«Il s’agit d’être certains que nous sommes “full combat ready”, et d’être certifié chef de la composante maritime », explique le contre-amiral Jean-Louis Kérignard, qui est à la barre de l’exercice. La philosophie de cet examen de passage grandeur nature est ainsi résumée sur le site de la marine nationale : « Alors que la France a souhaité retrouver toute sa place dans le dispositif militaire de l’Alliance, “Brilliant Mariner” lui permet d’obtenir une reconnaissance internationale de son expertise dans l’emploi de forces de réaction rapide. Et par la même occasion, elle se donne les moyens d’apporter sa pierre dans l’évolution de l’organisation à la hauteur de ses nouveaux engagements. »
Sur les 40 navires participant à l’exercice "Brilliant Mariner", 10 unités sont françaises, dont les poids lourds de la flotte – le BPC Mistral, le porte-avions Charles-de-Gaulle et son groupe aérien embarqué, ainsi que les frégates anti-aériennes Forbin et Crassard, un sous-marin nucléaire d’attaque, un pétrolier-ravitailleur, des bâtiments de guerre des mines, etc. . « C’est dire toute la volonté exprimée par la France après son retour il y a à peine un an dans les structures militaires de l’OTAN », commente le site de la marine.
Trident d’or
En fait, la « Royale » n’avait pas attendu la décision du président Nicolas Sarkozy de réintégrer ce commandement militaire pour se réaligner sur l’OTAN. Dès 2006, l’exercice « Trident d’Or » avait certifié la bonne configuration aux normes otaniennes de la Force aéromaritime française de réaction rapide, FRMARFOR. Il y a un peu plus de deux ans, lors de l’exercice « Noble Midas » en Adriatique, la France avait déjà occupé la fonction de commandant de la composante aéromaritime. De même, à l’automne dernier, FRMARFOR était engagée en Méditerranée pour décrocher la certification comme leader de la composante amphibie de la force de réaction rapide de l’OTAN.
« Evacuation de populations, gestion des catastrophes, lutte contre le terrorisme : en cas de crise, la Nato Response Force de (NRF) – avec ses 25 000 hommes déployables en cinq jours et capables d’assurer des opérations pendant un mois - est la première force sur le terrain », assure le site de la marine, qui présente ce « concept de l’Alliance créé en 2002 à Prague pour accomplir toute une gamme d’opérations, aérienne, terrestre ou maritime dans un court délai et partout où cela est nécessaire ». Avec des déploiements en septembre 2004, pour soutenir l’élection présidentielle en Afghanistan ou au Pakistan dévasté par un tremblement de terre l’année suivante, ainsi que dans le cadre de l’opération Balliste au large du Liban.
Contrat opérationnel
« La France soutient depuis son origine l’action de la Force de réaction rapide de l’OTAN en mettant à sa disposition des états-majors de réaction rapide : basé à Toulon le FRMARFOR est un de ces états-majors », explique la marine. Le « contrat opérationnel » qui lui a été assigné par l’Alliance lui impose de fournir des états-majors tactiques capables d’assurer la conduite des différentes dimensions maritimes d’une force de réaction rapide (aéromaritime, amphibie, aéronaval, guerre des mines).
Depuis le Mistral , ces jours-ci, les marins de l’état-major de l’amiral Kérignard « simulent l’intervention d’une force internationale dans une zone en proie à une épuration ethnique et à des mouvements de population ». Il s’agit, pour les treize nations et les six mille cinq cents hommes sous les ordres de l’amiral, de « rétablir la sécurité des axes de communication maritime, d’empêcher le trafic d’armes et de faire respecter le cessez-le-feu ». Et sans doute aussi, dans l’immédiat, de veiller aux éventuelles retombées des nuages de cendres volcaniques venues d’Islande ... pays membre de l’OTAN, mais ne disposant pas d’armée - sinon une petite force de garde-côtes.