Viols en temps de guerre, le silence et l’impunité
Ce texte a été entièrement remis à jour, modifé et augmenté de nouvelles images et de nouveaux liens le 4 août 2015, il est désormais consultable ici :
En septembre 2010, l’Organisation des Nations unies (ONU) a dénoncé les viols massifs perpétrés en République démocratique du Congo (RDC) par des groupes armés dans le nord-est du pays (1). Dans la foulée, Mme Navi Pillay, haut-commissaire des Nations unies aux droits humains, a constitué un panel pour « répondre aux besoins des victimes en terme de justice et de réparation », puis envisager avec elles « les mesures de réintégration judiciaires, médicales, psychosociales et socio-économiques ». Elles doivent se reconstruire physiquement, psychologiquement et matériellement, dans un contexte rendu difficile par le rejet familial dont elles font l’objet. Enfin, Mme Margot Wallström, représentante spéciale de l’ONU pour les violences sexuelles dans les conflits armés, a rappelé que les lois existaient et que l’urgence était surtout de les faire respecter.
Les lois sur le viol en temps de guerre sont appliquées avec plus ou moins de rigueur selon les sociétés et les cultures, certaines reconnaissant à peine le viol comme un crime — comme tous les autres crimes de droit commun. il faudrait aussi une infrastructure digne de ce nom pour les appliquer. Et, à défaut de pouvoir agir sur le terrain, c’est dans les bureaux feutrés des grandes instances que la communauté internationale édicte de nouveaux textes qui contraignent les responsables politiques à faire respecter le droit, qu’elle crée des conventions et qu’elle renforce la loi.
Selon les Conventions de Genève de 1949, ratifiées par la République démocratique du Congo (RDC) en 1961, ainsi que les protocoles additionnels I et II de 1977, les Etats parties s’engagent à protéger les femmes contre le viol, l’esclavage sexuel et la prostitution forcée. Y contrevenir représente une infraction grave que chaque partie contractante doit déférer à ses propres tribunaux.
Le Conseil de sécurité de l’ONU, dans ses résolutions 1325 de 2000, 1820 de 2008 et 1889 de 2009, va un peu plus loin. Il ne s’agit plus seulement d’imposer aux Etats de protéger les femmes contre les violences sexuelles et de faire condamner les coupables, mais aussi d’inscrire cette démarche dans des projets de gouvernance précis qui visent l’armée, la police, la justice, la santé, l’éducation et l’ensemble de la société civile. Car, si des conventions et des lois sont promulguées en faveur du droit et de la protection des femmes, nombre de sociétés ou communautés aux pratiques coutumières et traditionnelles y résistent farouchement.
L’instrument juridique est donc en place ; il couvre l’essentiel des problèmes, et pourrait être opérationnel dès que la volonté politique sera suffisamment forte pour porter ce combat sur le terrain. Il a pourtant fallu plus d’un siècle et demi pour en arriver là...
Cent cinquante ans pour créer une loi
Lors de la bataille de Solférino, en 1859 (2), Henry Dunant, citoyen suisse, s’émeut d’assister à la mort de milliers de blessés. Il fonde alors le Comité de Genève, lequel organise la « Conférence Internationale de Genève » en 1863 : avec seize Etats et quatre institutions philanthropiques, il crée la Croix-Rouge et les prémices du droit international humanitaire (DIH) (3).
Au lendemain de la seconde guerre mondiale (60 millions de morts), le CICR entreprend la rédaction des quatre conventions (dites « Conventions de Genève de 1949 »), et de l’article 3 commun. Ces traités définissent les règles fondamentales du droit international humanitaire pendant les conflits armés. La première convention protège les blessés de guerre. La deuxième, les militaires blessés, malades ou naufragés en mer. La troisième, les prisonniers de guerre. Enfin, la quatrième convention protège les civils. Les femmes, dans l’article 27, seront spécialement protégées contre toute atteinte à leur honneur, et notamment contre le viol, la contrainte à la prostitution et tout attentat à leur pudeur.
L’article 3 commun déclare notamment prohibés : les atteintes portées à la vie et à l’intégrité corporelle, dont le meurtre sous toutes ses formes, les mutilations, les traitements cruels, tortures et supplices ; les atteintes à la dignité des personnes, dont les traitements humiliants et dégradants. Il réglemente à la façon d’une mini-convention les guerres civiles, les conflits armés internes qui s’étendent à d’autres Etats et les conflits internes durant lesquels un Etat tiers ou une force multinationale intervient aux côtés du gouvernement.
La ratification des Conventions de Genève de 1949
Esquisse : Agnès Stienne, 2010.
Après la grande période des indépendances, dans les années 1960, la face du monde change, mais les conflits armés se multiplient, et, bien qu’ils soient de moindre envergure, les civils y sont y sont de plus en plus exposés. Les protocoles additionnels I et II de juin 1977 ont pour objectifs d’impliquer les pays récemment décolonisés dans le développement du droit et de renforcer autant que possible la protection des civils ; le premier est relatif aux conflits armés internationaux, le second aux guerres civiles. Tous deux réaffirment la nécessité de protéger les femmes contre le viol et la prostitution. Les Etats parties s’engagent à prendre des mesures pour prévenir les « infractions graves » et à poursuivre leurs auteurs devant leur propres tribunaux.
Le Conseil de sécurité, responsable de la mise en œuvre de la Charte des Nations unies (4), du maintien de la paix et de la sécurité internationale, prend des résolutions, seul instrument légal international aujourd’hui valide pour déterminer les sanctions contre les Etats qui violent les principes de la Charte, et éventuellement intervenir militairement. Sur le papier, tout cela a l’air simple... Dans la pratique, les moyens d’action sont très limités et le Conseil de sécurité peine souvent à réunir les forces nécessaires pour faire appliquer ses propres résolutions.
La résolution 1325 de l’année 2000 est l’aboutissement d’un long et laborieux processus mené conjointement par l’ONU et les organisations féministes engagées dans le « Programme d’action de Pékin à la quatrième conférence mondiale sur les femmes (PDF) ». Le texte adopté par l’assemblée générale du Conseil de sécurité lors de la vingt troisième session extraordinaire, intitulée « Les femmes en l’an 2000 : égalité entre les sexes, développement et paix pour le XXIe siècle », insiste sur la nécessité de respecter les droits des femmes et des filles avant et après les conflits, et pour qu’elles soient mieux représentées dans les processus de prévention et de règlement des conflits, y compris au sein de l’ONU. Un progrès, certes, mais où en est-on, dix ans après ?
Pendant la guerre civile au Liberia, les groupes armés violent massivement. Me Olubanke King-Akerele, alors ministre des affaires étrangères, alertera la communauté internationale sur la tragédie qui se joue dans son pays. Ces événements conduisent au vote de la résolution 1820 de 2008. Cette fois, les gouvernements sont explicitement tenus de mettre en place des programmes de prévention, de sensibilisation et de formation des militaires et des policiers, de renforcer les capacités des systèmes de santé et judiciaire pour la prise en charge des victimes. Le Conseil de sécurité qualifie les violences sexuelles de crimes de guerre ou de crimes contre l’humanité, et recommande qu’ils ne soient pas amnistiés.
Pendant que la communauté internationale fait progresser l’arsenal législatif, sur le terrain, la boucherie continue. En RDC, la guerre fait rage depuis presque deux décennies. Les ONG et les institutions internationales travaillant sur place assistent, impuissantes, à une recrudescence des violences sexuelles. A nouveau alerté, le Conseil de sécurité fait voter en 2009 la résolution 1888, qui rappelle les obligations des Etats parties à la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, et exige l’application des résolutions 1325 et 1820. L’ONU s’engage, pour la première fois, à déployer dans les zones sensibles des moyens plus appropriés et inaugure le bureau de la Représentante spéciale de l’ONU pour les violences sexuelles dans les conflits armés.
Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes
Carte : Philippe Rekacewicz, « Un monde à l’envers », Atlas du Monde diplomatique, 2009.
La récompense du soldat et l’arme de guerre
Vision historique
Illustration : Ag. St. 2010.
A divers degrés, au fil des guerres, les soldats prennent les civils pour cibles, en particulier les femmes. Viols, prostitution forcée, esclavage sexuel jalonnent les campagnes militaires, sous toutes les latitudes, sans distinction politique, sociale ou religieuse. Privilège des vainqueurs, soumission des vaincus, le viol est le symbole fort de la victoire. Les femmes deviennent le « lieu » de la bataille ou du conflit.
Le viol systématique est une arme de terreur, une arme de guerre, une stratégie psychologique déstabilisante qui agit sur le moral des combattants pour éliminer toute forme de résistance. Les plus pervers en font un instrument de torture employé dans des prisons spéciales à l’abri des regards, et d’autres, plus radicaux encore, y voient une arme purificatrice ou génocidaire.
On compte sur les doigts d’une main les travaux d’étude et de réflexion (5) sur les causes et les effets de l’utilisation du viol comme arme de guerre. Comment expliquer une telle rareté ? Dans ce domaine, il est très difficile de recueillir les témoignages : souvent, la honte, l’humiliation, la peur des victimes les contraignent au silence. De leur côté, les Etats préfèrent le déni à la réalité pour préserver l’image prestigieuse de l’armée et de leurs courageux soldats. Ce sujet tabou reste donc très peu documenté ; le rapport exceptionnel de l’ONU publié sur la RDC en 2010 est une première du genre. Ce silence et ce déni confisquent aux victimes le droit de se reconstruire, alors que les bourreaux jouissent d’une totale impunité. Ils peuvent recommencer sans être inquiétés.
Partout, toujours, le même scénario
Lors de l’annexion de la Corée par le Japon, puis de l’invasion de la Mandchourie, du nord de la Chine et enfin de l’Asie du Sud-Est au début de la seconde guerre mondiale, l’armée impériale organise des réseaux de prostitution forcée au service de ses soldats. Par euphémisme, les jeunes femmes, préalablement violées, frappées et enrôlées de force, sont appelées « femmes de réconfort ». Deux cent mille femmes, principalement coréennes, indonésiennes et philippines, servent dans les camps militaires où elles sont violentées des années durant (6).
Le massacre de Nankin (ou « viol de Nankin »), en 1937, est un exemple des atrocités auxquelles se livre l’armée nippone en Chine. Progressant dans le nord du pays, les forces armées japonaises attaquent la ville de Nankin, située à l’est de Pékin, sans rencontrer de résistance. En dépit de la soumission volontaire des habitants, le commandement, pour ne pas avoir à gérer un nombre important de prisonniers, ordonne le massacre de la population. Hommes et enfants sont assassinés à la baïonnette, au sabre, à la mitrailleuse et jetés dans des fosses. Les femmes subissent l’assaut des soldats, elles sont violées avant d’être expédiées — pour à peu près vingt mille d’entre elles — dans les bordels militaires.
Bien qu’en 1935, les lois de Nuremberg sur la race interdisent le viol des femmes juives, considérées comme « impures », la Wehrmacht organise pendant la seconde guerre mondiale des viols collectifs publics et systématiques de femmes juives et non juives, en particulier dans les pays slaves (Pologne, Russie, Yougoslavie…). Au moins cinquante mille femmes sont prostituées de force dans les camps nazis (7). Mais lorsque le vent tourne en 1945, et que l’Armée rouge entre en Allemagne, ce sont d’abord les femmes allemandes qui subissent les représailles. Deux millions d’entre elles sont violées par des soldats russes (8). Le corps expéditionnaire français se distingue en Italie par le viol de plusieurs milliers de femmes lors de la campagne de 1944 (9). Qu’elles soient britanniques, françaises, allemandes, des centaines de milliers de femmes essuient les débordements violents de l’armée de libération. Dix-sept mille soldats américains se seraient ainsi rendus coupables de viols entre 1942 et 1945 (10). De l’autre côté du monde, à Okinawa, les GI’s violent dix mille Japonaises au cours de la dernière bataille du Pacifique, quelques jours avant le bombardement d’Hiroshima.
La seconde guerre mondiale s’achève, le monde entre dans la guerre froide. L’icône largement répandue de la belle Tonkinoise, tout amour pour son valeureux soldat exilé, offre un paravent sur mesure derrière lequel des viols sont perpétrés, notamment pour propager la syphilis, loin des regards de la métropole (11). De retour d’Indochine, les soldats français partent en découdre en Algérie, où, entre 1954 et 1962, la pratique du viol devient monnaie courante, à la ville comme à la campagne. L’armée française se disperse pour débusquer les résistants dissimulés dans le maquis. Loin de leurs supérieurs hiérarchiques, les petits chefs en profitent pour imposer leur loi et terrorisent la population en se défoulant sur les femmes. Certaines sont détenues dans des prisons sordides où elles subissent tortures sexuelles et viols à répétition.
En Amérique latine, les années 1960 s’ouvrent sur trois sombres décennies de dictatures militaires qui, soutenues par les Etats-Unis, s’accompagnent de violentes répressions d’Etat. Ces régimes de terreur s’attaquent à tout ce qui ressemble de près ou de loin à un opposant, armé ou non. Les guérillas surgissent, des guerres civiles éclatent au cours desquelles les femmes vont payer un lourd tribut. C’est le Guatemala, le Pérou, le Nicaragua, le Salvador, la Colombie, mais aussi l’Argentine, le Chili, l’Uruguay, la Bolivie, le Brésil, Haïti ou le Chiapas. Militaires, paramilitaires et insurgés violenteront les femmes.
Le Chiapas est un Etat du Mexique riche en ressources naturelles, bien que ce soit le plus pauvre du pays. Le mouvement zapatiste apparaît en 1994, qui lutte pour « défendre les droits sociaux, politiques et culturels des peuples indigènes et pour une plus juste répartition des richesses ». Au mépris d’un accord signé entre les zapatistes et le gouvernement, lequel revient sur son engagement, la population fait l’objet d’une guerre dite « de basse intensité » menée par des groupes de paramilitaires équipés et formés par l’armée mexicaine. Ces milices, installées à l’intérieur même des villages soupçonnés de sympathie envers les rebelles, violent les femmes de façon systématique dès qu’elles sortent de chez elles, enlèvent les jeunes filles et les contraignent à la prostitution et à l’esclavage sexuel. Une menace permanente entrave la vie de toute la communauté. La peur du viol enferme les femmes chez elles (12).
Au Nigeria, entre 1967 et 1970, lors la guerre du Biafra, dans une région bordant le delta du Niger particulièrement riche en pétrole, les jeunes femmes ont été la proie des hommes armés. Celles qui ont accouché d’enfants « de père inconnu » ont été mises au ban de la société.
Le viol des femmes devant leur mari et leurs enfants est une atteinte à l’intimité d’une portée effroyable. Il affecte la relation du couple, celle de la famille et celle de toute la communauté. Dans les sociétés patriarcales, les femmes violées sont méprisées, rejetées. C’est la dislocation du noyau familial.
En RDC (que les Congolais à Kinshasa appellent, par dérision, la République dramatique du Congo), les Nations unies et des ONG américaines estiment qu’un peu plus de quatre millions de personnes auraient disparu dans l’est du pays. Les groupes armés rebelles, comme les forces gouvernementales, sèment la terreur dans les villages et dans les camps de réfugiés. Massacres, assassinats et viols sont le lot quotidien d’une population qui vit dans la crainte, sur fond de trafic d’armes, de drogue et de minerais précieux.
Dans le nord-est du pays, en Ituri, au Nord Kivu et au Sud Kivu, ce sont des centaines de milliers de femmes qui ont subi et subissent les pires sévices. La destruction est tout autant physique que psychologique (voir le reportage « A la rencontre de victimes de viols en RDC », avec Boris Cyrulnik). Les femmes blessées au plus profond d’elle-même s’isolent, par honte, quand elles ne sont pas simplement chassées de leur famille. Fragilisées, elles manquent de tout ce dont un être humain a besoin pour se reconstruire : écoute, compassion, réconfort et assistance. Elles souffrent de graves problèmes de santé dus aux lésions de leur appareil génital souvent détruit, qui nécessitent une opération, et donc une hospitalisation. Nombre d’entre elles, contaminées par leurs violeurs, sont séropositives. Elles ne peuvent même pas recourir à l’IVG : l’avortement est illégal en RDC — même en cas de viol.
Légalité de l’avortement en cas de viol
Esquisse : Ag. St. 2010.
Quelques-unes de ces femmes trouveront refuge auprès des organismes humanitaires, très actifs sur le terrain, mais complètement débordés par l’ampleur de ces événements. Les ONG mettent en place des programmes de soutien psychologique impliquant la famille et le village, car la reconstruction passe, bien sûr, par la « réconciliation sociale ». Les victimes se forment à des activités artisanales ou agricoles afin d’assurer leur propre existence. Et, petit à petit, elles arrivent à réintégrer la communauté.
La Mission des Nations unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (Monusco) est jusqu’à présent restée impuissante à empêcher ces crimes de guerre (il faut voir le très bon documentaire de Susanne Babila « Le viol, une arme de guerre au Congo », 2007).
Epuration et génocide
Tous les arguments sont bons pour justifier la pratique du viol systématique. Purification, transmission du « sang » du géniteur : l’histoire ne manque pas d’exemples dans lesquels ces croyances d’un autre âge ont été largement utilisées.
La propagande fasciste, au cours de la guerre civile espagnole entre 1936 et 1939, a utilisé la radio de Séville pour inciter les milices franquistes au viol (pour la procréation) des républicaines et des femmes soupçonnées de soutenir les communistes. Quand les républicains gagnent du terrain, les franquistes écrivent sur les murs des villages qu’ils fuient : « Le village sera perdu mais vos femmes accoucheront de petits fascistes » (13).
Au début des années 1970, le Pakistan oriental conteste le pouvoir que le Pakistan occidental détient et qu’il exerce à son avantage. Il proclame son indépendance et devient le Bangladesh. S’ensuit une violente vague de répression. Deux cent mille Bangladaises sont violées par l’armée pakistanaise, laquelle s’emploie à introduire en elles « de purs gènes musulmans » (elles sont considérées comme à moitié hindoues). Les hommes non circoncis sont tués. A la suite de cette guerre, le gouvernement bangladais a pris des mesures avec l’aide d’organismes internationaux pour aider les femmes à surmonter ces épreuves, notamment avec des programmes d’avortement et d’adoption. Les victimes sont appelées « bironginis », c’est-à-dire « héroïnes », afin d’écarter tout risque de stigmatisation.
On retrouve une situation assez similaire dans le conflit qui oppose l’Angola et la région du Cabinda (riche province pétrolière), qui revendique son indépendance. Les violences sexuelles exercées par l’armée angolaise contre les Cabindaises y sont fréquentes et intentionnelles, encouragées par le gouvernement angolais pour « faire mentir » les arguments des Cabindais qui revendiquent leur différence ethno-culturelle (14).
Au début des années 1990, c’est l’Europe qui devient le théâtre du viol comme arme de guerre. La Yougoslavie implose sous la pression des ultranationalistes. Le viol est pratiqué à grande échelle en Croatie et en Bosnie-Herzégovine. Les hauts responsables serbes bosniaques font ouvrir de camps militaires, les « camps du viol », par où transitent des dizaines de milliers de femmes livrées aux soldats, autant de fois nécessaires pour que la reproduction soit assurée. Elles sont ensuite maintenues en détention jusqu’au sixième mois de grossesse pour prévenir tout « accident dommageable » pour l’enfant. Aujourd’hui, ces femmes traumatisées parlent d’autant moins que leurs violeurs vivent librement à proximité de chez elles.
1994. Lors du génocide rwandais, les femmes sont sauvagement violées, et entre huit cent mille et un million de Tutsis et Hutus modérés sont assassinés (15). Les rares survivantes doivent vivre avec leurs traumatismes et leur séropositivité. Elles se définissent elles-même comme des « mortes en sursis ».
Enfin des tribunaux pour juger ces crimes ?
Il ressort de ces tragédies inscrites dans des contextes sociopolitiques différents deux constantes : le silence et l’impunité.
En principe, les violeurs sont jugés par les tribunaux locaux. Dans les sociétés patriarcales, le viol peut être considéré comme un délit mineur (quand ce n’est pas la victime qui est rendue coupable) et les autorités locales traînent les pieds pour arrêter les auteurs de ces crimes. En RDC, ce sont les haut-gradés, voire les élus (les hommes politiques) qui auraient dû livrer les présumés coupables à la justice ; mais ils ne le font pas. Comme le souligne Margot Wallström, « les perspectives d’inéligibilité et de non-amnistie peuvent faire pression sur eux et les obliger à tenir leurs troupes et à faire punir les criminels ».
Dans certains cas sensibles, des tribunaux internationaux spéciaux ont été mis en place, relayés en cela par la Cour pénale internationale (CPI), opérationnelle depuis 2002 de façon permanente. Un rapide survol historique nous donne une idée de la façon dont les viols commis par les militaires pendant les conflits ont été réprimés.
Le Tribunal militaire international de Nuremberg, créé en 1945 pour traduire en justice les grands criminels du régime nazi en Europe, n’a pas jugé les viols, ceux-ci n’étant reconnus à l’époque ni comme crimes de guerre, ni comme crimes contre l’humanité. La justice militaire américaine, de son côté, pressée par les innombrables plaintes qu’elle a reçues, a jugé une partie de ses propres soldats coupables de viols, du moins ceux commis en Europe. En France, vingt-et-un d’entre eux ont été pendus sur les lieux de leur délit (en Normandie). Un Tribunal militaire international pour l’Extrême-Orient est créé en 1946 pour juger les grands criminels de guerre japonais, mais, là encore, viols, prostitution forcée et esclavage sexuel ne figurent sur aucun acte d’accusation. Au Bangladesh, les auteurs des viols ont été, dans un premier temps, fait prisonniers, puis relâchés assez rapidement... et sans procès.
Le viol devant le Tribunal pénal international
Illustration : Ag. St. 2010
Le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY), créé en 1993, reconnaît les violences sexuelles comme crimes de guerre. Douze hommes seulement ont été condamnés pour des violences sexuelles. Les victimes, jusqu’à présent, n’ont reçu aucune aide de l’Etat.
Le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) est mis en place fin 1994 pour « juger les personnes responsables d’actes de génocide et d’autres violations graves du droit international humanitaire commis sur le territoire du Rwanda ou par des citoyens rwandais sur le territoire d’Etats voisins au cours de l’année 1994 ». Les organisations féministes et de défense des droits humains se battent durement afin que les accusations de viol ne soient pas évacuées d’un revers de main en dépit des preuves établies.
Le Tribunal spécial pour la Sierra Leone (TSSL), créé en 2002, a émis trois actes d’accusation contre des dirigeants de groupes armés et de milices ayant commis des crimes pendant le conflit. L’un d’eux vise l’ancien président du Libéria, M. Charles Taylor, pour des viols, des violences sexuelles et l’esclavage sexuel de filles et de femmes. Il reconnaît l’esclavage sexuel et la pratique des mariages forcés comme des crimes de guerre, les viols comme un crime contre l’humanité.
On se félicite des avancées en matière de droit pour faire reconnaître le viol en tant que crime et traduire les coupables en justice. Mais il y a malheureusement encore loin de la coupe aux lèvres. La recherche d’un responsable « hiérarchique » complique le travail des tribunaux spéciaux... Finalement, peu sont jugés et l’impunité demeure.
Neuf personnes présumées coupables de viols en RDC, dont un chef militaire, ont été arrêtées en janvier 2011 — une première —, et les premières affaires arrivent aujourd’hui sur le bureau du procureur de la CPI. L’histoire dira comment seront jugés ces crimes.
Des femmes qui refusent de se taire
Dans l’Etat indien du Manipur, plusieurs groupes de femmes ont organisé des manifestations pour protester contre le comportement des forces armées. Territoire subalterne annexé par l’Inde en 1947, le Manipur devient un Etat en 1972, mais New Delhi étend la loi sur les pouvoirs spéciaux des forces armées (AFSPA), déjà en vigueur depuis 1958, à l’ensemble du territoire, par crainte d’une insurrection armée. Depuis, un régiment spécial, les « Assam Rifles » (« tirailleurs de l’Assam »), commet de nombreuses exactions au nom de sa mission de maintien de l’ordre. En 2004, certains de ses soldats arrêtent une jeune femme, Thangjam Manorama, soupçonnée d’appartenir à un groupe armé. Sous le coup d’un mandat d’arrêt officiel, elle a dû quitter le domicile de ses parents, escortée par l’armée. Son corps mutilé a été retrouvé le lendemain. Un examen médicolégal a indiqué qu’elle avait vraisemblablement été violée avant d’être tuée.
« Scandalisés par ce meurtre et par l’impunité avec laquelle l’armée pouvait ainsi violer et tuer, écrit Amnesty international en 2004, les membres d’un collectif de femmes ont voulu exprimer leur écœurement face aux fréquentes atrocités perpétrées par des membres des forces de sécurité contre des femmes ou des enfants, en se déshabillant sur la place publique et en mettant au défi les soldats de venir les violer. Cet acte courageux et symbolique a été le point de départ d’une vague de manifestations de masse, qui ont finalement amené le gouvernement de l’Etat à demander au pouvoir fédéral d’abroger l’“Armed Forces Special Powers Act” (loi relative aux pouvoirs spéciaux des forces armées). Le gouvernement local a annoncé que la municipalité de Imphal n’était plus considérée comme “zone de troubles” et a donc réduit en conséquence les pouvoirs des forces militaires qui y étaient déployées (16). »
(2) Durant la campagne d’Italie, en juin 1859 en Lombardie, dans la province de Mantoue, l’armée française de Napoléon III, alliée à l’armée sarde, remporte une victoire sur l’armée autrichienne de l’empereur François-Joseph.
(3) C’est la reconnaissance officielle, pour la première fois, de la nécessité d’un « service » de santé pour les militaires blessés. La première convention de 1864 stipule l’obligation de soigner les blessés sans distinction de nationalité, la neutralité (l’inviolabilité) du personnel sanitaire et des établissements sanitaires et le respect du signe distinctif de la Croix-Rouge sur fond blanc. Elle est réactualisée une première fois en 1868, en 1906, puis en 1929, date à laquelle une seconde convention relative au traitement des prisonniers de guerre voit le jour. A partir de 1934, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) prévoit la rédaction d’une convention pour la protection de certaines populations civiles (« Projet de Tokyo »). Mais la seconde guerre mondiale éclate ; les civils attendront.
(4) Instrument constitutif de l’Organisation des Nations unies (ONU). Elle fixe les droits et les obligations des Etats membres, porte création des organes et des procédures. Convention internationale, elle codifie les grands principes des relations multilatérales, de l’égalité souveraine des Etats à l’interdiction d’employer la force dans ces relations.
(6) Elisabeth Jean Wood : Variation in Sexual Violence during War, in Order, conflict and violence de Stathis N. Kalyvas, Ian Shapiro et Tarek Masoud, Yale University, Connecticut, 2008.
(7) Wendy Jo Gertjejanssen, Victims, Heroes, Survivors : Sexual Violence On The Eastern Front During World War II, University of Minnesota, 2004 ; Ian Kershaw et Laurence Rees, War of the Century : When Hitler Fought Stalin, New Press, 2000.
(8) Suzan Brownmiller, Le Viol, Stock, 1976 ; lire le compte rendu dans Libération, le 13 février 2009 : « Rouge cauchemar ».
(9) Tommaso Baris, Le corps expéditionnaire français en Italie : violences des « libérateurs » durant l’été 1944, Vingtième Siècle, Revue d’histoire, Presses de Sciences Po, 2007/1 (n° 93).
(10) Robert J. Lilly, La face cachée des GI’s. Les viols commis par des soldats américains en France, en Angleterre et en Allemagne pendant la seconde guerre mondiale, Payot, Paris, 2003 (lire notre recension).
(11) Georges-Henri Guiraud, Aux frontières de l’enfer, Monte-Carlo, Regain, 1956.
(12) « Le viol comme arme de guerre. Conflits armés et violence sexuée au Chiapas et en ex-Yougoslavie », Flagrant délit, n° 9, 1999.
(13) Yannick Ripa, Purifier et soumettre. La violence sexuelle contre les républicaines durant la guerre d’Espagne, Pandora, revue d’études hispaniques, nº 5, 2005.
(14) Alors que l’Angola est devenu une colonie portugaise dès 1482, le peuple cabindais résiste à l’invasion du Portugal jusqu’en 1885. Le gouvernement portugais rattache les deux territoires — séparés par une parcelle de la RDC — sous une administration unique. Au moment de l’indépendance, en 1975, l’Angola annexe d’emblée le Cabinda, qu’il considère comme sa dix-huitième province, alors que ce dernier réclame son indépendance en arguant que les deux territoires ne partage ni la langue (hormis le portugais), ni la culture, ni l’histoire, ni même de frontière. Depuis, l’armée angolaise occupe le territoire rebelle où elle violente la population.
(15) Lire le magnifique mais terrible roman de Koulsy Lamko, Phalène des Collines, le Serpent à Plumes, Paris, 2000.
(16) Amnesty International, « Les crimes commis contre les femmes lors des conflits armés », 2004.
Agnès Stienne est artiste, graphiste et illustratrice indépendante.
Les textes migreront petit à petit sur la nouvelle plateforme, mais les forums resteront en place : les mises-à-jour, les refontes, les ajouts de documents dans les articles existants se feront sur le nouveau site de Visions carto
AÎmons-nous les uns les autres
et semer sur notre chemÎn,
des fleurs et pétales au JasmÎn
embaumer au passage et clamer
LÎberté, JustÎce et plus de PaÎx !
Hismastervoice
(15 février 2011 @01h30)
:
Serait-il possible d’avoir les images en plus haute résolution ? Les dernières sont illisibles, et les autres le sont peu (ce qui est quand-même dommage pour un travail de cette qualité).
Merci
раm
(15 février 2011 @02h01)
:
@ Hismastervoice
En cliquant sur le bitmap puis en copiant celui du pop-up vous pouvez récupérer les illustrations dans les tailles suivantes :
"Le corps expéditionnaire français se distingue en Italie par le viol de plusieurs milliers de femmes lors de la campagne de 1944"
Vous oubliez de préciser que ces actes (dossier Ciocciara) furent le fait des troupes d’Afrique du nord. Simple oubli ou malhonnêteté intellectuelle ?
(je ne suis pas le fils d’Eric Zemmour, simplement quelqu’un qui aime la précision historique)
Bazile
(15 février 2011 @18h19)
:
@sabate
Vous oubliez de préciser que ces actes (dossier Ciocciara) furent le fait des troupes d’Afrique du nord. Simple oubli ou malhonnêteté intellectuelle ?
Quand bien même cela serait le fait de « des troupes d’Afrique du nord », on parle de milliers de cas, pas de quelques cas isolés. Cela implique donc la responsabilité de la hiérarchie militaire de la France non ?
Parent de Zemmour ou pas, vous faites des raccourcis curieux sous couvert de précision.
Agnès Stienne
(15 février 2011 @18h53)
:
Le corps expéditionnaire français, comme son nom l’indique, était de la seule responsabilité de l’armée française. Elle était commandé par le général Juin, composé de Nord Africains et d’Européens.
Je vous renvoie à l’article de wikipedia :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Corps_exp%C3%A9ditionnaire_fran%C3%A7ais_en_Italie
Cet article est très intéressant.J’habite à Nantes...Il y a deux jugements terribles en ce moment et parallèlement l’association l’autre rive (association d’aide aux femmes violées) n’est plus subventionnée..En temps de guerre Nantes découperait les femmes violées (humour noir) et les jetterait dans la rivière..à moins qu’elle ne s’adapte à un cabaret pour berlusconi.
biojm2
(16 février 2011 @16h09)
:
Le fait de préciser qu’il s’agissait de nord-africains, est une pure remarque raciste de la part de l’auteur du commentaire.
Sur le sujet du viol, je suis un enfant de l’après guerre de 39/45, les conversations entendues dans mon village dans les années 60 rapportaient, à l’époque, que les soldats allemands se comportaient beaucoup mieux que le "sauveur" américains, avec les civils !
Excellent article que je vais relayer
chamil
(19 février 2011 @12h34)
:
Sur le sujet du viol, je suis un enfant de l’après guerre de 39/45, les conversations entendues dans mon village dans les années 60 rapportaient, à l’époque, que les soldats allemands se comportaient beaucoup mieux que le "sauveur" américains, avec les civils
Si les territoires occupés occidentaux n’ont pas subi la mise en esclavage des Polonais ou des Russes (y compris au point de vue sexuel)certes, cette affirmation tient beaucoup au racisme latent contre les soldats noirs de l’armée américaine, contre lesquels se multipliaient les accusations de viol (notamment en Normandie).
L’armée allemande a multiplié les abus sexuels et comme le dit Jean Pierre Azéma a très loin été d’être "korrekt" comme elle le prétendait dans sa propagande.
Mais il est vrai que globalement, quelque soit l’armée, cela n’a rien à voir avec les orgies de l’armée rouge.
Saluant la récente arrestation de deux hommes longtemps recherchés pour leurs rôles respectifs dans le conflit en Ex-Yougoslavie et durant le génocide rwandais, la Représentante spéciale du Secrétaire général de l’’ONU chargée de lutte contre les violences sexuelles dans les conflits armés, Margot Wallström, a souligné, dimanche, qu’’il fallait s’’assurer que les accusations de violences sexuelles dont ils font tous deux l’’objet soient exposées lors des procédures judiciaires en cours.
L’’ex-chef militaire des forces serbes de Bosnie au moment du conflit en Bosnie-Herzégovine, Ratko Mladic, a été appréhendé la semaine dernière en Serbie après avoir échappé à la justice pendant près de 16 ans. Bernard Munyagishari était recherché par le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), l’’accusant de crimes de génocide et crimes contre l’’humanité, il a été arrêté en République démocratique du Congo (RDC), le 25 mai.
Margot Wallström a déclaré que les actes d’’accusation incluant des crimes de violences sexuelles montraient que la lutte contre l’’impunité pour les crimes sexuels lors de conflits armés continuait de donner des résultats.
« Cependant, dans la plupart des exposés des médias sur ces arrestations respectives, la violence sexuelle utilisée comme une tactique ou une arme de guerre continue d’’être négligée et peu mentionnée », a-t-elle dit par voie de communiqué.
M. Mladic est en attente de transfert à La Haye, où il sera jugé devant le Tribunal pénal international pour l’’ex-Yougoslavie (TPIY). Il est inculpé pour 15 chefs d’’accusation dont cinq pour violence sexuelle ou abus sexuels.
M. Munyagishari, l’’ancien chef de la milice hutue Interahamwe dans la ville de Gisenyi, à l’’ouest du Rwanda, est inculpé pour cinq chefs d’’accusation dont le génocide et le viol considéré comme un crime contre l’’humanité, lors du massacre d’’environ 800.000 Tutsis et Hutus modérés qui a eu lieu pendant plus de trois mois à partir d’’avril 1994. Il est en attente de transfert vers le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), basé à Arusha, en Tanzanie.
« Il est crucial que les terribles actes de violence sexuelle dont ils sont tous deux accusés soient exposés lors du processus judiciaire en cours », a déclaré Mme Wallström. « C’’est seulement en révélant ces actes terribles au grand jour que l’’on peut aider à briser le plus grand silence de l’’histoire. »
Agnès Stienne
(15 juin 2011 @17h09)
:
une série de quatre émissions consacrées à la place des femmes dans les conflits armés, dont une sur le viol comme arme de guerre, seront diffusées sur France culture dans l’émission de Florian Delorme Culturesmonde de 11 h à 12 h du 20 au 23 juin 2011
Agnès Stienne
(17 juin 2011 @14h35)
:
Le procureur de la Cour pénale internationale évoque l’existence d’une politique de viols, encouragée par le régime de Kadhafi, en Libye.
Les enquêteurs ont des preuves que le dirigeant Mouammar Kadhafi a ordonné des viols en série. "Nous avions des doutes au début mais maintenant nous sommes convaincus qu’il a décidé de punir en utilisant les viols", a indiqué Luis Moreno-Ocampo, procureur de la Cour pénale internationale, ce mercredi. "Maintenant nous recevons des informations sur le fait que Kadhafi a décidé lui-même de ces viols et c’est nouveau".
Il a expliqué que, selon certains informations, des centaines de femmes auraient été agressées dans certaines zones de Libye. "Le viol est une nouvelle forme de répression", a dit le procureur. "Aujourd’hui nous confirmons qu’il y a eu une politique de viols en Libye", a-t-il dit.
Luis Moreno-Ocampo a indiqué qu’il pourrait donc requérir un nouveau chef d’accusation contre Kadhafi du fait de ces nouveaux éléments. Le procureur attend par ailleurs une décision des juges dans les jours à venir sur sa demande de qualification de crimes contre l’humanité contre le leader libyen.
Kadhafi, qui accusait les insurgés d’être des "jeunes drogués auxquels les hommes de Ben Laden auraient distribué des médicaments" au début de la crise libyenne, aurait fait distribuer des stimulants sexuels de type Viagra à ses soldats, a aussi indiqué mercredi le procureur de la CPI.
Par LEXPRESS.fr avec AFP, publié le 09/06/2011
Agnès Stienne
(23 juin 2011 @17h22)
:
@ Marc
Excusez-moi si je n’ai pas réagi avant, je viens de lire l’intervention de Daniel Welzer-Lang que vous nous avez signaler. C’est très intéressant, je vous remercie. Le contexte de son exposé est différent mais sur le fond je suis d’accord avec lui. L’idée d’une certaine masculinité conditionne ou favorise le passage à l’acte des hommes violents et la culpabilisation des victimes reste encore très forte.
« L’ancien président du Liberia Charles Taylor a travaillé pour la CIA et le Pentagone à partir du début des années 80, selon des informations du Boston Globe. L’agence de renseignement de la défense américaine (DIA) a confirmé que certains de ses agents et d’autres de la CIA avaient commencé à travailler avec Taylor au début des années 80. Mais la DIA s’est refusée à préciser l’ampleur et la durée de cette collaboration, invoquant un risque pour la sécurité nationale. Le détail de cette collaboration est contenu dans des dizaines de rapports secrets – au moins 48 documents séparés – qui couvrent plusieurs dizaines d’années.
INFORMATIONS SUR KADHAFI
"Ils ont peut-être continué avec lui plus longtemps qu’ils n’auraient dû, mais peut-être apportait-il quelque chose d’utile", a commenté Douglas Farah, expert de la période où Taylor était au pouvoir au Liberia, entre 1997 et 2003. Dans les années 80, Taylor était probablement utile aux Américains pour recueillir des renseignements sur Mouammar Kadhafi, ont déclaré au quotidien américain M. Farah ainsi que d’anciens responsables du renseignement parlant sous couvert d’anonymat.
Président du Liberia de 1997 à 2003, Taylor était probablement vu comme une source d’information sur des questions plus larges en Afrique, qu’il s’agisse du trafic illégal d’armes jusqu’aux activités de l’Union soviétique sur le continent, a également expliqué un de ces responsables du renseignement.
Charles Taylor a été inculpé en juin 2003 de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité par le Tribunal spécial pour la Sierra Leone, pour les atrocités commises durant la guerre civile dans ce pays (1991-2001). Le procès s’est terminé en mars 2011. Le verdict est en attente. »
Agnès Stienne
(9 février 2012 @09h19)
:
Les « chambres foraines » du Sud-Kivu permettent aux femmes violées d’obtenir justice. Un exemple de lutte contre l’impunité en conditions extrêmes
Le viol a été utilisé partout, par toutes les armées. La condition militaire est là pour le favoriser, comme la pédophilie chez les prêtres. Il faut cependant noter que le viol est aussi utilisé pour la mise en condition des foules quand les USA veulent agresser un pays. Une journaliste du Monde a pu publier un livre basé sur un seul témoignage, pour dénoncer les "viols systématiques" perpétrés par Kadhafi. (après qu’un procureur au TPI ait parlé des grotesques containers de viagra de kadhafi). Un peu comme le fameux succès de librairie "jamais sans ma fille", sorti de l’imagination d’une mère qui souhaitait obtenir l garde de sa fille et une pension alimentaire gonflée. Et ces journalistes "éthiques" ne travaillent que pour ceux qui les financent ou pour faire de gros tirages. Très peu ont parlé des viols systématiques dans les colonies, françaises ou autres. Très peu parlent des problèmes endémiques autour des bases américaines ou autres. Où sont donc passés les 60000 viols de kosovares par des serbes ? Où sont passés les enfants qui en sont nés ? Ils ont disparu après l’effondrement de la Yougoslavie, comme les camps de concentration invoqués quand il fallait convaincre les européens de bombarder une ville et les infrastructures civiles de la Serbie. On peut donc aussi parler de la propagande sur le viol en temps de guerre et le silence qui s’ensuit, faute d’éléments probants.
Anne-Marie De Pauw
(29 mai 2017 @11h02)
:
Bonjour
J’écris un roman qui se passe dans l’imaginaire. Du féminin blessé au Féminin Sacré.
Puis je reproduire en notant évidemment vos coordonnées le passage suivant :
"Privilège des vainqueurs, soumission des vaincus, le viol est le symbole fort de la victoire. Les femmes deviennent le « lieu » de la bataille ou du conflit. Le viol systématique est une arme de terreur, une arme de guerre, une stratégie psychologique déstabilisante qui agit sur le moral des combattants pour élimi-ner toute forme de résistance. "
Je vous remercie de l’attention que vous voudrez accorder à ma demande et vous présente mes salutations.
Anne-Marie
Sylvain
(25 octobre 2017 @18h22)
:
Vous avez raison de parler des viols commis par l’armée française en Algérie, mais pourquoi ne parlez-vous pas de tous ceux commis par le FLN ? Étrange oubli tout de même...