«Coupables de trahison ! Passibles de 11 à 17 ans d’emprisonnement ! », affirment les procureurs du tribunal du district de Balikpapan, en Indonésie. Les réquisitions sont lourdes en ce mois de juin 2020. Elles visent sept détenus papous récemment transférés dans la province du Kalimantan oriental, la partie indonésienne de l’île de Bornéo située à l’est de l’archipel. Leur crime ? Avoir participé, organisé pour certains, l’une de ces manifestations monstres pour dénoncer une fois de plus ce racisme anti-papou qui accable la population depuis près de six décennies.
Lire aussi Philippe Pataud Célérier, « Nettoyage ethnique en Papouasie », Le Monde diplomatique, décembre 2019.
Tout est parti de Surabaya. Dans cette ville indonésienne de l’est javanais, quarante-trois étudiants papous sont violemment harcelés par des extrémistes le 16 août 2019. Les forces spéciales d’intervention prennent d’assaut le dortoir des étudiants. En quelques minutes, les Papous se retrouvent gazés, molestés, menottés. En un mot : condamnés, sans autres explications que les injures, pierres et crachats que la foule leur lance tandis qu’ils sont poussés dans les fourgons cellulaires. Pour les forces d’intervention, la culpabilité des étudiants ne fait aucun doute. Reposant moins sur la nature de l’infraction (un drapeau indonésien couché dans le caniveau) que sur l’origine ethnique des étudiants : des Papous, noirs de peau, boycottant la fête annuelle du 17 août qui célèbre la proclamation de l’indépendance de l’Indonésie en 1945, vis à vis des Pays-Bas, après 350 ans de servitude.
Un programme d’indonésianisation
Pour être légitime cette fête nationale a un goût amer. Tout particulièrement pour les Papous. L’ancien colonisé n’est-il pas aujourd’hui leur colonisateur ? La Nouvelle-Guinée Occidentale, terre ancestrale, a été annexée violemment par l’Indonésie le 1er mai 1963. Intégré à l’archipel, leur territoire — divisé depuis en deux provinces indonésiennes (la Papouasie et la Papouasie occidentale) — était soumis à un féroce programme d’indonésianisation nourri par des flux migratoires issus de tout l’archipel. Minoritaires sur leur propre territoire (1), les Papous sont humiliés par ceux là mêmes qui ont pour mission de faire respecter la loi. Comme en témoignent de façon accablante les vidéos prises ce 16 août 2019 autour du dortoir. Parmi cette foule haineuse, en dehors des fondamentalistes de tous poils, nationalistes et religieux, se distinguent les forces de sécurité. On les voit violenter mais aussi injurier, traiter de « porcs » et de « singes » les étudiants papous. De Sabang à Merauke, d’ouest en est de l’archipel indonésien, les images enflamment les réseaux sociaux. La réaction est immédiate. Sans précédent par son ampleur.
Entre le 19 août et le 30 septembre 2019, près de 90 manifestations antiracistes et pacifiques défilent ainsi dans une quarantaine de villes papoues et indonésiennes. « Non nous ne sommes pas des singes ! Non aux discriminations raciales ! Référendum d’autodétermination ! Rendez-nous notre terre natale ! », crient plusieurs dizaines de milliers de manifestants, avant d’être brutalement dispersés, tabassés par la police et les milices civiles. Au total, ces émeutes font, selon les sources (2), une soixantaine de morts (papous et indonésiens), 280 blessés (mais probablement bien au-delà, les hôpitaux étant surveillés par l’armée). Face aux répressions militaires, 22 800 personnes fuient leur maison, environ 40 000 aujourd’hui, parmi lesquelles on dénombre à ce jour plus de 310 victimes, principalement des femmes et des enfants. Sur le millier de militants arrêtés, 115 font l’objet de poursuites judiciaires, 22 sont inculpés de trahison (makar) dont les sept Papous transférés à Balikpapan, une ville située à 2 500 kilomètres de chez eux. Un dépaysement judiciaire officiellement justifié pour des raisons de sécurité et de sérénité des débats. Officieusement pour compliquer la tâche des avocats de la défense et priver les sept prévenus — d’importants dirigeants papous — de tous les soutiens logistiques, familiaux, communautaires et moraux.
Parmi eux, figurent : M. Buchtar Tabuni, président du Parlement national de Papouasie occidentale (National Parliament of West Papua), qui regroupe une trentaine d’organisations promouvant l’unité nationale ; M. Agus Kossay, président du Comité national de Papouasie occidentale (Komite Nasional Papua Barat, KNPB), l’un des mouvements politiques papous les plus influents ; M. Stevanus Itlay, reponsable du KNPB pour la région de Timika ; M. Ferry Gombo, responsable de l’association d’étudiants de la plus grande université publique de Papouasie (Universitas Cenderawasih) ainsi que trois autres militants responsables d’associations étudiantes.
Des avocats menacés
Ce 5 juin 2020 les procureurs réclament 17 ans de prison pour les trois responsables politiques ; onze années pour les quatre leaders étudiants, au nom de l’article 106 du code pénal indonésien (CPI). Ce dernier « punit d’une peine d’emprisonnement à perpétuité ou à vingt ans maximale (…) la trahison commise dans l’intention de soumettre le territoire national entièrement ou partiellement sous domination étrangère ou d’obtenir la séparation d’une partie dudit territoire ». Une définition bien vague qui affranchit l’« infraction pénale de sa matérialité » c’est-à-dire de l’acte lui même. Saisis en 2018, les membres de la Cour constitutionnelle indonésienne ont réaffirmé à l’unanimité que les dispositions relatives au crime de trahison ne contredisent en aucun point les libertés fondamentales défendues par la loi Constitutionnelle. Ils prenaient appui sur l’article 87 du CPI qui rappelle qu’une « intention manifeste » est en soi suffisante pour sanctionner pénalement l’auteur d’une tentative de commettre un crime. Reste à définir ce qu’est une « intention manifeste ». Le fait de défiler dans la rue en arborant les couleurs du drapeau papou sur son torse ? De se réunir librement ? D’exprimer pacifiquement ses opinions politiques ? Autant de situations, d’attitudes, de signes laissés au seul pouvoir d’appréciation des juges. Comme le souligne l’organisation non gouvernementale (ONG) International Coalition for Papua (3), cette très opportune ambiguïté juridique donne aux juges la possibilité de criminaliser la liberté d’expression et de restreindre le champ d’application des libertés individuelles. « L’article 106 du CPI permet aux autorités indonésiennes d’arrêter et de punir toutes personnes se livrant à des activités politiques pacifiques ». Et, complète une juriste indonésienne souhaitant garder l’anonymat, « cela permet de détourner l’attention sur l’objet réel du procès, de renverser l’accusation : ce n’est plus l’État indonésien qui est accusé d’exactions à l’encontre des Papous mais bien les Papous qui sont accusés de porter atteinte à la sécurité de l’État ». Une méthode éprouvée selon la juriste : « Quand les autorités indonésiennes ne peuvent réfuter les preuves qu’on leur oppose, elles tentent de détruire la crédibilité de ceux ou celles qui les apportent ».
Pour les avocats de la défense, l’heure n’est guère à l’optimisme. À proportion des intimidations physiques et des menaces de mort qu’ils subissent. Yuliana Yabansabra et Ganius Wenda, deux jeunes juristes papous, décéderont d’ailleurs l’un et l’autre à quelques semaines d’intervalle cet été 2020, jetant un profond désarroi parmi les avocats (4), chacun ayant en mémoire l’affaire de Munir Said Thalib (1965-2004), célèbre militant des droits de l’homme en Indonésie empoisonné par le BIN, les services secrets indonésiens (5). Ceux-là mêmes qui, aujourd’hui, harcèlent et poursuivent la juriste Veronica Koman. La jeune femme, menacée de viol et de mort pour avoir médiatisé sur les réseaux sociaux l’attaque du dortoir de Surabaya, a été obligée de fuir en Australie. Elle est accusée d’incitation à la haine raciale, de diffusion de fausses informations visant à attiser la haine ethnique. Cette accusation n’est pas sans ironie, le gouvernement indonésien ayant dépensé plus de 300 000 dollars — seulement pour ses interventions sur Facebook — afin de distiller rumeurs et fausses nouvelles en lien avec la Papouasie (6). Une notice rouge a même été demandée à Interpol par les autorités indonésiennes pour obtenir l’extradition de la jeune femme.
Difficile de dénoncer les violations des droits humains en Papouasie. La presse internationale n’est pas admise et les rares journalistes papous qui parviennent encore à exercer leur métier, comme Victor Mambo, rédacteur en chef du site et journal basé à Jayapura Tabloid Jubi, subissent de terribles harcèlements (7). La pandémie complique parallèlement la tache. Les avocats de la défense ne peuvent rencontrer leurs clients, bien qu’aucun protocole sanitaire n’ait été mis en place : la distanciation physique est réservée aux seuls criminels de droit commun, non aux Papous entassés dans des cellules insalubres.
L’exemple américain
Lire aussi Gilbert Achcar, « Comment la pandémie accroît la dépendance des pays pauvres », Le Monde diplomatique, novembre 2020.
Contre toutes attentes, c’est une tragédie surgissant à quinze mille kilomètres de l’archipel qui va susciter un regain d’intérêt inespéré pour le procès de Balikpapan : la mort diffusée en direct sur les écrans du monde entier de Georges Floyd, le 25 mai 2020, Américain noir asphyxié sous les genoux d’un policier blanc. Pour nombre d’observateurs, cette scène n’est pas sans rappeler celle, en juillet 2016, du Papou Obby Kogoya, appelant désespérément à l’aide, la figure écrasée, piétinée, déformée par les policiers indonésiens. Les photos accolées de Floyd et de Kogoya se propagent bientôt sur les réseaux sociaux. Le mot-clic « #BlackLivesMatter » (la vie des noirs compte) se transforme en « #PapuanLivesMatter », relayé par les militants mais aussi par cette frange progressiste de la société indonésienne que révulse un régime politique de plus en plus liberticide sous la toise d’autorités religieuses rigoristes.
Combien de George Floyd papous, tués, violentés autour de cette même date ?
• Marius Betera, battu à mort par la police indonésienne le 16 mai 2020 ;
• Heniko Somau et Alemalek Bagau, soignants, le premier tué, le second gravement blessé par la police le 23 mai 2020 ;
• Justinus Silas Dimara, tué par un canon à eau le 25 mai 2020 ;
• Gerson Son Tabuni, blessé par balles, emprisonné et torturé le 26 mai ;
• Kalep Kilungga arrêté, emprisonné, torturé ce même jour.
Des dizaines d’associations d’étudiants et de lycéens, des syndicats, des acteurs, dénoncent les discriminations raciales. Certains artistes comme le collectif Udeido publie en synergie avec le quotidien national The Jakarta Post l’exposition virtuelle « Tonawi mana » aux seules fins de rappeler aux Indonésiens qui l’ignorent encore (la plus grande majorité) le terrible massacre de Biak resté toujours impuni à ce jour (8).
Mais si les médias grand public s’indignent de l’affaire « Floyd », ils sont plus réticents à dénoncer, dans un même élan solidaire, les violences raciales subies par les Papous. Les minorités sont toujours plus défendables lorsqu’elles résident à l’étranger. D’autant plus quand la sujétion d’un petit nombre (2,5 millions environ de Papous) permet à la plus grande majorité (265 millions d’Indonésiens) d’empocher les dividendes de son indifférence ou de son ignorance. Les provinces papoues (mines d’or, de cuivre, gaz…) rapportent au gouvernement indonésien ses plus forts revenus.
Quoi de commun entre un Afro-américain et un Papou ? Pas grand chose si ce n'est une souffrance analogue ; celle de cet épiderme juste assez noir pour qu'on puisse lui faire la peau en toute impunité.
Pour certains leaders, c’est l’occasion d’agiter plus encore ce concept de négritude. Si le sort des Papous suscite peu d’intérêt au-delà de leur ancrage océanien, celui de leur asservissement en raison de leur couleur de peau, sera, espèrent-ils, un instrument de lutte politique beaucoup plus fédérateur. Quoi de commun entre un Afro-américain et un Papou ? Pas grand chose si ce n’est une souffrance analogue ; celle de cet épiderme juste assez noir pour qu’on puisse lui faire la peau en toute impunité. Des États-Unis à l’Europe, de l’Afrique à la Mélanésie, des médias internationaux (Los Angeles Times, Jeune Afrique, ABC News, Jakarta Post…) suivent ce procès avec attention. Des associations de défense des droits humains, des politologues, des juristes dénoncent la confusion savamment entretenue entre liberté d’expression et acte de trahison (9). Un sentiment partagé par de nombreux citoyens soucieux de ne pas voir l’Indonésie enfourcher une nouvelle fois ses démons dictatoriaux — du temps de Suharto (1967-1998) et de son ordre nouveau — alors même que s’élaborent en toute opacité les futures dispositions liberticides (moralisation de la société indonésienne, criminalisation des insultes envers les plus hautes autorités de l’État…) du nouveau code pénal.
Un verdict injuste mais plus clément qu’annoncé
Devant ces réactions, Jakarta tâtonne, hésite. L’heure est à l’apaisement. Le verdict tombe. Il ne suit pas les réquisitions. Les peines passent de 17 ans à 11 mois et de dix ans à dix mois. Pour les condamnés, cette clémence n’est qu’illusion car elle illustre avant tout un manque flagrant de légalité. Sur quelle base en effet priver le peuple papou de ces droits fondamentaux (liberté d’association, de réunion, d’opinion) que garantissent les articles 28 et suivants de la Constitution indonésienne ? À moins de considérer les Papous comme des citoyens de seconde zone ; ce que semble valider la peine infligée par la Cour militaire, juridiction d’exception, au gradé Fajar. Le sergent a été condamné à seulement 22 mois d’emprisonnement pour sa responsabilité, le 27 mai 2019, dans le meurtre de quatre Papous ; la cinquième victime étant paralysée à vie.
Jakarta avance déjà ses nouveaux pions : elle veut prolonger jusqu’en 2041 la loi d’autonomie spéciale (LAS) du 22 octobre 2001, qui arrive à échéance en 2021. Après avoir divisé le territoire dès 2003 en deux provinces et multiplié par quatre (de 10 à 42) les sous-divisions administratives de ces provinces (les kabupaten ou départements/municipalités), son extension annonce la création de nouvelles provinces. Quatre ? Six ? Huit ? La réponse est pour l’heure bien gardée. Quoi qu’il en soit, cette décision sera encore prise sans que les Papous soient consultés, en contradiction patente avec la LAS définie comme « un droit spécial reconnu et accordé à la province papoue pour régler et gérer, selon sa propre initiative, les intérêts de sa population dans le respect de ses aspirations et de ses droits fondamentaux ».
Pour le gouvernement indonésien, cette prolifération de découpages administratifs (pemekaran) qui se conjugue avec l’arrivée de nouveaux fonctionnaires décentralisés, est conçue comme un antidote au séparatisme papou. Pour les Papous, c’est une source de rivalités accrues qui bouscule les rapports de pouvoir entre groupes ethniques (plus de 270 groupes selon les critères ethnolinguistiques) ou structures lignagères au sein de ces groupes. Chacun tente de s’approprier les postes clefs (gouverneurs locaux) auxquels sont attachés les transferts fiscaux alloués par l’État central. Une manne financière d’autant plus disputée que les gouvernements locaux (selon l’article 4 de la LAS) n’ont aucun pouvoir en matière de relations internationales, de défense, de sécurité, de justice, de politique monétaire et budgétaire.
Recul des cultures vivrières
Mais si la LAS impose de redistribuer plus largement aux Papous les revenus issus des ressources naturelles exploitées sur leur terre (10) — cette redistribution sert le plus souvent des développements économiques qui desservent les premiers concernés. À l’image de l’un des plus ambitieux programmes agraires jamais réalisés, le Merauke Food and Energy Estate (MIFEE), lancé en août 2010 par l’ancien président indonésien Susilo Bambang Yudhoyono (2004-2014). Développé dans la région de Merauke (une province de la Papouasie), ce projet est censé assurer la sécurité alimentaire des populations locales. Sur 930 000 hectares défrichés, près de 93 % des terres sont exploitées pour produire de la pâte à papier (594 000 ha) ou de l’huile de palme (266 000 ha). Les 70 000 ha restant sont quant à eux dédiés à des cultures dites vivrières, comme le riz, en lieu et place du palmier sagoutier dont la moelle, le sagou, composait jusqu’à ces dernières années la base essentielle de leur nutrition quotidienne. La céréale chassant peu à peu l’arbre nourricier, avec des conséquences sur l’écosystème et les modes de vie traditionnels (cueillette et chasse) en osmose avec ce dernier, la survie des Papous tient désormais à leur soumission : avoir un salaire pour se nourrir ; se faire embaucher — et toujours à vil prix —par ceux-là mêmes qui les ont spoliés en transformant leur terre nourricière en cultures d’exportation (huile de palme, pâturages, commerce de grumes…) et qui les affament.
En cette fin d’année 2020, les Papous descendent une fois de plus dans la rue pour protester contre la loi d’autonomie spéciale. « Nous n’en voulons pas ! affirme J., étudiant papou de l’université Cenderawasih de Jayapura. Mais si nous luttons pour redonner de la valeur et du mérite à tout ce qui est dénigré par le pouvoir indonésien, notre combat d’auto-affirmation ne doit pas reléguer au second plan celui de l’autodétermination. Plus que jamais nous devons obtenir un référendum d’autodétermination ; revenir sur cette indépendance qui nous a été volée en 1969 lors de cette mascarade référendaire qui a contraint, par la menace ou l’intimidation, un millier de nos aînés [sur 800 000 Papous] à voter notre rattachement à Jakarta ». Et une fois encore les militaires répondent à balles réelles. Le campus de l’université de Cenderawasih est pris d’assaut. Partout c’est la répression brutale, sauvage, discrète (sans média) avec pour contrepartie l’inéluctable escalade de violences.
Où est la justice ?
Le 19 septembre 2020 le populaire pasteur papou Yerimia Zanambani est lâchement assassiné et sauvagement mutilé par l’armée dans la région d’Hitadipa (département d’Intan Jaya). Le conseil des Églises de Papouasie occidentale dénonce l’assassinat ; condamne fermement l’extension de la LAS qui légitime un « programme de surmilitarisation extrême » conçu non pas pour protéger ses habitants mais pour sécuriser l’accès aux ressources naturelles (or, cuivre, gaz, grumes, huile de palme…). Sur 11 000 habitants de cette région, combien se sont réfugiées dans la forêt depuis ce meurtre ? Le territoire est désormais occupé par les militaires qui ont réquisitionné jusqu’aux écoles pour installer leur quartier général. « Le territoire est libre à présent », commente Benny Giay, le président du conseil des Églises de Papouasie occidentale « pour que la compagnie minière indonésienne PT Antam puisse exploiter le prometteur gisement aurifère de Wabu » (estimé à 248 000 tonnes d’or), situé au nord du sulfureux site de Grasberg, la plus lucrative mine d’or au monde exploitée par Freeport.
Corruption, affairisme, racisme, exécutions sommaires, impunité, la Papouasie est à genoux. « Où est la justice ? Que font les Nations unies ? », tonnent les leaders papous tandis que de nouveaux étudiants sont encore abattus et torturés à mort ces derniers jours (Mathias Suuh, Yakobus Guam, Dimisien Kobak). Des dizaines de Papous sont également arrêtés pour trahison. « Et pour des peines qui seront à coup sûr beaucoup plus lourdes sans l’attention des médias » s’inquiète un correspondant. « “Papuans live matter !” Oui, nous aussi nous méritons de vivre ! Mais combien d’entre nous devront être encore tués pour que nous le méritions enfin ? »