Je n’ai pas la solution au problème "technique", mais je tiens à le signaler pour ses conséquences sur le plan de la perception et, partant, de l’intelligence générale de la question des rapports Nord-Sud.
À la lecture de ce mémorial des migrants morts ... m’est apparu que la graphie rouge de personnes tuées par la responsabilité des gardiens de la révolution occidentale patrimoniale, doublée de commentaires sur les circonstances de leur assassinat vers lesquelles se porte l’attention, cette graphie laisse dans l’ombre, dans le noir, la mort tout aussi troublante de milliers d’autres personnes.
Sans doute, aucun oreiller n’a été porté sur les voies respiratoires de ces milliers d’autres là. Seulement le désert, la mer, ou simplement l’épuisement, la faim, la soif auront eu raison de ces prétendants à rejoindre l’Eldorado supposé, le mythe de rêves largement diffusés par l’Occident, à travers cette publicité qu’il fait du prétendu bonheur qu’il y a à faire semblant d’y vivre. L’Occident porte la responsabilité de ces morts, de cette guerre menée, pour qui, pour quoi ?.
C’est nous qui portons cette responsabilité, laissant cette société mortifère mentir avec autant d’aplomb, quand ce prétendu "bonheur" se nourrit de la mort de millions d’êtres humains, y compris en Occident, de la désolation de cette planète, des risques qu’il fait peser sur le vivant dans sa globalité.
Que soient rappelés AZF, Tchernobyl, Bhopal, Three Miles Island ou, plus récemment, le golfe du Mexique, pour ne parler que des catastrophes, sans évoquer le bonheur d’une vie quotidienne sans autre joie que celle, infantile, de "pouvoir" accéder à sa boîte de ron-ron quotidien.
Voilà ce que sont venus chercher ces pauvres, le bonheur en conserve, conservé à coups de baïonnettes, acteurs à leur corps défendant, d’un spectacle sanguinolent destiné en tout premier lieu aux prisonniers d’un bonheur insoutenable, nous autres heureux Eurolandais, nous en faisant miroiter toute la "valeur", que des milliards d’êtres humains, maintenus artificiellement dans la misère, nous envient, nous fait-on savoir, et contemplent la bave aux lèvres de l’autre coté de nos vitres blindées.
Voilà ce qu’il nous faudrait "apprendre", enfin, de ces malheureux qui meurent pour vivre ce qui nous fait crever : NOTRE propre pauvreté de survivants.
Notre vue basse sur nous-mêmes, notre hypocrisie et notre honte à continuer de nous prétendre HORS de cette pauvreté PLANÉTAIRE d’identiques conditions qui sont faites aux hommes, voilà ce qui autorise à revenir aujourd’hui toutes les ordures qui, il y a 3/4 de siècle, tenaient le haut de pavé de leur crachats venimeux.
Nous les laissons à nouveau parler haut et fort et même agir. De notre paresse, de nos peurs minables, leurs bouches, pleines de vers de terre, se font le porte-voix.
jd
(Source Acrimed)
