Battus au cours des deux dernières élections présidentielles, par Hugo Chávez en octobre 2012 et, après son décès, par son « héritier » Nicolas Maduro en avril 2013, aux régionales de décembre 2012, aux municipales de décembre 2013, les secteurs les plus radicaux de l’opposition vénézuélienne, avec pour chefs de file M. Leopoldo López, coordinateur national du parti Volonté populaire, la députée « indépendante » María Corina Machado et le maire « social-démocrate » du grand Caracas Antonio Ledezma, se sont lancés en février 2014 dans une tentative de déstabilisation du pouvoir, appelant au renversement de M. Maduro, sous le mot d’ordre générique de « La Salida » (la sortie).
Pour mémoire, on rappellera que Mme Machado, fondatrice de l’organisation non gouvernementale « d’observation électorale » Súmate, financée par l’USAID (Agence internationale des Etats-Unis pour le développement) a signé le décret du bref dictateur Pedro Carmona lors du coup d’Etat contre Chávez, en avril 2002. De son côté, M. López, l’un des fondateurs en 2000 du très droitier parti Primero Justicia, conçu lui aussi grâce aux fonds et aux conseils de l’USAID, a également été l’un des protagonistes particulièrement remarqués de ce coup d’Etat, avant de rejoindre Volonté populaire, officiellement créé en tant que parti politique le 14 janvier 2011.
Lire aussi Alexander Main, « Au Venezuela, la tentation du coup de force », Le Monde diplomatique, avril 2014
L’extrême violence déclenchée de février à août 2014 a provoqué la mort de quarante-trois personnes — opposants, « chavistes », membres des forces de l’ordre ou même « indifférents » se trouvant au mauvais endroit au mauvais moment — et des centaines de blessés. Menée par un douteux cocktail dans lequel ont été impliqués des membres d’organisations d’extrême droite, des délinquants de droit commun et des paramilitaires colombiens, elle a eu pour conséquence l’arrestation et la détention de M. López, en attente de jugement, et la mise en examen de Mme Machado.
Lire aussi « Internationale socialiste ou les Pieds Nickelés en Amérique latine », Le Monde diplomatique, janvier 2012
Historiquement, l’Internationale socialiste (IS) est liée, au Venezuela, au parti Action démocratique (AD). Lorsque celui-ci, le 27 février 1989, a déclenché une répression sauvage contre une insurrection populaire due à la pauvreté, le « Caracazo » — entre trois cent quarante-sept morts, chiffres officiels, et trois mille victimes, bilan généralement admis —, l’IS a pudiquement détourné les yeux. Lorsque AD a pris une part active dans la tentative de renversement de Chávez, en avril 2002, l’IS, comme M. George W. Bush, l’a appuyé. Si l’on se faisait l’avocat du diable, on pourrait au moins plaider que ces aberrations ont eu lieu « au nom d’une vieille amitié »... Mais l’argument ne tient plus. Tournant le dos à l’ensemble de la gauche latino-américaine qui, toutes tendances confondues, de l’Argentine au Brésil, de l’Equateur à la Bolivie, de l’Uruguay au Nicaragua, a dénoncé la tentative de déstabilisation du Venezuela « bolivarien », l’IS, sous l’auguste présidence du grec George Papandreou, poursuivant sa dérive anti-démocratique et haineuse, vient d’accorder à Volonté populaire, ce 14 décembre, le statut de membre permanent.