Ces images sont vendues sous forme de cartes postales au profit de la mobilisation et seront portées bien haut pendant la manifestation. Certaines d’entre elles sont inédites, d’autres ont déjà été utilisées dans des contextes différents, mais toutes gardent leur actualité dans la France de 2011. C’est l’occasion de revenir sur le lien entre graphisme et politique.
On connaît mal le graphisme et son histoire. Cette très riche discipline artistique est ignorée non seulement du grand public, mais aussi des partis politiques, associations ou syndicats dont les archives regorgent pourtant d’images fortes, des constructivistes russes aux Ateliers populaires de Mai 68, de John Heartfield à Roman Cieslewicz, de Gerd Arntz à Grapus.
Avec l’essor des multinationales de la pub, puis l’apparition de l’ordinateur – qui démocratise les outils de conception graphique –, les organisations politiques ont désormais le choix : soit elles produisent leurs affiches en interne, de manière plus ou moins amateur (quand elles n’ont pas de moyens), soit elles s’adressent à des « pros », c’est-à-dire... à des agences de pub qui leur font payer très cher des images lisses accompagnées de slogans convenus.
Les « graphistes auteurs », de leur côté, se sont généralement désintéressés de la politique et produisent – en vase clos – des images et des supports graphiques pour un petit secteur culturel de pointe. Images qui tournent en boucle sans perturber la marche du monde, au sein de festivals et de revues de graphisme dont l’audience reste confidentielle.
Il est essentiel de retrouver ce lien entre les forces du mouvement social et l’art graphique. Non pas une relation de client à prestataire de service, mais un vrai travail de création collective où le politique rencontre le poétique. Non pas une stratégie du « coup », mais un compagnonnage sur la durée, comme l’ont connu par exemple John Heartfield avec le PC allemand, Emory Douglas avec les Black Panthers, ou encore Ne pas plier avec l’APEIS (Association pour l’emploi, l’information, et la solidarité des chômeurs et travailleurs précaires).
Face aux moyens gigantesques (en termes d’argent, d’espace et de compétences) dont dispose la pub, qui modèle un imaginaire consumériste et individualiste, il nous paraît vital de résister à cette standardisation du symbolique et de proposer une alternative. L’histoire n’est pas finie, celle des signes politiques continue.
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