Foin de cette « mort cérébrale » que le président Macron promettait en 2019 à l’Alliance transatlantique. Envolés les désobligeants « Otan en emporte le vent », « Otan, suspends ton vol »… Voici l’OTAN revigorée, ressuscitée, et en partie réunifiée, retrouvant un ennemi à l’ancienne, nucléaire inclus, en la personne du tsar de toutes les Russies, auréolé de son génial concept « d’opération spéciale » en Ukraine, en passe de bousculer la géopolitique mondiale. Bon petit soldat, la France semble y trouver son compte, délaissant les sables brûlants du Sahel pour regarder vers les montagnes et plaines froides de l’Est.
Rencontre entre les chefs des états major français et américain en Albanie en 2017, notamment consacrée à l’OTAN.
photo cc0 Dominique A. Pineiro
La France et l’OTAN, c’est « je t’aime, moi non plus ». Sans pour autant quitter l’Alliance, le général de Gaulle avait décidé en 1966 la sortie de son commandement militaire intégré, fermant l’état-major de Fontainebleau, la base aérienne de Chateauroux, et une trentaine d’autres installations : les amis américains avaient dû se replier sur… Bruxelles, devenu également siège de l’Union européenne… au prix d’une certaine confusion !
À partir de 1995, sous la présidence de Jacques Chirac, on assiste à un premier rapprochement, qualifié de « retour honteux » par Paul-Marie de la Gorce dans ce journal. Et, sous l’influence de Nicolas Sarkozy, en 2009, à la réintégration pleine et complète dans toutes les institutions de l’OTAN, y compris le commandement intégré — à l’exception du comité des plans nucléaires : plusieurs centaines d’officiers français investissent les états-majors intégrés ; et un des grands commandements, celui de la « Transformation », basé à Norfolk (Virginie-USA), échoit à un général de l’armée de l’air française.
Une évolution initiée par la droite, admise avec plus ou moins de réserves à gauche, mais qui faisait débat, notamment dans les colonnes du Monde diplomatique. Exemple en 2013, lorsque l’ancien ministre des affaires étrangères Hubert Vedrine — qui en 2009 s’était opposé à cet avènement d’une « France atlantiste » — est chargé par le président Hollande d’un rapport sur les conséquences de cette réintégration, expliquant qu’il y aurait plus d’inconvénients à remettre en cause ce retour au bercail atlantique, qu’à l’entériner ; et qu’il vaudra mieux agir de l’intérieur.
Soleil couchant
L’essayiste Régis Debray, ancien conseiller de François Mitterrand, lui adresse une longue « lettre ouverte » dans le « Diplo » de mars 2013, sous le titre : « La France doit quitter l’OTAN » : l’Alliance a doublé d’importance, elle est devenue « sans frontières » ; bien que privée (à l’époque) d’ennemi, la voilà offensive ; l’Amérique regarde ailleurs ; la France, puissance plus que moyenne, et surtout « normalisée et renfrognée », a sauvé son cinéma mais perdu son régalien, son président en étant réduit à « dérouler le tapis rouge devant le PDG de Google », et son armée devant se contenter de l’accès à quelques hauts postes plus ou moins honorifiques dans les états-majors otaniens.
Pour espérer transformer l’Alliance de l’intérieur, estimait Debray, il faudrait des stratèges, des esprits originaux, des moyens, et autre chose qu’une « gouverne à la godille » ou qu’en « découdre dans les sables avec des gueux isolés ». Il n’y a rien à faire, concluait-il, de cette OTAN« inutile parce qu’anachronique, déresponsabilitante et anesthésiante ».
Réplique d’ Hubert Védrine, le mois suivant, sous le titre « L’OTAN est un terrain d’influence pour la France ». Il rend d’abord hommage à cette « belle méditation mélancolique au soleil couchant sur la disparition progressive de la politique étrangère française », sous la plume de son ex-collègue et ami — raison de plus, dit-il, « pour nous inquiéter ensemble de voir les Européens plongés dans un sommeil stratégique, incapables de penser l’histoire réelle qui se fait et se poursuivra pourtant, avec ou sans eux ».
Une nouvelle sortie de la France de l’OTAN ouvrirait, selon l’ancien ministre, une crise aiguë et stérile avec les États-Unis, et plus encore avec tous les Européens, à commencer par l’Allemagne. Au reste, affirmait Védrine, les conséquences positives (influence accrue) ne l’emporteront sur les risques (phagocytage) que si l’on développe sans complexes dans l’OTAN — comme au sein de l’Europe, et sans opposer les deux enceintes — une politique ambitieuse et claire fondée sur une réflexion stratégique propre : « Tu doutes que la France en soit capable (mais alors elle en serait également incapable “dehors”). Je crois qu’elle l’est encore ».
Le détail de ce débat Védrine-Debray, ainsi qu’un retour sur l’histoire, les opérations, les crises de l’organisation transatlantique sont à retrouver dans le Manière de voir n°183 à paraître le 25 mai prochain sous le titre « L’OTAN. Jusqu’où, jusqu’à quand ? ».
Pilier européen
Presque dix ans plus tard, à l’heure de l’invasion de l’Ukraine, alors que les candidats à l’élection présidentielle française les plus à gauche et les plus à droite ont préconisé un retrait du commandement intégré de l’OTAN, Védrine s’est demandé à nouveau : « Sortir de l’OTAN ? Mais quoi faire après ? ». Cela ruinerait, selon lui, toute possibilité d’action ou d’influence. La France ne peut pas s’isoler des États-Unis et de ses partenaires européens. « Même De Gaulle n’a jamais eu l’intention de quitter l’Alliance », a-t-il rappelé au Monde début mars. Son espoir, même s’il sait les Européens divers, sinon divisés : que l’agression russe, qui a provoqué cette spectaculaire « résurrection » de l’OTAN, débouche sur un renforcement du pilier européen au sein de l’Alliance, espoir qu’avait caressé en son temps Sarkozy en décidant du retour au bercail transatlantique.
Si ça n’a pas toujours été le cas sur le plan politique, la France fait figure aujourd’hui de bon élève de l’Alliance sur le plan militaire. Ses armées ont pris très tôt le virage de la langue anglaise. La plupart des matériels, notamment issus des programmes récents, ont dû se plier aux normes de l’organisation — dictées pour l’essentiel par les États-Unis — et sont donc souvent interopérables. Les échanges intensifs des forces françaises avec l’US Navy (le porte-avions nucléaire Charles-de-Gaulle, avec ses homologues américains) et l’US Air force (en matière de ravitaillement, transport, renseignement), qui constituent un partenariat militaire franco-américain déjà ancien, donnent un poids supplémentaire à la France au sein d’une Alliance toujours gouvernée, sur le plan militaire, par Washington.
Présence avancée
Les armées françaises sont de toutes les manœuvres et opérations de « réassurance » de l’OTAN, participant par exemple à la « police du ciel » exercée depuis cinq ans, par roulement, en Estonie et dans les pays baltes, ainsi que plus récemment dans le ciel polonais.
Pour cette année 2022, la France a pris la tête le 1er janvier de la « Force opérationnelle interarmées à haut niveau de préparation » (VJTF) de l’Alliance (1). Elle a mis en alerte, au titre de la réserve stratégique de l’OTAN, l’état-major du corps de réaction rapide de Lille (CRR-Fr) : composé d’un demi-millier de spécialistes, à vocation multinationale, il est projetable sous quelques jours, et peut commander jusqu’à quarante mille soldats de la force de réaction (NRF) de l’OTAN. Si un pays-membre était agressé, c’est cette force qui serait mobilisée en priorité.
L’organisation transatlantique a musclé par ailleurs ses huit bataillons multinationaux déployés depuis les pays baltes au nord jusqu’à la Roumanie au sud. Pour sa part, outre des troupes au sol en Estonie, la France a pris la responsabilité de la « présence avancée » (Enhance forward presence) en Roumanie, pays frontalier de l’Ukraine, en mettant sur pied un bataillon franco-belge, avec des véhicules blindés, qui est destiné à accueillir d’autres contingents. Alors que les relations de Paris avec le Mali ne cessent de se dégrader, sur fond de concurrence franco-russe, la Roumanie fait donc figure de nouveau théâtre d’opération de l’armée française.
En ces temps de guerre régionale européenne, et de menace d’extension sur tout le continent, avec déjà des conséquences à l’échelle mondiale, il n’est plus très bien vu de prôner une baisse des budgets des armées, une sortie totale ou partielle de l’OTAN, ou de dire du mal de l’industrie de l’armement. Depuis plus d’un an, les chefs militaires français anticipaient un durcissement des conflits et des engagements, avec un retour des affrontements entre États, voire entre grandes puissances — ce qu’ils appellent les combats de « haute intensité ». « Grâce » à l’initiative intempestive de M. Poutine, on y est.
On ne reviendra pas sur le détail des mesures
préconisées par les députés Patricia Mirallès et Jean-Louis Thiériot, auteurs d’un rapport récent sur la question, déjà analysées sur ce blog,, mesures qui pourraient permettre à l’ensemble des armées françaises (terre, air, espace, mer), encore trop « échantillonnaires » de faire face à une série d’enjeux nouveaux : les députés estiment qu’il faut aller au-delà du maintien de la trajectoire financière prévue par la loi de programmation militaire (LPM) 2019-2025. Bien exécutée jusqu’ici, avec une progression sensible chaque année] des crédits, qui permettent un renouvellement des grands équipements et la poursuite des recrutements dans les secteurs sensibles du renseignement, cyber, ou espace (2), elle devrait atteindre les 50 milliards en 2025, fin de la LPM actuelle, si du moins la trajectoire est bien maintenue. Mais le franchissement des marches à 3,5 milliards d’euros, prévues à partir de 2023, notamment pour moderniser l’appareil de dissuasion nucléaire, est en fait « un minimum », et il faudra poursuivre l’effort au-delà de 2025 : la future LPM devra, selon eux, être encore plus ambitieuse.
Le rapport publié le 11 mai par la Cour des comptes sur l’exécution de l’actuelle LPM vient cependant doucher ces plans. Sa publication, prévue initialement en mars, avait été retardée pour tenir compte de l’invasion de l’Ukraine, et adoucir sans doute ses préconisations. L’instance estime en effet que le gouvernement, engagé dans un processus de réduction de son déficit (actuellement de 6,5 %), devra faire des choix, avec des « arbitrages difficiles avec d’autres dépenses publiques ». Elle conseille par exemple de se désengager de l’opération de sécurisation Sentinelle ; et d’élargir le champ des coopérations opérationnelles avec des partenaires européens.
Modèle obsolète
Déjà, le 29 mars, dans une tribune au Monde, le rapporteur spécial des crédits défense à l’Assemblée nationale, François Cornut-Gentille (Les Républicains), avait alerté sur la « triple impasse » où se trouverait le secteur de la défense en France, avec un « modèle d’armée soit-disant complet » qui se révèle surtout « obsolète ». Déjà difficilement finançable en ces temps post-Covid et « gilets jaunes », le budget défense l’est encore plus dans le contexte actuel de guerre en Europe. Or cet effort est « très en dessous de ce qu’il conviendrait de faire pour dissuader (ou combattre) un éventuel agresseur », soutient ce parlementaire très au fait des questions militaires. Il regrette que le risque de dépréciation accélérée des grands équipements en cours de renouvellement — la dissuasion, le porte-avions — ou même des grands projets européens (Eurodrone, SCAF-système de combat aérien du futur) ne soit pas évalué et débattu : « Certains pourraient être déjà dépassés, avant même d’avoir vu le jour ».
Tous ces moyens vont manquer pour rattraper les retards accumulés dans des domaines comme le spatial et l’hypersonique. Le tout au moment où l’Allemagne voisine décide de porter rapidement son effort de défense à 2 % de son PIB, ce qui signifie à terme un budget de 70 milliards d’euros, lorsque celui de la France se situera plutôt aux alentours de 50 milliards : « Un nouveau rapport de force qui change tout », estime Cornut-Gentille, qui dans un entretien à l’Express le 5 mai dernier, rappelle que, de l’aveu même des chefs militaires, les forces françaises ne pourraient soutenir sur la durée un conflit de haute intensité : elles sont conçues pour des guerres asymétriques, où l’adversaire ne dispose pas du même niveau technologique : « Cela est vrai au Sahel, mais ne le serait pas en Europe », où le conflit actuel en Ukraine confirme par exemple le rôle primordial de l’artillerie et des drones — deux domaines dans lesquels l’armée française est notoirement sous-équipée.
Philippe Leymarie
(1) Ce commandement opérationnel, créé en 2014 à la suite de l’annexion de la Crimée par la Russie, est assuré à tour de rôle chaque année par un nouveau membre de l’OTAN, la Turquie en 2021, la Pologne en 2020, l’Allemagne en 2019.
(2) La mission défense, qui représente 10,5 % du budget annuel de l’État, est de 40,9 milliards d’euros pour 2022 (en progression de 22 % par rapport à 2017
Le monde de la défense et de la sécurité s’occupe de plus en plus de nous. Pourquoi ne pas s’occuper de lui ?
Philippe Leymarie, collaborateur du Monde diplomatique, a été chargé des questions africaines et de défense sur Radio-France internationale (RFI). Il est l’auteur, avec Thierry Perret, des 100 Clés de l’Afrique (Hachette littérature, 2006).
Bonjour M. Leymarie
Votre article, dont le thème est la remise à flot de l’OTAN et de ses vols de territoire et de souveraineté pour le compte d’un empire qui ne veut pas dire son nom mais dont les contours s’affirment toujours davantage sans plus de dissimulation, votre article donc, en son préambule, contient une bien étrange expression que l’on s’attendrait davantage à trouver dans les colonnes du Monde ou les reportages d’ARTE, tous plus soucieux de plaire à une clientèle abreuvée de propagande et qu’il s’agit surtout de ne pas choquer dans ses « convictions », que sous votre plume et dans le Monde diplo : « tsar de toutes les Russies ». On peut s’en étonner de la part de quelqu’un d’aussi attentif à l’actualité. Auriez-vous oublié que les tzars ont été renversés en Russie en 1917 ? Vous permettiez-vous de traiter de « Kaïser » Mme Merkel qui remplit pas moins de quatre mandats ?
Que M. Poutine ne soit pas dans vos petits papiers, rien à dire à cela, chacun étant libre de ses opinions et celle-ci présentant au moins l’avantage de ne pas vous faire taxer de dissident du consensus général si largement appuyé par la propagande en vogue. Mais qu’à l’occasion de cette réactivation si opportune de l’OTAN, il en soit ici, incidemment, tenu pour le responsable, cela mériterait au moins une explication.
L’OTAN est en effet une arme pointée contre « tout » nationalisme, et, plus particulièrement, Ô hasard, contre le nationalisme russe, dont M. Poutine est en effet le fer de lance. M. Poutine n’a donc aucun droit de l’être, puisque les intérêts mercantiles occidentaux en ont ainsi décidé, mais l’Ukraine, quant à elle, en a parfaitement la légitimité !... Une légitimité qu’elle appuie d’ailleurs sur des milices dites « ultra-nationalistes », aux mœurs étranges qui ne semblent guère troubler nos pieuses démocraties ... Ici le nationalisme peut bien lever allègrement le bras droit, il ne saurait être traité de tzariste, ni même, surtout - ce qui serait davantage de circonstance - de pro-nazi.
Tout cela est très bien connu et parfaitement documenté. Nous aurions apprécié qu’au lieu de clichés convenus, nous ayons droit à une analyse sur les faits et les raisons qui président à ce que la France arme et forme de telles milices, sur notre territoire et avec notre argent, quand, par ailleurs, un cinéma d’envergure aura prétendu bouter « le fascisme » hors de France pour permettre la Renaissance (!) de la République au Marché ...
Bernard SAUVY
(20 mai 2022 @15h08)
:
Pas un mot sur ce préconisait G. Kennan au sujet de l’extension militaire de l’occident sur les frointières de l’URSS/Russie. Ni ce qu’ecrivait Le Monde en 2014 sur le fait que Kroutchev avait par un simple décret refilé le Crimée à l’Ukraine dont elle n’a jamais fait partie.Que les sanctions ont fait repartir l’agriculture en Russie, alors qu’elle péréclitait etc... Et pour en revenir au passé la Russie a eu son pays dévasté et entre 25 & 30 m de morts lors de la WWII, les USA 4 cent mille et un pays intact qui a multiplié par plus de 4 son PNB pendant ce conflit Et la guerre finie fallait bien continuer à vendre des armes d’où l’LOTAN ce que prévoyait Eisenhower . Depuis la fin de la 2 e guerre les USA ont fait des guerres partout sur la planète : un génocide au Vietnam 5 m de morts et un pays empoisonné. Operation Ajax en Iran, destructioin de l’Irak . Soutien des dictateurs en Amerique latine Afghanistan dernier en date famine programmée par Biden etc et il ya 24 h Bush veritable criminel de guerre confond Irak et Ukraine : ’’https://www.newsweek.com/george-w-bush-confuses-ukraine-iraq-calls-it-unjustified-invasion-1708004#:~:text=Former%20President%20G’’ Etc on pourrait continuer avec le soutient à Israël , la guerre économique pour ruiner Vénezuela, Iran Corée du N... Et les européens soutiennent ça.........!
Thierry DUPUY
(21 mai 2022 @21h14)
:
Je suis heureux de partager les vue des commentaires de « jgn » et de « SAUVY », mais je suis triste en découvrant les fautes de français qui ponctuent ces deux textes. Les rares critiques de la pensée dominante libérale dominée par l’hégémonie américaine personnifiée par l’OTAN, sont rendues ici peu crédibles par les fautes d’orthographes. Le lecteur peut se dire en les lisant, ces personnes critiquent un honorable journaliste et son point de vue, mais elle semblent incapable le le faire en s’exprimant un français correct, du coup elles ne sont plus crédibles.
Le réveil de l’OTAN signifie, malheureusement, aujourd’hui la fin du rêve d’une EURASIE, sociale, prospère, pacifique, indépendante et unie dans ses nouveaux protocoles de défense qui restaient à définir. Vaste plaque continentale s’étendant de l’océan atlantique à l’océan pacifique, englobant l’Europe, la Russie, la Chine, plus les pays du moyen-orient. Ce réveil de l’OTAN semble aussi une nouvelle étape dans la volonté inéluctable des Etats Unis d’Amérique de détruire la prospérité retrouvée d’une Chine communiste en regroupant les nations d’Europe libérale sous une bannière belliciste fédérant les états contre la volonté des peuples.
Laurent
(22 mai 2022 @17h17)
:
La place de la France est dans l’Alliance
Depuis la débâcle de 1870, on en revient toujours au même. Seule, la France doit se soumettre. Soumise, elle se retrouve seule. Le Gaullisme, c’est la prise en compte de cette contingence : pour exister, être un allié fiable d’abord. Trop souvent les prétendus partisans de l’autonomie complète en matière de défense sont les idiots utiles des dictateurs et les complices de la défaite . Il y a la une forme de traîtrise, sinon envers la Nation, au moins envers l’Histoire
Trisktan
(23 mai 2022 @15h45)
:
@jgn
retrouvant un ennemi à l’ancienne, nucléaire inclus, en la personne du tsar de toutes les Russies, auréolé de son génial concept « d’opération spéciale » en Ukraine, en passe de bousculer la géopolitique mondiale.
Franchement, je trouve l’ironie de cette phrase parfaite, quoi de mieux, que d’en ressusciter un des morts, pour incarner, un ennemi à l’ancienne ? Et pis, pour ceux qui viennent d’un pays, qui a connu « les événements d’Algérie », le concept « d’opération spéciale », devrait faire sourire, non ? Kaiser, par contre, je trouve que ça fait vraiment méchante, celui là, était vraiment un ennemi de La France, par contre, un tsar de toutes les Russies, ça peut presque être affectueux, ils étaient souvent, francophiles.
Marco
(23 mai 2022 @16h30)
:
« Voici l’OTAN revigorée, ressuscitée, et en partie réunifiée, retrouvant un ennemi à l’ancienne, nucléaire inclus, en la personne du tsar de toutes les Russies, auréolé de son génial concept « d’opération spéciale » en Ukraine, en passe de bousculer la géopolitique mondiale. »
Cet ennemi « à l’ancienne », en réalité l’OTAN ne l’avait jamais perdu même s’il y eut, après la fin de la guerre froide, une courte période de partenariat . C’est même sa raison d’être : empêcher que la Russie redevienne une grande puissance capable de contester l’hégémonie américaine en Europe et dans le monde.
Quant au « tsar de toutes les Russies », il ne fait que poursuivre la reconquête territoriale entamée en 2014 avec le rattachement de la Crimée et le soutien apporté aux deux républiques populaires sécessionnistes du Donbass dont il a reconnu officiellement l’indépendance à la veille du lancement de son « opération spéciale ». Il est en passe de réaliser ses objectifs stratégiques en dépit du soutien massif apporté par l’OTAN à l’Ukraine pour faire échouer son entreprise.
Si l’OTAN veut éviter de subir à terme une défaite stratégique majeure sur le terrain ukrainien, elle n’aura pas d’autre choix que d’intervenir directement dans le conflit ce qui le fera changer de nature.
Quant à la France, gageons qu’elle suivra docilement le « grand-frère » américain dans sa politique anti-russe comme le bon toutou soumis qu’elle a toujours été (en dehors de la parenthèse gaulliste).
Ph. Arnaud
(25 mai 2022 @15h11)
:
• Il est à craindre que « les arbitrages difficiles avec d’autres dépenses publiques » (comme on le dit pudiquement) ne se fassent pas seulement au détriment des opérations militaires dans le Sahel, mais aussi des budgets civils : la santé, l’éducation, les retraites, les infrastructures (ponts, tunnels, routes, chemins de fer), etc.
• On peut parier que la guerre en Ukraine servira d’inépuisable prétexte pour justifier toutes les coupes à la tronçonneuse dans les programmes sociaux : il n’y aura pas assez d’argent pour maintenir un hôpital local ou refaire une route, mais assez pour fabriquer des Rafale ou des canons Caesar...
Ph. Arnaud
(25 mai 2022 @23h15)
:
• Depuis la création de l’OTAN, en 1949, se sont succédé 15 secrétaires généraux, tous européens. Parmi eux, on compte un Allemand, deux Belges, un Espagnol, trois Italiens et trois Néerlandais. Pourquoi me suis-je arrêté sur ces cinq nationalités, plutôt que sur les trois autres (un Danois, un Norvégien et trois Britanniques) ?
• Parce que je me suis aperçu que la distribution de ces nationalités (les deux tiers du total) ressemble curieusement à celle d’une autre institution multinationale, d’un genre complètement différent : les jésuites. Depuis leur création, en 1541, les jésuites ont connu 30 supérieurs généraux et les « nationalités » (notion à prendre avec précaution car n’ayant guère de sens avant le XIXe siècle) mentionnées ci-dessus en ont compté 26, soit 87 % du total. Et, dans un cas comme dans l’autre, on ne trouve aucun Français.
• En essayant de ne pas forcer le trait, j’ai essayé de voir en quoi ces deux entités se ressemblaient :
• Elles ont toutes les deux été multinationales dès le début (on a eu des jésuites dans tous les pays catholiques),
• Elles ont été créées pour lutter contre : contre les protestants pour les jésuites, contre l’URSS et le communisme pour l’OTAN,
• Elles ont été réputées être un instrument au service d’une entité supérieure : la papauté pour les jésuites, les Etats-Unis pour l’OTAN,
• Elles ont eu une vocation multiple et internationale : les jésuites ont eu à la fois une vocation d’enseignants, de confesseurs et de missionnaires ; l’OTAN a eu une vocation de doublage, voire d’intégration dans la CEE (il est né avant elle et nombre de pays de la CEE sont aussi membres de l’OTAN) et, après la fin de l’URSS, a élargi son rayon d’action à l’Afghanistan, à la Libye et a passé des accords militaires avec beaucoup d’autres pays.
• L’OTAN a été menacé dans son existence par un président (Donald Trump) du pays qui l’avait créée, de même que l’ordre des jésuites a été supprimé par le pape Clément XIV, auxquels les jésuites étaient pourtant censés obéir perinde ac cadaver...
Ph. Arnaud
(27 mai 2022 @14h33)
:
A Trisktan
• Je me permets (en espérant que vous voudrez bien m’accorder votre autorisation a posteriori...), d’ajouter quelques précisions à votre message :
1. Le « Tsar » et le « Kaiser », c’est la même chose. Les deux termes sont issus l’un et l’autre du latin « Caesar », dérivé du mot « César », qui, bien entendu, veut dire « empereur ». Le mot est d’ailleurs traduit par « császár » en hongrois.
2. Le « Kaiser », donc, dans l’espace germanophone, est l’empereur de diverses entités : le Saint-Empire romain germanique (de 962 à 1806), l’empire d’Autriche (de 1804 à 1867), l’empire d’Autriche-Hongrie (de 1867 à 1918) et, enfin, l’empire wilhelmien, créé par Bismarck, de 1871 à 1918. Les empereurs Frédéric Barberousse et Charles Quint étaient donc des « Kaiser », tout aussi bien que leurs lointains « successeurs », François-Joseph d’Autriche-Hongrie et Guillaume II, dernier souverain Hohenzollern de l’Allemagne. Or, dans l’esprit des Français qui ont quelques souvenirs, le terme « le Kaiser », évoque immanquablement la seule image de ce dernier, caricaturé avec ses moustaches en croc...
3. Les tsars bien vus de l’opinion françaises n’ont été que les deux derniers : Alexandre III et son fils Nicolas II. Mais il a fallu pour cela attendre 1892 et la signature de l’alliance franco-russe, qui mettait fin à plus de vingt ans d’alliances germano-austro-russes concoctées par Bismarck pour parer à la volonté de revanche de la France. En effet, jusqu’à ce moment, le tsar, dans l’opinion française, était considéré comme un autocrate, tyran de son peuple et de plusieurs peuples européens, dont il réprimait les révoltes (la Pologne, en 1830 et 1861, la Hongrie, en 1849). Les tsars n’ont été populaires auprès des Français que de 1892 à 1917.
4. Autre rapprochement entre l’Allemagne et la Russie : je me suis aperçu que, de 1762 à 1917, tous les tsars de Russie ont été Allemands. Ou, pour être plus précis : à partir de Pierre III, ils ont tous eu une mère allemande et une épouse allemande, issues de petites maisons princières. [Cela, au demeurant, ne leur est pas propre, toutes les maisons royales d’Europe sont dans le même cas, à commencer par la maison d’Angleterre, mais, pour les tsars de Russie, c’est plus systématique].
5. Ce tropisme allemand pour la Russie (ou l’inverse) se manifeste aussi par l’existence de militaires aux noms de Benckendorff, Bennigsen, Buxhoeweden, Diebitsch, Essen, Helfreich, Lieven, Lüders, Pahlen, Münnich, Steinheil, Wintzingerode, Wittgenstein, etc., qui, en dépit de la sonorité allemande de leur patronyme, n’en étaient pas moins des hauts gradés russes, du fait de leur origine germano-balte. Il est possible que cela ait nourri, chez certains Allemands, l’idée qu’ils pouvaient tout naturellement commander les Russes. Et qu’à l’inverse ceux-ci aient cherché des modèles militaires auprès des Allemands, à deux moments forts de l’histoire de ces derniers : auprès de Frédéric II de Prusse, puis de Moltke et Roon, après la guerre de 1870. Peut-être, depuis cette époque, les Allemands en ont-ils conçu - et nourri - un sentiment de supériorité à l’égard de leurs grands voisins de l’est.
Miguel
(27 mai 2022 @19h48)
:
L Arménie piégée entre l Otan et l Otsc
Le pauvre peuple du Nagorny Karabakh est pris en otage dans la nouvelle guerre froide entre la Russie et les États-Unis, son alliance avec le Kremlin va encore plus permettre de stigmatiser une nation depecee. Et, ce n est pas fini, la dictature azerie Erdogan et l allié Pakistanais visent le Syunik et encore d autres territoires. Un ressortissant géorgien m a clairement dit que « Armenia is Alone ».
habsb
(27 mai 2022 @23h06)
:
PHARNAUD
Si la France n’a pas été choisie pour présider l’OTAN ou l’ordre des jésuites, c’est parce que ces deux organisations demandent à ses membres une qualité bien précise : la loyauté.
Or, si tous connaissent l’esprit frondeur du Général envers l’OTAN et ceux qu’il appelait de façon vaguement offensive « anglosaxons », moins de monde connait l’incroyable « impie trahison » de la France envers le monde chrétien, qui se concrétisa en 1536 (cinq ans avant la fondation de l’ordre des jésuites) avec l’alliance franco-turque.
Cette alliance fut tout de suite mise à profit pour attaquer les pacifiques républiques italiennes dans les guerres impérialistes de François I, puis perdura même sous la révolution, jusqu’à ce que la folie de grandeur de Bonaparte réussisse à gâcher aussi cet atout français, en agressant les Turques en Egypte, malgré l’alliance signée. Cela montra encore une fois, malheureusement le caractère déloyal et opportuniste de notre peuple, ou du moins de ses souverains.
patt8
(28 mai 2022 @12h35)
:
Je cite :
« Bon petit soldat, la France semble y trouver son compte, délaissant les sables brûlants du Sahel pour regarder vers les montagnes et plaines froides de l’Est. »
Bien sur. « La France » est super heureuse de l’ attaque russe contre l’ Ukraine. çà nous met en joie !!!
Moi, comme l’immense majorité des français, je m’en cogne un peu de l’OTAN, çà m’ empeche pas de dormir. Pour le reste, mieux vaut avoir des alliances que de se retrouver isolé. Moi, je serais plutot partisan d’ une défense européenne, mais, par contre, ça a un cout. Et les allemands pour exemple, préfèraient se mettre dans l’ OTAN, et avoir un bouclier extérieur, et faire de grosses économies sur le budget militaire ; et ça fait autant de moins d’impots.
Maintenant, est ce que si l’ OTAN n’ avait pas existé, Poutine n’ aurait pas attaqué l’ Ukraine ?
Excusez moi, mais j’ ai de sérieux doutes que l’existance de l’OTAN soit la cause de l’ attaqure contre l’Ukraine.
Quand a Poutine, c’ est un autocrate, pas loin du dictateur, et se lancer dans une comparaison Poutine Merkel en se demandant s’il ne seait pas possible de les mettre sur le meme plan...
A ce que je sache, Merkel n’ empoisonne pas et n’ emprisonne pas ses opposants, et les laisse libre de s’exprimer. Si certains ici ne voit pas la différence que ça fait...
Ph. Arnaud
(28 mai 2022 @12h45)
:
• La création de l’OTAN, en 1949, n’est que la dernière des modalités de l’agression de la Russie, de la part des Occidentaux (Européens de l’ouest et Américains), depuis 1918.
• La première avait été l’intervention dans la guerre civile russe, de 1918 à 1922, aux côtés des Blancs. Alors que les pauvres soldats européens étaient exténués par quatre ans d’une guerre meurtrière, leurs classes dominantes ne trouvèrent rien de plus utile que de les expédier se faire tuer pour rétablir le pouvoir des classes dominantes russes dépossédées (les Russes y déplorèrent 4,5 millions de morts, plus que lors de la guerre de 14...).
[Cette « solidarité » des classes possédantes, par delà les frontières n’était d’ailleurs pas inédite : elle s’était déjà manifestée à l’occasion des guerres hussites (1420-1434) lorsque l’Empereur Sigismond rassembla une coalition destinée à briser ces gueux qui avaient osé s’en prendre à l’Eglise catholique. Il se passa d’ailleurs la même chose, en 1516, lors de la révolte de Dosza, en Hongrie, et, dix ans plus tard, en Allemagne, lors de la guerre des Paysans : ceux-ci furent, entre autres, massacrés par le duc de Lorraine. Enfin, l’exemple le plus connu est l’agression des puissances d’Ancien Régime, en 1792, contre la France révolutionnaire].
• La deuxième est le refus obstiné, par les Français et les Anglais, dans les années 1930, des propositions d’alliance de Staline, leur passivité face au coup d’Etat nationaliste en Espagne, la scandaleuse complaisance des Polonais envers l’Allemagne, les penchants honteux des Occidentaux (Prescott Bush, Lindbergh, Edouard VIII, Henry Ford, dont Hitler avait un portrait dans son bureau) envers Hitler. Et la déclaration cynique de Harry Truman, alors vice-président, qui avait déclaré : « Si nous voyons que l’Allemagne gagne, nous devons aider la Russie, mais si c’est la Russie qui gagne, nous devons aider l’Allemagne, afin qu’ils s’entretuent au maximum ».
• La troisième est la création de l’OTAN, en 1949, alors que l’URSS, exsangue, ne représentait aucun danger militaire (pour autant, d’ailleurs, qu’elle en eût jamais représenté un...) pour l’Europe de l’Ouest, qu’elle avait réduit son armée de 11,6 millions d’hommes à 2,9 millions), qu’elle n’avait pas la bombe atomique, et que les « hérauts du monde libre » avaient maintenu au pouvoir Franco et Salazar et écrasé les maquisards communistes grecs lors de la guerre civile de 1946 à 1949 (avec l’aide des anciens collaborateurs grecs, comme si, en 1947, en France, les grèves de 1947 avaient été réprimées avec l’aide des anciens de la Milice sortis de prison...).
• La quatrième est le maintien scandaleux, en 1991, de l’OTAN, alors que la Russie, Etat successeur de l’URSS, avait vu sa population divisée par deux, sa superficie amputée d’un quart, et qu’elle avait perdu toutes ses côtes utiles, en Baltique et en mer Noire. Comme si la France était réduite à 34 millions d’habitants et avait perdu les régions PACA, Occitanie et Pays de Loire... En plus, la mortalité avait augmenté en Russie (par l’alcoolisme et les suicides), la natalité s’était effondrée et la production industrielle avait chuté drastiquement. Et le système idéologique concurrent du capitalisme avait disparu. Quel danger représentait la Russie ? Aucun. Le maintien de l’OTAN n’était qu’un signe d’agression et d’hostilité...
JOSE
(31 mai 2022 @05h46)
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La domination américaine va se perenniser
L invasion de l Ukraine par la Russie va pérenniser l hégémonie u.s sur le Vieux Continent,puisque le gaz de schiste des États-Unis va remplacer les hydrocarbures russes-hormis la Hongrie. Et on voit les limites de la poussée de Poutine dans l ex espace Soviétique, l ex armée russe a déjà perdu 15.000 soldats en Ukraine, autant qu en dix ans en Afghanistan, et l Ossetie du Sud en Géorgie à renonce à l organisation d un référendum sur le rattachement à la Fédération de Russie-cad l Ossetie du Nord-. Toutefois, il est certain que quand la République populaire de Chine voudra récupérer Taiwan, ce sera une toute autre histoire...
Ph. Arnaud
(10 juin 2022 @14h13)
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A patt8
• Vous dites : "Maintenant, est ce que si l’ OTAN n’ avait pas existé, Poutine n’aurait pas attaqué l’Ukraine ? Excusez moi, mais j’ ai de sérieux doutes que l’existence de l’OTAN soit la cause de l’ attaque contre l’Ukraine.« - Laissez tomber vos doutes et écoutez le podcast du Monde diplomatique de mai 2022, intitulé »Les Occidentaux ont-ils promis à la Russie que l’OTAN ne s’étendrait pas vers l’Est ?"..
• Vous dites aussi : « Quant à Poutine, c’est un autocrate, pas loin du dictateur... », à quoi l’on peut répondre :
1. Qu’il n’existe pas de lien nécessaire entre le caractère autocratique d’un régime et son agressivité extérieure. Nombre de régimes odieux à l’égard de leur peuple n’ont pas eu de politique étrangère agressive : le régime franquiste en Espagne, celui des Khmers rouges au Cambodge, celui des Hutus au Rwanda, etc.
2. Qu’à l’inverse, les pays d’Europe de l’ouest et les Etats-Unis, formellement démocratiques, sont néanmoins les pays qui, depuis 1945, ont le plus agressé de pays, soit directement, en envoyant leur armée, soit indirectement, en fomentant des putschs, des complots, des blocus, des sanctions économiques, des tentatives de déstabilisation financière. Voyez par exemple ce que les Etats-Unis infligent à Cuba depuis 1959, de manière aussi injustifiée qu’illégale et illégitime. Voyez ce qu’ils ont fait font, avec tout aussi peu de fondement, au Venezuela, à l’Iran, à la Corée du Nord, au Hamas, au Hezbollah, au Vietnam, à l’Irak - liste non exhaustive...
3. Que les Américains et les Européens de l’ouest se satisfont pleinement des pires dictatures, dès lors que celles-ci protègent leurs intérêts stratégiques (Arabie saoudite, Egypte de Moubarak ou de Sissi, Zaïre de Mobutu...), ou qu’elles veillent à la préservation des riches, des grandes entreprises et de la propriété privée des moyens de production en massacrant les communistes, les syndicalistes et les militants de gauche (Indonésie de Suharto, Chili de Pinochet, Argentine de Videla, Brésil de Castelo Branco, Grèce des colonels...).
patt8
(10 juin 2022 @18h03)
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@Ph Arnaud.
Moi, je vais vous dire ; j’ignore complètement comment ce conflit va se terminer.
Une des possibilités, est que l’on considere « territoire conquis » par la Russie, l’est de l’Ukraine.
(Sinon, je ne vois pas trop, il faudrait soit repousser les russes hors des frontières de l’ Ukraine, soit que les russes se retirent d’ eux memes, : ce que j’ai un peu de mal à imaginer. )
Mais dans ce cas, ou l’on considérerait l’est de l’Ukraine, comme « gagné par la Russie », et désormais « territoires russes » moi, je pense que le reste de l’Ukraine fera bien de rejoindre l’ OTAN.
Parce que, quelles garanties l’Ukraine pourrait bien y avoir que dans 5 ans, 10 ans , la Russie ne revienne pas à la charge pour s’ emparer du reste de l’Ukraine. Avec poutine, ou le successeur de poutine.
Barthélémy
(15 juin 2022 @17h30)
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Bonjour ,
Au delà de ce sujet d’enlisement et de guerres sournoises otaniennes, je suis surpris de ne voir aucun article sur les élections en France, celles des députés en particulier sur les blog du Diplo. Il y pourtant bien des choses à commenter sur les programmes proposés.
Merci.
Ph. Arnaud
(16 juin 2022 @14h27)
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A Patt8
• Je vous rejoins sur le point que vous relevez : j’ignore aussi comment (et certainement la plupart de nos contemporains l’ignorent également) ce conflit va se terminer, ce qui dépend, pour une part, de sa durée. Je vous soumets donc quelques réflexions :
1. Les buts de guerre des belligérants peuvent varier fortement au cours des hostilités. Il est possible, comme vous le dites, que la Russie annexe l’est de l’Ukraine (le Donbass), plus une grande partie - voire la totalité - du littoral ukrainien de la mer Noire, pour couper à l’Ukraine tout lien maritime avec les pays de l’OTAN.
2. Cette annexion se justifierait par les sacrifices consentis et la nécessité de compliquer une éventuelle guerre de revanche de l’Ukraine. Comme l’Allemagne, en 1871, qui confisqua à la France l’Alsace et la Moselle, d’une part en compensation de ses 51 000 soldats morts et, d’autre part, pour se ménager une profondeur stratégique devant le Bade et le Wurtemberg. Or, vu les pertes subies par les Russes depuis le 24 février, il est inenvisageable qu’ils sortent de cette guerre sans chercher un gain (à supposer, bien entendu, qu’ils l’emportent).
3. Je serais étonné, en revanche, que la Russie accepte que ce qu’il restera de l’Ukraine adhère à l’OTAN, puisque c’est une des raisons (sinon la raison principale) pour lesquelles la Russie a attaqué le 24 février ! La Russie a annexé la Crimée pour ne pas courir le risque de voir des navires américains se servir de Sébastopol comme port d’attache. Je la vois difficilement accepter que des F-35, des B-2 ou des missiles de croisière s’installent à Kiev ou à Kharkiv, à proximité de ses frontières.
4. Cette guerre n’est qu’en apparence un conflit bilatéral russo-ukrainien. De même que la guerre d’Espagne, de 1936 à 1939, fut en apparence une guerre civile mais, en réalité, une guerre entre les dictatures de droite (allemande et italienne) et les démocraties européennes par Espagnols interposés, la présente guerre est, en réalité, une guerre entre l’OTAN et la Russie par Ukrainiens interposés. On le voit bien : les membres de l’OTAN se comportent comme des belligérants de fait. Ils imposent de lourdes sanctions économiques, financières et judiciaires à la Russie, ils lui livrent des armes lourdes, ils entraînent ses soldats (depuis des années déjà) au maniement des armes occidentales, ils l’aident à repérer ses objectifs (le croiseur Moskva, par exemple), pour mieux les frapper.
5. La présentation de l’assistance à l’Ukraine comme l’aide à un pays faible illégalement (et illégitimement) agressé n’est qu’un faux semblant : depuis des années, au Yémen, l’Arabie saoudite agresse un pays voisin et ces mêmes Occidentaux non seulement n’aident pas les Yéménites mais, de surcroît, livrent à l’agresseur saoudien les mêmes armes (par exemple les canons Caesar) qu’ils se targuent de livrer à l’Ukraine...