«Faisons du Pays des Juifs un Pays Juif. » Cette fière devise surplombe le site Manhigut Yehudit (« Leadership juif »), dont le fondateur est Moshe Feiglin, un député du Likoud. Le 31 janvier, il affronte Benyamin Netanyahou pour le leadership du parti. Que cet homme qui vit dans une colonie de Cisjordanie, condamné à six mois de prison (commués en travaux d’intérêt général) pour sa campagne de désobéissance civile contre les accords d’Oslo de 1993, puisse briguer la direction du principal parti d’Israël en dit long sur la dérive fascisante de ce pays. On connaissait déjà Avigdor Lieberman, le ministre des affaires étrangères, que ses thèses racistes auraient rendu persona non grata dans n’importe quelle démocratie qui se respecte. On a maintenant Feiglin, qui n’a pas hésité à faire l’éloge d’Adolf Hitler.
On ne peut en tout cas pas lui reprocher de cacher ses opinions. Il a salué « l’acte de résistance » que représente, selon lui, le meurtre par l’extrémiste juif Baruch Goldstein, en févier 1994, de vingt-trois fidèles musulmans qui priaient dans la mosquée de Hébron. Bien évidemment, il est favorable à l’annexion de tous les territoires palestiniens et prône le transfert des Palestiniens, comme l’indique la devise de son site prônant de transformer la terre en « pays juif ».
La solution est d’autant plus facile que, pour lui, comme d’ailleurs pour les candidats républicains à la primaire aux Etats-Unis (Newt Gingrich et Mitt Romney), les Palestiniens n’existent pas : il n’y a que des gens parlant arabe qu’il faut encourager à aller s’installer dans un pays arabe. Pour cela, rien de plus facile : couper l’eau et l’électricité aux habitants non juifs de la Cisjordanie.
Dans un entretien au quotidien Haaretz, en 1995, il disait : « Hitler était un génie militaire inégalé. Le nazisme a fait passer l’Allemagne d’un bas niveau à un niveau physique et idéologique fantastique. Les jeunes loqueteux ont été transformés en une catégorie propre et ordonnée de la société et l’Allemagne a disposé d’un régime exemplaire, d’un système de justice adéquat et de l’ordre public. Hitler aimait la bonne musique. Il pouvait peindre. Les nazis n’étaient pas une bande de voyous. » (lire Khalid Amayreh, « Likud Leader, Moshe Feiglin, Israel’s Emerging Hitler, to Join Parliament », Al-Jazeera, décembre 2008.)
Pour les Français de l’étranger qui voteront aux élections législatives dans une dizaine de circonscriptions, le site de Feiglin appelle les Israéliens disposant d’un passeport français à voter pour Philippe Karsenty, un illuminé qui se bat depuis des années pour essayer de montrer que le journaliste de France 2 Charles Enderlin est un imposteur et que l’affaire de l’enfant palestinien tué aux premiers jours de la seconde Intifada, Mohammed Al-Doura, est une mise en scène. Selon ce site, ce « combattant de la vérité » est un « véritable ami d’Israël ». De l’Israël que représente Feiglin, cela ne fait aucun doute…
En 2008, le gouvernement britannique a décidé de l’interdire d’entrée sur le territoire. Mais Feiglin est-il un marginal ? on peut en douter. Lors des primaires d’août 2007 du Likoud, il obtenait 24% des voix et, en décembre 2008, il arrivait à la vingtième place sur 140 candidats pour la liste des députés (il sera rétrogradé par Netanyahou). On le crédite de 25 à 30% des suffrages dans la compétition du 31 janvier au sein du Likoud.
Comme le fait remarquer Akiva Eldar dans Haaretz du 30 janvier (« Netanyahu or Feiglin, Israel’s future still looks dark »), Feiglin sert aussi à faire apparaître Netanyahou comme un « modéré », alors même que le premier ministre israélien applique à la lettre la politique voulue par ces extrémistes, refuse toute véritable négociation et étend la colonisation. Eldar conclut ironiquement en appelant à voter pour Feiglin-yahou !
Les chrétiens d’Orient
Université populaire à Paris, samedi 4 février 2012.
Séance 1 : L’histoire des chrétiens d’Orient, avec Joseph Maïla (professeur de sociologie politique et de relations internationales, directeur de la prospective au ministère des affaires étrangères).
Séance 2 : Appréhender les « minorités religieuses » au Proche/Moyen Orient, avec Rudolf El-Kareh (professeur de sciences sociales et politiques ayant exercé au Liban [UL], en France à l’IEP d’Aix-en-Provence, l’Université d’Aix-Marseille et au Canada).
Séance 3 : Les coptes d’Egypte, par Laure Guirguis (doctorante à l’EHESS, Paris et au CEDEJ, Le Caire).
Participation : 20 euros par cycle (12 euros pour les étudiants et les demandeurs d’emploi). Formule d’abonnement annuel : 120 euros pour l’ensemble des sessions (80 pour les étudiants et les demandeurs d’emploi).
Horaires : séance 1, 10 h 30-12 h 30 ; séance 2, 14 h-16 h ; séance 3, 16 h 15-18 h 15.
Contact et inscription : universite-populaire[@]iremmo.org.