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Mémoire brouillée à Budapest

par Dominique Vidal, 18 avril 2011

C’est le « must » de tout week-end à Budapest. A peine débarqué de l’avion, on propose au touriste de s’y rendre sans faute.

Pas facile, d’ailleurs : il faut prendre un tramway bringuebalant jusqu’à la place Moricz Zsigmond, puis marcher dans la rue Fehervari jusqu’à la rue Octobre (1956, pas 1917 évidemment). De là, le bus 150 prend son temps pour slalomer entre cités populaires et petits pavillons, en direction de la grande banlieue.

Une heure plus tard, vous y êtes : au « Mémento Park ». Sous-titre : « Fantômes de la dictature communiste ». Aux statues de Marx, Engels, Lénine – mais, curieusement, pas de Staline – qui parsèment ce jardin à peine entretenu se mêlent naturellement les gloires du mouvement ouvrier hongrois et international, sans oublier les inévitables prolétaires, paysans et soldats s’élançant vers des lendemains qui devaient chanter…

Et, soudain, surprise : voici deux monuments aux Brigades internationales antifascistes en Espagne (cf. photos ci-dessous), mais aussi des mémoriaux au soldats soviétiques libérateurs de la Hongrie nazifiée, et enfin une statue à la Zadkine symbolisant – si l’on devine bien – les martyrs morts en déportation.

Confusion mentale, manipulation perverse ou hommage involontaire du vice à la vertu ? Qui peut ainsi présenter les héros du combat contre le nazisme comme des « Fantômes du communisme », sinon les fantômes… des collabos de la Wehrmacht et de la SS ? La Hongrie, il est vrai, n’en manquait pas...

Ce groupe de jeunes visiteurs espagnols, en tout cas, ne s’y est pas trompé : ils posent, poing levé, aux côtés des brigadistes... Pour un peu, on entendrait « No Pasaran ! »

Dominique Vidal

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