, on embrasse les policiers rencontrés.
Cet engouement est récent et largement imprévisible. Le parcours de l’équipe d’Algérie dans les premiers matchs de qualification de la prochaine Coupe du monde de football, qui doit se tenir en Afrique du Sud à partir de mai prochain, n’avait guère donné l’occasion de rêver à ses supporters jusqu’à cette soirée du 12 octobre 2009 face à une modeste équipe africaine, celle du Rwanda. Les autorités, guère rassurées sur l’issue du match, l’avaient relégué à Blida, à une cinquantaine de kilomètres de la capitale. L’expérience montre qu’une défaite peut être meurtrière pour le mobilier urbain et les édifices publics, voire dangereuse pour le régime.
La victoire a tout changé. Les millions de passionnés qui supportent les Verts ont eu, pour la première fois depuis longtemps, le sentiment que l’Algérie sortait enfin d’un long tunnel d’humiliations et de déceptions, pas seulement sportives. « C’est notre tour », hurlaient sur tous les tons jeunes et moins jeunes. Les épreuves suivantes au Caire et à Khartoum ont suscité contre l’Egypte un exceptionnel accès de fierté nationale et quelques actes regrettables contre des biens appartenant à des sociétés égyptiennes. Même si la fièvre est un peu retombée lors des matchs de la Coupe d’Afrique des Nations en cours, la nouvelle génération veut croire que la revanche sur le destin a enfin sonné (lire le reportage « Jours tranquilles en Algérie » dans Le Monde diplomatique de février, toujours en kiosques).
Dans « Le Monde diplomatique »
- « Luttes d’influence autour de la Sonatrach »
par Ahmed Djezairi, La valise diplomatique, 19 janvier.
Le président-directeur général de la Sonatrach — la plus grande entreprise algérienne, un monopole public qui gère les hydrocarbures et le gaz dans le pays —, a été placé sous contrôle judiciaire le 18 janvier. « Simple » histoire de malversations financières ou affaire politique ?
- « Le “non-Maghreb” coûte cher au Maghreb » (aperçu)
par Francis Ghiles, janvier 2010.
Le conflit du Sahara occidental représente toujours l’un des obstacles majeurs à une coopération entre le Maroc et l’Algérie, freinant les échanges régionaux qui pourraient se développer avec la Tunisie. Une collaboration politique et économique aiderait pourtant à résoudre bien des problèmes de la rive sud de la Méditerranée.
- « Guerre des plumes entre le Maroc et l’Algérie »
par Ali Chibani, janvier 2010.
Quand la presse algérienne défend « la Gandhi du Sahara Occidental », les titres marocains décèlent un « piège algérien ». La grève de la faim observée depuis le 15 novembre par une militante sahraouie a ravivé les querelles entre journalistes des deux pays.
- « Algérie : l’opposition étouffée avant les élections » (A.C.), La valise diplomatique, 7 avril 2009.
En avril 2009 se tenait une élection présidentielle gagnée avant d’avoir lieu par Abdelaziz Bouteflika. Le président sortant-rentrant était soutenu par une myriade de partis, d’associations et de syndicats officiels hantés par le spectre de l’abstention.
- « L’Algérie ne croit plus aux promesses » (A. C.), février 2009.
M. Bouteflika vient de réformer la Constitution pour supprimer la limitation des mandats présidentiels. Il compte se présenter pour la troisième fois en avril 2009, malgré l’aveu de l’« échec » de sa politique. Symptômes du climat de mécontentement, les émeutes se sont multipliées ces dernières années.
- « Des footballeurs entre Paris et Alger »
par Dominique Le Guilledoux, août 2008.
Guerre d’Algérie, immigration, malaise des banlieues, psychose de l’après-11-Septembre : depuis cinquante ans, le football a reflété chaque étape d’une histoire toujours à vif.
- « Les régimes arabes modernisent... l’autoritarisme »
par Hicham Ben Abdallah El Alaoui, avril 2008.
Depuis la première guerre du Golfe, les pays arabes ont connu une succession de bouleversements qui, partout ailleurs, auraient déstabilisé bien des pouvoirs. Pourtant, la plupart ont réussi à maintenir des structures archaïques que ni la seconde guerre mondiale ni la décolonisation n’avaient fait disparaître.
- « Football à perpétuité »
par Ignacio Ramonet, La valise diplomatique, 7 juin 2008.
Le football est devenu un spectacle sur écran. Il relève beaucoup moins de l’univers de l’effort physique que de la sphère de la culture de masse. Ses vedettes comptent parmi les personnalités médiatiques les plus universelles.
- « Le football face au vidéo-arbitrage »
par Jacques Blociszewski, mars 1996.
Devenu inséparable de son image, le sport est d’abord vu et vécu par l’écran. Dans le football moderne, les enjeux sont tels que la tentation grandit d’utiliser la technologie comme assistance à la prise de décision. La vidéo au service de l’arbitrage est-elle une garantie de justice ou le signe d’un renoncement au jugement et à la responsabilité humaines ?