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Œuvres complètes de Gaston Couté

Loin des concerts confinés

par Didier Roy, 28 mai 2020
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Gravure de Jean Lébédeff d’après Jules Grandjouan

Gaston Couté (1880-1911), qui commença très jeune à écrire des poèmes, se fit rapidement connaître dans les cabarets parisiens par ses textes engagés. « J’suis un gâs qu’à mal tourné » chante-t-il. D’emblée, il se place du côté des « en-dehors ». Il a pour eux une réelle tendresse, et réserve aux bourgeois et multiples représentants de l’autorité une détestation sincère.

Anarchiste, il écrivit des chansons pour Le Journal du peuple et Le Libertaire. Mais sa plus longue collaboration, ce sera avec La Guerre Sociale, pour de magnifiques textes dont La Marseillaise des requins, ou encore Berceuse du dormant. Victor Méric, l’un des fondateurs de ce journal, disait de lui : « Que voulez-vous qu’il demeure d’un oiseau qui ne sait que chanter ». Eh bien justement, des chansons, à écouter ou à lire, grâce à ce très beau coffret : deux volumes où l’on trouve tous ses textes, une biographie, des témoignages etc., ainsi qu’un CD d’un choix de ses chansons interprétées par Michel Di Nocera et Nicole Fourcade (1). Un beau travail d’édition, offrant une riche iconographie, mais qui aurait eu parfois besoin d’une correction plus exigeante.

Extraits de la chanson « Le gas qu’a mal tourné » :

À c’tt’ heur’, tous mes copains d’école,
Les ceuss’ qu’appernin l’A B C
Et qu’écoutin les bounn’s paroles,
l’s sont casés, et ben casés !
Gn’en a qui sont clercs de notaire,
D’aut’s qui sont commis épiciers,
D’aut’s qu’a les protections du maire
Pour avouèr un post’ d’empléyé...
Ça s’léss’ viv’ coumm’ moutons en plaine,
Ça sait compter, pas raisounner !
J’pense queuqu’foués... et ça m’fait d’la peine
Moué ! j’sés un gâs qu’a mal tourné !

C’est égal ! Si jamés je r’tourne
Un joure r’prend’ l’air du pat’lin
Ousqu’à mon sujet les langu’s tournent
Qu’ça en est comm’ des rou’s d’moulin,
Eh ben ! I’ faura que j’leu dise
Aux gâs r’tirés ou établis
Qu’a pataugé dans la bêtise,
La bassesse et la crapulerie
Coumm’ des vrais cochons qui pataugent,
Faurâ qu’ j’leu’ dis’ qu’ j’ai pas mis l’nez
Dans la pâté’ sal’ de leu-z-auge...
Et qu’c’est pour ça qu’j’ai mal tourné !…

Didier Roy

(1Œuvres complètes de Gaston Couté, Éditions libertaires, Paris, 2018, 580 pages et 340 pages, plus CD, 50 euros.

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